Le Parti conservateur se démarque, en environnement : il est le seul parti, parmi les principales formations politiques, qui ne répond à aucune des attentes d’une vaste coalition d’organisations environnementales canadiennes. À l’opposé, les autres partis promettent essentiellement tous des mesures aux enjeux qui préoccupent les environnementalistes. Résumé.

Plan climatique

S’ils sont élus, les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes et les verts s’engagent à légiférer pour adopter un plan climatique cohérent avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Ils promettent également que leur plan décrira « clairement et avec précision » les mesures à adopter pour y parvenir. Il s’agit là des deux premières questions abordées dans le questionnaire envoyé aux principales formations politiques par une coalition d’organisations non gouvernementales qui ont ciblé les enjeux « prioritaires » en environnement. La réponse du Parti conservateur (PCC) à ces deux questions, comme à l’ensemble du questionnaire, a été jugée négative, ce qui en fait la seule formation à rejeter les attentes de la coalition. Le Parti populaire du Canada, lui, n’a pas répondu du tout au questionnaire.

Énergies fossiles et transition équitable

Le Parti libéral (PLC), le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Bloc québécois (BQ) et le Parti vert (PV) s’engagent aussi à ce que les projets liés aux combustibles fossiles soient approuvés uniquement s’ils prévoient une façon de limiter la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de façon à ne pas compromettre l’atteinte de la cible de 1,5 °C. La coalition, qui regroupe notamment la Fondation David Suzuki, Ecojustice, Équiterre, Greenpeace et WWF, a toutefois jugé que la réponse du PLC à cette question était partiellement affirmative. Les quatre formations s’engagent aussi à assurer la prospérité des travailleurs durant la transition vers une économie sobre en carbone. La réponse du Bloc, qui affirme que les « régions pétrolières jouissent déjà d’un régime préférentiel » d’assurance-emploi, a été jugée partiellement affirmative.

Aires protégées

La « promotion d’un réseau d’aires protégées connectées » représentant au moins 30 % du territoire maritime et terrestre canadien pour 2030 fait l’unanimité auprès du PLC, du NPD et du PV. Le Bloc a pour sa part répondu que le territoire des provinces leur appartient et « qu’une action unilatérale d’Ottawa est inappropriée parce qu’elle n’est pas respectueuse de la nation québécoise et des nations autochtones ». Il s’agit de la seule question pour laquelle le Parti conservateur n’est pas le seul à avoir fourni une réponse négative. En revanche, les bloquistes, comme les libéraux, les néo-démocrates et les verts, s’engagent à veiller à ce que les terres, les océans et les étendues d’eau douce protégées par le gouvernement fédéral soient gérés « selon les normes internationales les plus rigoureuses ».

Pesticides et plastiques à usage unique

Le renforcement de la réglementation sur les pesticides, en modernisant la Loi sur la protection de l’environnement, ainsi que l’interdiction de produire, de vendre et de distribuer des articles de plastique à usage unique sont promis unanimement par le Parti libéral, le Bloc, le NPD et le Parti vert ; seul le Parti conservateur ne s’y engage pas. Dans sa réponse globale au questionnaire, le PCC affirme avoir présenté « la plateforme environnementale la plus exhaustive jamais proposée par un parti de l’opposition au Canada », qui s’articule autour de trois thèmes : « des technologies vertes au lieu de taxes, un environnement naturel plus vert et la lutte mondiale contre les changements climatiques ». Il ne donne cependant aucun exemple concret de mesures qu’il entend adopter.

Droits environnementaux et autochtones

La création d’une charte fédérale des droits environnementaux qui reconnaîtrait légalement le droit de vivre dans un environnement sain est une idée à laquelle s’engagent formellement les néo-démocrates, les bloquistes et les verts. Les libéraux, eux, s’engagent à « étudier » l’idée d’un droit légal à un environnement sain dans le cadre du renforcement de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. Les quatre formations s’engagent cependant à faire respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C’est la deuxième fois qu’un tel questionnaire est soumis aux formations politiques lors d’une campagne électorale fédérale ; l’exercice, qui se veut non partisan, a aussi été réalisé lors de campagnes provinciales, notamment l’an dernier au Québec. « Ça facilite la lecture des engagements électoraux pour le citoyen », explique la directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe.