(Ottawa) Celle qui a pris la place d’Éva Nassif comme candidate libérale dans un comté lavallois est obligée d’attendre de l’argent d’Ottawa pour faire campagne.

L’association libérale de la circonscription de Vimy, toujours en colère contre le parachutage d’Annie Koutrakis et le sort réservé à Mme Nassif, n’a pas transféré ses fonds à la candidate.

Mme Koutrakis a dû faire payer ses pancartes électorales par la maison-mère à Ottawa et négocier avec le propriétaire de son local électoral pour retarder son paiement de loyer.

Le président de l’association de comté ne décolère pas. Lui et ses 10 collègues ont adopté une résolution pour rejeter la candidature de Mme Koutrakis et en ont avisé les dirigeants du Parti libéral du Canada (PLC).

Malgré la demande du PLC, Giuseppe Margiotta ne veut pas discuter de transferts de fonds tant que les dirigeants du parti « tassent de côté » les membres de l’exécutif de son association « comme ils ont fait avec Mme Nassif ».

La députée sortante s’attendait à être à nouveau candidate libérale. Le parti en a décidé autrement moins de trois semaines avant le déclenchement des élections.

« Si le parti veut absolument qu’on travaille avec elle (Mme Koutrakis), il faut qu’on se parle », a exigé M. Margiotta lors d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

M. Margiotta dit que le compte en banque de son association renferme plus que les 40 000 $ qu’exigeait le parti à la veille d’une campagne.

« On a travaillé fort comme association pour faire des collectes de fonds pour arriver au point où Mme Nassif n’est plus la candidate… boum ! C’est frustrant, démoralisant », s’est plaint l’homme.

Dans la campagne de Mme Koutrakis, on exprime aussi de la frustration.

« Nous, on tente de faire campagne. Puis là, ça revient tout le temps cette histoire-là », a grincé Marc-André Blanchette, directeur des communications de la candidate Koutrakis.

« On comprend, il y a une certaine animosité », convient M. Blanchette. « Nous, on n’a jamais fermé la porte à qui que ce soit. […] On n’a pas eu de contacts à toute fin pratique avec les membres de l’exécutif local », a-t-il avoué.

Il a dit travailler avec des bénévoles et engager le moins de frais possible en attendant qu’entrent les nouveaux dons pour lesquels Mme Koutrakis n’a le droit de faire des reçus que depuis jeudi, jour où le Directeur général des élections (DGE) a officialisé sa candidature.

« La candidate locale a pris une entente avec le parti et c’est le parti qui a payé les pancartes », a raconté M. Blanchette.

Et le loyer du local de la candidate rue Notre-Dame à Laval ? « On s’est organisé avec le propriétaire pour justement lorsqu’on aurait des fonds, on allait le payer. On a été chanceux. La personne a été conciliante », a répondu M. Blanchette.

« On s’entend qu’on ne fonctionne certainement pas à plein régime », a-t-il encore offert. Pourtant, une heure plus tôt, la directrice de campagne de la candidate, Sylvie Bégin, disait que sa campagne roulait à « pratiquement 97 % ».

« Disons que le 3 % est peut-être dispendieux », a rajusté M. Blanchette.

Et la direction du parti ?

Au PLC, on n’a pas rappelé La Presse canadienne.

Ainsi, on n’a pas voulu dire, entre autres, combien d’argent a déjà été transféré d’Ottawa au comté de Vimy.

Le DGE impose des limites de dépenses dans les comtés. À Vimy, cette limite est de 94 538,52 $ pour le parti, 113 902,21 $ pour la candidate.

M. Blanchette n’a pas pu dire ce que les dirigeants du PLC font pour mettre fin à la querelle. « My way or the highway. C’est la communication qu’on a avec eux », a rapporté M. Margiotta.