(Ottawa) Les données d’un nouveau sondage dressent le portrait d’une population canadienne rongée par l’anxiété et le pessimisme économiques, des résultats qui pourraient expliquer pourquoi l’enjeu du coût de la vie se démarque comme le principal thème de la campagne électorale fédérale.

Toutefois, s’il faut tirer un constat du plus récent coup de sonde mené par Léger, c’est que les électeurs ne savent toujours pas quel parti est le plus susceptible d’apaiser leurs inquiétudes.

Dans son enquête, Léger a demandé aux gens de choisir quelle affirmation correspondait le mieux à leur situation financière personnelle.

Plus d’une personne sur quatre, soit 26 % des répondants, a indiqué que son revenu était adéquat, mais qu’elle avait tout de même de la difficulté à joindre les deux bouts et qu’elle ne s’en sortait pas.

Pour 13 % des répondants, leur revenu est tout simplement trop bas et ils s’enfoncent dans l’endettement.

Chez les 35-54 ans, ce sont 36 % des répondants qui admettent joindre difficilement les deux bouts, même avec un revenu décent, alors que 15 % d’entre eux s’endettent. Il s’agit du taux le plus élevé parmi tous les groupes d’âge interrogés.

Ne cherchez plus pourquoi les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates ont tous passé la première semaine de campagne à courtiser les familles, affirme le vice-président de Léger, Christian Bourque.

« Ils ont probablement des données similaires en main qui leur indiquent qu’il y a là une masse de gens pour qui la vie semble plus difficile », explique-t-il.

Le sondage a été mené du 13 au 17 septembre auprès de 1598 électeurs sélectionnés au sein du panel en ligne de Léger. Comme il ne s’agit pas d’un échantillon probabiliste, il est impossible de définir une marge d’erreur.

Promesses

Parmi les promesses avancées par les divers partis, on note que les libéraux offrent de rehausser le programme d’Allocation canadienne pour enfants et d’éliminer l’impôt sur les prestations de maternité et parentales.

De leur côté, les conservateurs ont énuméré une série de crédits d’impôt et d’allocations pour soutenir les parents dont les enfants pratiquent des sports ou des activités artistiques.

Pour leur part, les néo-démocrates ont promis de s’attaquer au prix élevé des forfaits de téléphonie cellulaire et de connexion internet. Le parti s’engage également à investir davantage dans la construction de logements abordables.

Selon l’économiste David Macdonald, du Centre canadien de politiques alternatives, les trois partis tentent de se démarquer, mais il reste difficile de déterminer quelles idées parviennent à toucher le cœur des électeurs.

Les baisses d’impôt ou les hausses d’allocations procurent des bénéfices immédiats, mais les propositions comme l’ajout de places en garderie prennent plus de temps à se matérialiser et offrent des avantages à plus long terme.

« Vous pouvez bien donner 100 $ par mois à toute personne qui a un enfant à charge, mais ça ne réduit pas la facture de 1700 $ pour l’envoyer à la garderie à Toronto », donne-t-il en exemple.

Perceptions différentes

La perception des électeurs sur cet enjeu varie selon la province où ils résident.

En Ontario, les répondants semblent divisés entre l’offre des conservateurs et des libéraux, alors qu’au Québec, les libéraux jouissent d’une avance de cinq points de pourcentage.

En Colombie-Britannique, l’écart est beaucoup plus fort en faveur des conservateurs. Ceux-ci récoltent l’appui de 25 % des électeurs, contre 14 % pour les libéraux.

La définition même du coût de la vie constitue une question complexe, reconnaît l’économiste et expert des politiques sociales. Si le concept de logement abordable fait généralement consensus, il n’existe pas de règle économique pour définir le coût accessible d’une place en garderie, d’un billet d’autobus ou d’un forfait de téléphonie cellulaire.