(Sudbury) Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a choisi le décor d’une clinique dentaire de Sudbury, au huitième jour de la campagne électorale, pour rappeler la promesse de son parti de couvrir les frais dentaires grâce à une assurance que mettrait en place un gouvernement fédéral néo-démocrate.

Si les soins de santé sont de compétence provinciale, une loi fédérale, la Loi canadienne sur la santé, définit les paramètres de ce que les provinces sont tenues d’offrir à leurs citoyens. C’est cette loi qui impose la gratuité des soins de santé.

Un gouvernement néo-démocrate étendrait cette gratuité aux soins dentaires pour tous, éventuellement.

Dans un premier temps, Jagmeet Singh propose le remboursement des frais dentaires aux citoyens qui n’ont pas d’assurance dentaire et qui ont un revenu inférieur à 70 000 $. Les Canadiens qui gagnent entre 70 000 $ et 90 000 $ verraient une partie de leurs soins dentaires remboursée.

« On a un plan, le premier pas pour s’assurer qu’on (aura) un plan d’assurance dentaire universel », a déclaré M. Singh, mercredi.

Le NPD a calculé, avec l’aide du Directeur parlementaire du budget (DPB), qu’un programme national d’assurance dentaire coûterait 860 millions par année aux coffres fédéraux.

Invité à dire d’où viendrait tout cet argent, celui de cette promesse-ci et des autres, M. Singh a servi sa réponse habituelle. « On a le courage de dire non aux entreprises qui sont les plus riches et de dire oui aux gens », a-t-il offert. Il n’a pas voulu détailler les projets du NPD pour un éventuel retour à l’équilibre budgétaire.

Au cours du premier débat des chefs qui a opposé, jeudi dernier, M. Singh aux leaders des partis conservateur et vert, Elizabeth May a avancé qu’une promesse de gratuité de soins dentaires pour tous était irréaliste.

Mme May a dit que le Parti vert avait consulté le DPB et en était venu à la conclusion que la mesure coûterait trop cher à l’État.

Le Parti vert a repris cet argument dans un communiqué diffusé après la sortie néo-démocrate.

« Notre estimation des coûts a montré qu’il s’agirait d’un coût budgétaire de plus de 40 milliards ; ce n’est pas envisageable à l’heure actuelle », estime Mme May.

Dans son programme, le Parti vert propose des soins dentaires gratuits « aux Canadiens à faible revenu ».

Remédier à une lacune

Le plan du NPD suscite l’enthousiasme de Carlos Quinonez, directeur du programme de deuxième cycle en santé publique dentaire à l’Université de Toronto, qui a déclaré que l’importance de l’élargissement de la couverture des soins dentaires publics à plus de Canadiens était une « évidence ».

Les détails compteront, bien sûr, notamment le montant que le gouvernement fédéral paierait pour les services couverts par le nouveau régime. Mais M. Quinonez estime que le NPD ne promet pas un changement radical du système actuel de soins dentaires.

Le parti semble plutôt tenter de remédier à ce que M. Quinonez décrit comme une lacune dans la couverture offerte aux Canadiens à revenu faible ou moyen qui n’ont pas d’assurance privée ou publique, ce qui devrait en faciliter la mise en œuvre.

L’Association dentaire canadienne a été plus circonspecte dans sa réponse, déclarant dans un communiqué qu’elle avait « le plaisir de constater que le thème des soins dentaires pour la population canadienne qui ne bénéficie pas d’un régime d’assurance privée attire l’attention ».

« Comme toujours, l’ADC est engagée à travailler avec toute administration gouvernementale pour établir et maintenir des programmes dentaires qui répondent aux besoins des personnes ne pouvant actuellement pas se permettre d’accéder à des soins dentaires », a affirmé l’organisation.

En ce début de campagne électorale, les verts et les néo-démocrates, selon les sondages, luttent pour la troisième place dans les intentions de vote des Canadiens. Ils semblent aussi s’adresser aux mêmes électeurs progressistes et préoccupés par les changements climatiques.