(Tadoussac) L’enjeu du désenclavement du vaste territoire de la Côte-Nord sera au cœur de la campagne électorale fédérale, alors que, pour la première fois, les élus et les chefs autochtones de la région parlent d’une seule voix. Un meilleur accès au territoire pourrait aussi freiner le déclin démographique. Un dossier de Fanny Lévesque et d’Olivier Jean

Le grand désenclavement

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La petite traverse d’une dizaine de minutes entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine est un des seuls liens entre la Côte-Nord et le reste du Québec.

C’est la fin du mois d’août. La brise qui souffle sur le quai d’embarquement de Tadoussac est signe que les vacances achèvent sur la Côte-Nord.

Des dizaines d’automobilistes sont bien alignés, en attente de l’arrivée du traversier qui les mènera de l’autre côté de la rive, à Baie-Sainte-Catherine, dans Charlevoix. Personne n’a sa caméra à la main pour saisir le panorama qu’offre le majestueux fjord du Saguenay droit devant. Parce que pour les Nord-Côtiers, la vue n’a rien de pittoresque.

C’est que la petite traverse d’une dizaine de minutes se traduit souvent par une attente bien plus longue — parfois jusqu’à plus d’une heure — pour monter sur l’un ou l’autre des deux navires qui assurent la desserte maritime entre les rives. C’est le trajet le plus rapide pour rejoindre Québec et Montréal, et à l’inverse pour atteindre la Côte-Nord.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

L’attente est souvent bien longue — parfois plus d’une heure — pour prendre le traversier entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine.

Les départs sont donnés toutes les 20 minutes, mais il n’est pas rare que les conditions météorologiques ou un fort achalandage à l’aube d’un long congé, par exemple, viennent jouer les trouble-fête.

Encore à la veille de la fête du Travail, le 30 août dernier, un bris sur l’Armand-Imbeau II a forcé des départs toutes les 40 minutes. Des internautes se sont plaints d’avoir attendu jusqu’à trois heures pour traverser. D’autres usagers ont plutôt choisi de piquer vers le Saguenay, en empruntant la route 172. Il faut rouler un peu plus de 10 heures pour parcourir la distance séparant Sept-Îles de Montréal. En passant par le Saguenay, la durée du trajet grimpe à 12 heures.

Il faut comprendre que la route 138 est le seul lien routier, hormis la route 389 qui mène à Fermont, qui relie le territoire à l’est de Tadoussac au reste du Québec.

L’accès est une vieille bataille sur la Côte-Nord, mais les récents inconvénients à Tadoussac, combinés aux déboires de la traverse Matane–Baie-Comeau–Godbout, ont remis à l’avant-scène l’urgence de désenclaver la Côte-Nord.

« La Côte-Nord, c’est toujours une région qui est plus enclavée que les autres. On l’a connu solide avec la problématique du F.-A.-Gauthier », lance sans détour le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny. De son bureau de l’avenue Marquette, le maire Montigny caresse la mise en place d’un grand « projet global » de désenclavement du territoire.

Pont et prolongement

Cet ambitieux plan comprend essentiellement la construction d’un pont suspendu au-dessus du fjord du Saguenay et le prolongement de la route 138 de Kegaska, sur la Basse-Côte-Nord, jusqu’à Terre-Neuve-et-Labrador. Attendus depuis des lustres, ces deux projets — fort coûteux — s’invitent pour la première fois sous la forme d’un tout dans la campagne fédérale.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny

Il n’y a pas un candidat [aux élections fédérales dans Manicouagan] qui peut se permettre d’ignorer ce projet-là. C’est impossible. La route 138 et le pont, ça ne se peut pas ; s’il y a un candidat qui n’est pas d’accord avec ça, il est aussi bien de rentrer chez lui.

Yves Montigny, maire de Baie-Comeau rencontré par La Presse en août dernier

C’est que ces projets sont loin d’être nouveaux — le prolongement de la route 138 pour relier un chapelet de villages nord-côtiers au reste du Québec est sur la table à dessin depuis au moins 40 ans —, sauf que maintenant, les élus et chefs autochtones de la Côte-Nord parlent d’une seule voix et ne revendiquent plus des fonds publics séparément.

« C’est un projet global, si tu le regardes par section, ça ne marche pas », ajoute M. Montigny. « Nous, on le voit, ce que ça va faire. Ce lien [à partir du pont] sera un levier de développement économique pour tout le Québec parce que, rattaché au prolongement de la route 138, il va brancher le Québec à Terre-Neuve », plaide-t-il.

Sept-Îles, l’alliée

À quelque 240 kilomètres plus à l’est, le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, a le même discours que son vis-à-vis de Baie-Comeau. « Avant ça, on était comme plus en opposition. L’est tirait pour la route, l’ouest tirait pour le pont, et le gouvernement était mort de rire », illustre-t-il en toute franchise, lors d’une entrevue avec La Presse.

« Quand on débarque tout le monde et que l’on dit que l’on veut désenclaver la Côte-Nord, c’est différent », poursuit le maire Porlier. Les élus nord-côtiers, accompagnés des chefs autochtones, ont fait le voyage jusqu’à Ottawa, à l’automne 2018, et également jusqu’à Québec, au printemps dernier, pour livrer une fois de plus leurs doléances.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier

Selon le maire Porlier, si la région arrive à obtenir des engagements d’Ottawa pendant la campagne, Québec ne pourra pas reculer. « Le fédéral ne pourra pas dire : ‟Voilà, on termine la route [138]”, parce que ça passe par Québec », précise-t-il. « Mais s’il dit qu’il est prêt à y consacrer des sommes, je verrais très mal Québec dire non. »

En janvier dernier, Québec a d’ailleurs demandé au gouvernement de Justin Trudeau d’investir 94 millions pour l’achèvement des tronçons routiers de quelque 40 kilomètres reliant les villages de Kegaska à La Romaine, et de Tête-à-la-Baleine à La Tabatière. La demande était « en processus d’approbation », a confirmé le bureau du ministre fédéral de l’Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne, à la veille de la dissolution du gouvernement, la semaine dernière.

2 milliards ?

Le tracé complet entre Kegaska et Blanc-Sablon est estimé à quelque 400 kilomètres et coûterait, selon les évaluations les plus récentes, 1,5 milliard. Il est difficile par ailleurs d’estimer le coût total du grand projet de désenclavement de la Côte-Nord que portent les élus de la région, mais on peut certainement l’évaluer à plusieurs centaines de millions.

Si la facture pour la route 138 est plus précise, celle accompagnant la construction d’un pont sur le Saguenay est encore floue. Au début des années 2010, on estimait la note à quelque 900 millions. « On ne peut pas se fier là-dessus », affirme toutefois Yves Montigny.

« Tout ce qui était avancé à l’époque, c’était pour la construction d’un pont fait pour Montréal. Il n’y a pas ce trafic-là ici. On ne demande pas une autoroute. Un pont comme celui de l’île d’Orléans, ça suffirait, on n’a pas besoin de faire un deuxième pont Champlain », poursuit le maire de la ville de quelque 22 000 habitants.

Selon les estimations qui circulent, il serait plus réaliste d’envisager un coût autour de 400 millions. 

Mais le premier ministre du Québec, François Legault, n’est pas convaincu que la construction d’un pont sur le Saguenay soit une option « réaliste » pour la Côte-Nord. « On peut imaginer que c’est un coût beaucoup plus important que d’assurer un service de traversier », a indiqué M. Legault en entrevue à Radio-Canada Est-du-Québec, vendredi dernier. 

Le premier ministre a cependant précisé qu’il attend les conclusions d’un rapport du bureau de projet pour le pont sur le Saguenay — créé par Philippe Couillard en 2018 — pour trancher sur la question, ajoutant qu’il ne veut pas pour l’heure « totalement l’exclure ».

Pour sa part, le ministre québécois des Transports, François Bonnardel, ne s’est pas encore prononcé sur le projet de pont depuis son arrivée en poste, en octobre 2018. 

Il faut dire que l’entrée en service de deux nouveaux traversiers à Tadoussac, l’an dernier, s’est accompagnée d’une note salée de 325 millions, alors qu’elle devait au départ être de 125 millions.

Solution immigration

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Rebecca Marron est partie de Manille, aux Philippines, en 2014 pour s’installer à Sept-Îles dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires.

Rebecca Marron aura son premier enfant à Sept-Îles.

Assise à une table du restaurant A & W du boulevard Laure, la délicate jeune femme de 24 ans, dont on devine à peine la grossesse, est à des milles de Manille, aux Philippines, d’où elle est partie pour gagner sa vie en 2014. Rebecca était au nombre d’un groupe de travailleurs étrangers originaires des Philippines, venus prêter main-forte à l’équipe d’employés de la chaîne de restauration rapide.

Il faut se replonger en 2012. L’économie roulait à fond de train sur la Côte-Nord alors que la tonne de fer se vendait à des prix fort enviables partout sur la planète. La grande industrie minière — poumon économique de Sept-Îles — avait le vent en poupe et recrutait massivement dans la région et ailleurs au Québec.

« Dans les usines, c’était le plein emploi, il y avait une demande accrue de main-d’œuvre. Chez nous, on s’est retrouvé avec un besoin immense de travailleurs. Il en allait de la survie de l’entreprise, carrément », explique Marie-Josée Carrier, directrice des opérations et franchisée A & W Sept-Îles/Outaouais, en entrevue avec La Presse.

Après un premier refus en 2012, Mme Carrier récidive auprès du ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social, qui chapeaute le programme des travailleurs étrangers temporaires. Cette fois, elle obtient du succès. Huit Philippins, cinq hommes et trois femmes, débarqueront finalement à Sept-Îles en 2013.

Il s’agit de la première de plusieurs cohortes. Rebecca Marron arrivera l’année suivante. Aujourd’hui, à l’heure où la pénurie de main-d’œuvre secoue tout le Québec, Marie-Josée Carrier ne cache pas qu’elle a fait le bon choix à l’époque. Parce que Sept-Îles est loin d’être épargnée par la rareté de la main-d’œuvre.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La pénurie de main-d’œuvre frappe particulièrement la Côte-Nord qui souffre d’un solde migratoire négatif.

Des restaurants, notamment, doivent réduire considérablement leurs heures d’ouverture. Certains ont même fermé pour l’été, faute de ressources. Les hebdos régionaux foisonnent d’offres d’emploi. Sauf que la pénurie n’est pas la même qu’en 2012. Elle ne s’explique plus par un boom minier, mais plutôt par un solde migratoire négatif.

C’est que le marché du fer s’est effondré en 2015, et s’en est suivi une lente agonie économique sur la Côte-Nord. Si les grands acteurs de l’industrie respirent aujourd’hui beaucoup mieux avec un prix des ressources qui s’est redressé, la région, elle, porte encore les marques du dernier ralentissement.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, la Côte-Nord a perdu depuis deux ans quelque 2000 résidants au profit des autres régions québécoises. Ce sont 900 habitants qui sont partis seulement en 2017-2018. Près de 1 % de la population nord-côtière. Il s’agit — et de beaucoup — du pire solde migratoire des régions éloignées du Québec.

« Renverser la tendance »

Pour le maire de Sept-Îles, l’une des solutions pour « renverser la tendance » à la baisse se trouve dans l’immigration. « Ce que je souhaiterais, c’est que toutes les entreprises — et on le sait, il manque du personnel dans tous les secteurs —, prennent l’engagement d’aller chercher au moins une ressource à l’extérieur », lance Réjean Porlier.

Selon un récent sondage effectué auprès des entreprises de Sept-Îles par la corporation économique locale, quelque 500 emplois étaient à pourvoir à l’aube de la saison touristique, au printemps dernier, ce qui incluait les emplois saisonniers.

Dans ce contexte, le maire Porlier estime qu’il serait envisageable d’accueillir jusqu’à 200 nouvelles familles par année. La population immigrante représente 1,8 % de la population de Sept-Îles, selon le recensement de 2016 réalisé par Statistique Canada.

Il faut sortir du cercle vicieux. Cette idée de dire que la solution est de faire venir une grande entreprise et que ça va régler tous les problèmes, elle ne fonctionne pas.

Réjean Porlier, maire de Sept-Îles

M. Porlier rappelle que bon nombre d’acteurs majeurs ont jeté l’ancre à Sept-Îles par le passé. « Aujourd’hui, où en sommes-nous ? La population, elle, n’a pas augmenté. »

L’élu caresse l’idée de mener une stratégie concertée afin d’accompagner les entreprises, notamment les plus petites, dans leur recrutement à l’étranger. Ce chantier devra évidemment se faire de concert avec Québec, qui a récemment promis une série de nouvelles mesures pour favoriser « la régionalisation de l’immigration ».

Sur la scène fédérale, Marie-Josée Carrier, du restaurant A & W, plaide pour faciliter l’accès au Programme de travailleurs étrangers temporaires et pour une reconnaissance des besoins particuliers des régions éloignées. Elle souligne également que les coûts liés à l’exercice sont très élevés, ce qui peut freiner les ardeurs de certaines entreprises.

« C’était un grand rêve pour moi et les autres Philippins de venir travailler ici au Canada », se rappelle Rebecca Marron. Elle a quitté son pays d’origine dans l’espoir d’un avenir meilleur pour elle et sa famille, qui est toujours à Manille. « L’économie est difficile aux Philippines, j’espère pouvoir aider mes frères et sœurs à aller au collège », dit-elle.

Voilà maintenant un peu plus de quatre ans qu’elle a fait de Sept-Îles sa terre d’accueil. Rebecca — comme d’autres travailleurs philippins du A & W, d’ailleurs — détient désormais sa résidence permanente. Elle a appris le français, s’est fait des amis et a même trouvé l’amour. « C’est fantastique ici », lance-t-elle, sourire aux lèvres.

Le château-fort tiendra-t-il ?

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Sept-Îles

La Côte-Nord est l’un des bastions du Bloc québécois qui a résisté au raz-de-marée libéral de 2015. Mis à part l’épisode du Nouveau Parti démocratique (NPD) en 2011, aucune vague n’a déferlé jusque dans la vaste circonscription de Manicouagan depuis les années de Mulroney et du Parti progressiste-conservateur en 1993. Les élections de 2019 seront-elles différentes ?

Forteresse bloquiste

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Marilène Gill, députée sortante du Bloc québécois

La députée sortante du Bloc québécois, Marilène Gill, sollicite de nouveau la confiance des électeurs de Manicouagan. L’enseignante au collégial a remporté les élections de 2015 haut la main, avec 41,3 % des voix, mettant ainsi fin au court règne du NPD sur la Côte-Nord.

Hormis l’épisode orange, voilà maintenant plus de 20 ans que les Nord-Côtiers choisissent le Bloc québécois. Pourquoi ? « C’est une hypothèse, mais peut-être que le fait de vivre en région éloignée, d’avoir à combattre souvent et d’avoir l’impression d’être dans des vents contraires » peut expliquer le succès de sa formation, confie Mme Gill.

« Il y a aussi une affirmation énorme de la part des élus, des gens sur la Côte-Nord. […] Ici, on a tellement des besoins particuliers qu’on [n’a pas envie d’entendre] parler de lignes de parti qui sont parfois très, très loin de nous », ajoute-t-elle, rejetant ainsi l’idée que les Nord-Côtiers seraient mieux servis avec un député au pouvoir.

« C’est toujours l’argument qui revient, et [moi, je] dis que nous avons eu un député au pouvoir en 1984 en la personne de Brian Mulroney et il n’y en a pas eu, de route », lance-t-elle, faisait allusion à l’absence de lien routier pour relier Kegaska à Blanc-Sablon.

Elle soutient d’ailleurs qu’il y a encore beaucoup de « méconnaissance » à Ottawa à propos de la Côte-Nord. « Je pense que ça fait aussi partie de notre rôle [de député] d’être ambassadeur du comté. […] La Manicouagan, il faut l’expliquer encore. »

Région syndicaliste

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Nicolas Lapierre, coordonateur régional des Métallos

La fidélité des Nord-Côtiers au Bloc québécois n’est également pas étrangère à la forte présence des syndicats sur la Côte-Nord, une région ouvrière. En 2015, notamment, le Syndicat des Métallos, qui compte quelque 4500 membres, était sorti publiquement pour donner son appui à Marilène Gill. « Ce n’est pas impossible qu’on appuie un candidat en 2019 », a indiqué le coordonnateur régional des Métallos, Nicolas Lapierre, sans confirmer quel pourrait être leur choix.

« Je ne vous cacherai pas que nous avons une proximité avec le Bloc québécois, ça, c’est clair. Historiquement, on a pas mal toujours appuyé le Bloc parce que c’est le parti qui représentait le mieux les travailleurs. Le NPD aussi, on ne le nie pas, mais avec le NPD, c’est plus l’aspect fédéraliste de la chose qui nous chatouille, alors naturellement, le Bloc est un peu l’outil par excellence pour faire valoir nos revendications syndicales », a-t-il ajouté.

Marilène Gill a aussi porté un projet de loi privé afin de modifier la Loi sur les arrangements avec les créanciers pour mieux protéger les régimes de retraite, dans la foulée de la fermeture de la société minière Cliffs Natural Resources sur la Côte-Nord. Le projet de loi de la députée sortante est mort au feuilleton.

Effet Mulroney ?

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Un buste de l’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, originaire de Baie-Comeau, trône devant l’hôtel de ville de Baie-Comeau.

Un buste de l’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, originaire de Baie-Comeau, trône devant l’hôtel de ville de Baie-Comeau. L’homme politique, qui a été plutôt discret pendant plusieurs années, a récemment multiplié les apparitions publiques, notamment à la populaire émission Tout le monde en parle, sur les ondes de Radio-Canada.

M. Mulroney et sa fille Caroline, ministre de l’administration Ford en Ontario, ont même offert un cocktail de financement pour donner un coup de pouce au Parti conservateur dans la région de Montréal, en août dernier. Est-ce qu’on pourrait croire à un effet Mulroney dans la campagne électorale dans Manicouagan ?

Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, ne le croit pas. « Je ne pense pas que le lien soit direct. Les gens de Baie-Comeau sont fiers, et ils sont fiers quand M. Mulroney reparle de Baie-Comeau. […] Je ne pense pas que ce soit cependant un acteur important de la campagne, ça va faire un petit chuchotement dans le bruit des élections », estime-t-il.

M. Montigny soutient par ailleurs que la « fibre nationaliste » est très forte dans la région. « Ici, les gens sont Québécois avant d’être Canadiens en grande majorité. […] À l’époque, les gens appuyaient M. Mulroney parce que c’était un Québécois », observe-t-il.

Les autres candidats

François Corriveau

Parti conservateur du Canada

PHOTO TIRÉE DU SITE DU PARTI CONSERVATEUR DU CANADA

François Corriveau, candidat du Parti conservateur du Canada

Le Parti conservateur du Canada mise sur François Corriveau, actuel directeur général de la Ville de Baie-Comeau, pour ravir Manicouagan des mains du Bloc québécois. M. Corriveau est d’ailleurs réputé pour avoir été le deuxième député de la défunte Action démocratique du Québec alors qu’il avait remporté l’élection partielle dans Saguenay (maintenant René-Lévesque) en 2002. Celui qui est actuellement en congé sans solde de la municipalité a promis de faire du prolongement de la route 138 sur la Côte-Nord sa priorité.

Dave Savard

Parti libéral du Canada

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DU PARTI LIBÉRAL DU CANADA

Dave Savard, candidat du Parti libéral du Canada

C’est Dave Savard qui défend les couleurs du Parti libéral dans Manicouagan. Il y a déjà plusieurs mois que cet enseignant de philosophie au cégep de Baie-Comeau sillonne le territoire nord-côtier dans le but avoué d’en devenir le député. Le pont sur le Saguenay et le prolongement de la route 138 sont au nombre de ses dossiers prioritaires. En 2015, Dave Savard était candidat à l’investiture libérale dans Manicouagan, mais il n’avait pas remporté la course, qui comptait quatre aspirants.

Jacques Gélineau

Parti vert du Canada

PHOTO TIRÉE DU SITE DU PARTI VERT DU CANADA

Jacques Gélineau, candidat du Parti vert du Canada

Jacques Gélineau est un militant et un environnementaliste bien connu de la Côte-Nord. Technicien en bâtiment employé d’une entreprise minière de la région, M. Gélineau est aussi photographe naturaliste. C’est la quatrième fois qu’il brigue les suffrages sous la bannière du Parti vert aux élections fédérales.

Le NPD a « désigné » en début de semaine Colleen McCool, une militante de longue date, comme candidate du NPD dans Manicouagan. C’est Jonathan Clavet, résidant de Sept-Îles, qui défend les couleurs du Parti populaire du Canada.

Résultats des élections de 2015 dans Manicouagan

Parti conservateur du Canada, Yvon Boudreau, 10,3 %

NPD, Jonathan Genest-Jourdain, 17,5 %

Bloc québécois, Marilène Gill, 41,3 %

Parti vert du Canada, Nathan Grills, 1,6 %

Parti libéral du Canada, Mario Tremblay, 29,4 %

Source : Élections Canada