(Ottawa) C’est maintenant officiel: la 43e élection générale est lancée au pays. La gouverneure générale Julie Payette a accédé à la demande du premier ministre Justin Trudeau et a dissous le Parlement. Les Canadiens seront ainsi appelés aux urnes, au terme d’une campagne de 41 jours, le 21 octobre prochain.

Le premier ministre Justin Trudeau, accompagné de sa femme Sophie Grégoire qui était tout de rouge vêtue, est arrivé à Rideau Hall sur le coup de 10h05. Affichant un air calme, M. Trudeau, souriant, a fait son entrée dans la résidence de la gouverneure générale devant une horde de journalistes convoqués pour l’occasion.

Le nouveau greffier du Conseil privé, Ian Shugart, qui a succédé à Michael Wernick, attendait le premier ministre devant les grandes portes de bois.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le premier ministre Justin Trudeau et son épouse Sophie Grégoire à leur arrivée à Rideau Hall, mercredi matin.

Justin Trudeau est ressorti de l’imposant édifice historique du 1, promenade Sussex à Ottawa, une bonne trentaine de minutes plus tard. Il s’est avancé au lutrin, installé devant la résidence, pour s’adresser aux médias. Des sympathisants et bénévoles de la région avaient été invités à se placer derrière lui.  

Le premier ministre a débuté son allocution en soulignant le triste anniversaire des attaques 11 septembre 2001 aux États-Unis. « Il y a 18 ans, ce matin, des milliers de personnes ont été tuées lors d’actes de terreur brutaux, dont de nombreux Canadiens », a indiqué M. Trudeau, sur un ton solennel.

« Ce matin alors que nous nous préparons à exercer nos droits démocratiques, nous reconnaissons et honorons leur vie », a-t-il ajouté.

« Il y a quelques instants, j’ai rencontré Son Excellence la gouverneure générale, qui a accédé à ma demande de dissoudre le Parlement », a ensuite enchaîné M. Trudeau, qui sollicite la confiance des Canadiens de lui accorder un deuxième mandat.

Il y a quatre ans « les Canadiens ont choisi une nouvelle équipe, qui était prête à investir dans les gens et dans leurs communautés. Une équipe qui a compris que, même si on vit dans le meilleur pays du monde, il est toujours possible de faire mieux. Et bien qu’il nous reste encore énormément de travail à faire, on a passé les quatre dernières années à améliorer les choses – et on a le bilan pour le prouver », a-t-il lancé.

Justin Trudeau a notamment cité en exemple la renégociation du nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique et la mise en place de l’Allocation canadienne pour enfant. « On a sorti 900 000 Canadiens de la pauvreté, dont 300 000 enfants », a-t-il souligné.  

SNC-Lavalin et Loi 21

L’affaire SNC-Lavalin a vite rattrapé le chef libéral durant la conférence de presse qui a suivi sa visite à Rideau Hall. Mercredi, le Globe and Mail a rapporté que la Gendarmerie royale du Canada s’était vu refuser l’accès à des documents confidentiels du cabinet par le Bureau du Conseil privé, le ministère du premier ministre. La GRC a indiqué au quotidien qu’elle examinait cette affaire afin de déterminer s’il y avait eu une forme d’obstruction à la justice.

Devant les journalistes, M. Trudeau a insisté avoir fait preuve de transparence dans ce dossier, rappelant qu’il a avait permis la divulgation de secret du cabinet lorsque l’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould a témoigné devant un comité de la Chambre des communes. 

M. Trudeau a aussi été interpellé sur ses intentions, s’il est reporté au pouvoir, au sujet d’une possible contestation du gouvernement fédéral de la Loi 21 sur la laïcité adoptée par l’Assemblée nationale.

Le chef libéral a réitéré sa ferme opposition à cette loi, mais il a affirmé qu’il serait « contre-productif » d’entreprendre une contestation devant les tribunaux alors que des citoyens du Québec ont déjà entrepris des démarches. Mais il dit qu’il suit de près l’évolution de ce dossier et que pour le moment une contestation fédérale n’est pas dans les cartons.

Chaude lutte à prévoir

La lutte promet d’être chaude alors que les sondages placent les conservateurs et les libéraux au coude-à-coude.

Un sondage Léger, publié mercredi, accorde 35 % des intentions de vote au Parti conservateur, comparativement à 34 % pour les libéraux. Le coup de sonde mené en ligne, du 6 au 9 septembre auprès de 1546 électeurs admissibles, place le NPD et les verts à égalité avec 11 % des voix. Le nouveau Parti populaire du Canada de Maxime Bernier récolte 3 % des intentions de vote.

Au Québec, les libéraux obtiennent 37 % des intentions de vote, avec une bonne avance sur les conservateurs, à 22 %, et le Bloc québécois, à 21 %. Les Verts ont 10 % d’appuis, le NPD suit avec 6 % et le Parti populaire ferme la marche avec 5 %.

Le Parti conservateur avait choisi d’ignorer la date du déclenchement des élections en révélant un peu plus tôt cette semaine qu’il lancerait sa campagne mercredi à Trois-Rivières. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, se trouve à London en Ontario. Elizabeth May du Parti vert sera du côté de Victoria en Colombie-Britannique.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, inaugurera de son côté son bureau électoral à Beloeil, mercredi soir. Maxime Bernier, du Parti populaire du Canada, tiendra pour sa part une activité dans la grande région de Toronto.

La durée de la campagne sera donc de 41 jours en tout et M. Trudeau participera à trois débats avec les autres chefs des principales formations politiques. À titre de comparaison, la campagne de 2015 avait duré 78 jours.

Le déclenchement des élections fédérales coïncide donc avec le 18e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Il survient aussi 24 heures après la tenue d’élections provinciales au Manitoba.

Au déclenchement des élections, le Parti libéral comptait 177 sièges à la Chambre des communes, le Parti conservateur 95 sièges, le NPD 39 sièges, le Bloc québécois 10 sièges et le Parti vert deux sièges. Le nouveau Parti populaire du Canada comptait un siège, tout comme la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC), tandis qu’il y avait huit députés indépendants et cinq sièges vacants.

- Avec Joël-Denis Bellavance, La Presse et La Presse canadienne