Si on analyse «objectivement» l'intervention policière qui a mené à la mort de Fredy Villanueva, l'agent Jean-Loup Lapointe aurait dû tirer au maximum deux coups de feu pour écarter la menace, selon un expert en emploi de la force de l'École nationale de police du Québec.

Or, le policier en a tiré quatre, faisant un mort et deux blessés le 9 août 2008 dans un parc de Montréal-Nord.

Après le second coup de feu - tiré vers Denis Méas ou vers Fredy Villanueva selon l'un ou l'autre des deux scénarios élaborés par l'expert - tous les jeunes ont fait un mouvement de recul, écartant du même coup la menace, a indiqué Bruno Poulin, ce jeudi, à la 85e journée d'audience de l'enquête du coroner André Perreault.

Il se peut même que les jeunes aient eu un mouvement de recul avant que le premier coup de feu ait été tiré, à la seule vue de l'arme à feu du policier pointée vers eux, a témoigné l'expert, contre-interrogé par l'avocat de Jeffrey Sagor-Metellus, Me Alain Arsenault.

Selon la preuve, Fredy Villanueva a eu un mouvement de recul après avoir reçu la première des deux balles qui l'ont atteint. Denis Méas avait commencé à faire un demi-tour sur lui-même lorsqu'il a été atteint d'une balle. De plus, Jeffrey Sagor-Metellus était à au moins six pieds de distance de l'agent Lapointe lorsqu'il a reçu une balle dans le dos.

L'expert en emploi de la force a toutefois nuancé son analyse qu'il a lui-même qualifié d'«objective». «Si on considère que le témoignage de l'agent Lapointe est avéré, il n'avait pas d'autres options que de tirer quatre balles. Il n'a pas eu le temps de stopper sa séquence de tirs», a-t-il indiqué.

Lorsqu'un policier craint pour sa vie, il aurait le temps de tirer entre trois et six balles en moins d'une seconde et demie avant de réaliser que la menace est écartée, selon une étude américaine citée par l'expert en emploi de la force. L'agent Lapointe a toujours soutenu avoir tiré dans les masses de corps devant lui, craignant pour sa vie. Le contre-interrogatoire de Bruno Poulin se poursuit vendredi.