Anthony Clavasquin a un étrange rapport avec les armes à feu. Il ne s'inquiète pas de dormir pendant plusieurs semaines avec une mitraillette dans sa chambre. Mais lorsque le policier Jean-Loup Lapointe a pointé une arme dans sa direction le 9 août, le jeune homme dit avoir été traumatisé.

Deux mois après avoir vu l'agent Jean-Loup Lapointe tuer un de ses amis et en blesser deux autres, Anthony Clavasquin a été arrêté avec un autre témoin, Jonathan Senatus, en possession d'une arme semi-automatique dans un appartement de Montréal-Nord. Le jeune homme a longuement été interrogé sur cet événement aujourd'hui pour la cinquième journée de son témoignage dans le cadre de l'enquête du coroner André Perreault sur la mort de Fredy Villanueva.

Le 5 octobre 2008, Jonathan Senatus a appelé la police au sujet d'une bagarre dans son logement. À leur arrivée, les policiers ont découvert par hasard un sac duquel dépassait la crosse de l'arme, cachée dans une penderie. Senatus, sans antécédent judiciaire, a reconnu sa culpabilité à deux accusations de possession d'arme à utilisation restreinte et d'entreposage illégal. Quant à Clavasquin, il a été libéré des accusations qui pesaient contre lui.

Anthony Clavasquin savait que son ami cachait une arme «pour quelqu'un d'autre» dans sa penderie. Il n'a toutefois pas contacté la police. «Vous étiez à l'aise de dormir avec une mitraillette dans votre garde-robe?», lui a demandé Me Pierre Dupras, l'avocat de l'agent Lapointe. «C'est ça», a répondu le jeune homme, l'air agacé.

Des policiers allèguent que Clavasquin aurait demandé des nouvelles de l'agent Lapointe lors de cet événement. Or, le jeune homme n'a jamais été accusé de menace. «C'est un coup monté par la police de Montréal contre mon client», a dit Me Jacky-Éric Salvant cet après-midi. «Il n'y a pas de coup monté. C'est une allégation sérieuse d'un policier inscrit dans un rapport», a répondu l'avocat du Service de police de la Ville de Montréal, Me Pierre-Yves Boisvert.

Si Me Dupras a insisté sur le côté «dur à cuire» du témoin, un avocat du clan Villanueva a plutôt fait ressortir sa dimension fragile. Anthony Clavasquin a décrit avoir été traumatisé après s'être fait pointer une arme à feu par l'agent Lapointe. «Je tremblais. Je pleurais. Je n'aurais jamais cru voir cela», a dit le témoin, contre-interrogé par Me Alain Arsenault. Lors de sa rencontre avec deux enquêteurs de la Sûreté du Québec, quelques heures après le drame, le témoin s'est senti «obligé» de répondre à leurs questions. Les policiers ne lui auraient apporté aucun réconfort, en plus de lui refuser de contacter sa mère, toujours selon son témoignage.

«Les policiers (Lapointe et Pilotte) ont eu un mois avant de faire leur déclaration. J'aurais aimé que ce soit pareil pour nous», a dit Anthony Clavasquin. Ce sera au tour de Jonathan Senatus d'être appelé à la barre des témoins demain.