Dany Villanueva était certainement soulagé quand il a quitté le palais de justice de Montréal en fin d'après-midi vendredi: il avait finalement complété son témoignage, qui a duré pas moins de neuf jours.

Et bien que l'exercice s'inscrivait dans le cadre de l'enquête publique du coroner André Perreault sur la mort de son frère Fredy, il a souvent plutôt eu des apparences de procès tant certains avocats s'en sont pris à sa réputation et à sa crédibilité.

L'avocat de Dany Villanueva, Günar Dubé, a d'ailleurs déploré en point de presse improvisé que ceux du camp policier se soient surtout intéressés à l'«historique criminel» de son client. D'après Me Dubé, rien dans les faits qui sont ressortis de son témoignage ne peut justifier les quatre coups de feu que le policier Jean-Loup Lapointe a tirés le 9 août 2008 dans un parc de l'arrondissement Montréal-Nord.

Dany Villanueva a d'autre part catégoriquement refusé de reconnaître qu'il aurait été préférable pour lui de ne pas résister à l'intervention de Jean-Loup Lapointe et de son équipière Stéphanie Pilotte ce soir-là. Clairement, pour lui, l'agent Lapointe est le seul grand responsable de la mort de son frère cadet.

Plus tôt, l'avocat de la Fraternité des policiers de Montréal avait amené Dany Villanueva à se contredire au sujet de plusieurs détails. L'objectif était toujours le même: démolir la crédibilité du jeune homme. Pour ce faire, Me Michael Stober lui a posé une multitude de questions que ses confrères lui avaient déjà posées.

Le témoin âgé 23 ans a donc donné des indications parfois différentes de celles qu'il avait fournies précédemment. Il semblait tantôt confus, tantôt impatient.

Me Stober a entre autres coincé Dany Villanueva en le cuisinant sur les moments où le ton a monté et où il a perdu son calme, pendant l'intervention policière qui a coûté la vie à son frère.

Autre contradiction relevée: Me Stober a rappelé à Dany Villanueva qu'il avait assuré à l'avocat du coroner, François Daviault, que sa déclaration recueillie le matin du 10 août 2008 par des enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) reflétait la vérité. Or, le témoin a admis cette semaine qu'elle contient plusieurs inexactitudes.

Dany Villanueva a répété qu'il ne se sentait «pas bien» quand il a rencontré les enquêteurs. L'avocat lui a fait remarquer qu'il n'aurait eu qu'à leur demander de reporter sa déposition. Il a répondu qu'il ne réalisait pas, à ce moment, qu'il en avait le droit.

«Je n'ai pas eu l'impression d'avoir le choix de la faire ou de ne pas la faire», a-t-il déclaré.

«Je n'ai même pas été capable de lire ma déclaration tout seul (avant de la signer)», a-t-il ajouté pour expliquer à quel point il était troublé ce matin-là.

Me Stober a lui aussi fait preuve d'une certaine impatience à l'endroit de Dany Villanueva quand il disait ne pas comprendre certaines questions.

Les avocats du camp Villanueva se sont objectés à quelques reprises à l'exercice auquel se livrait Me Stober, le jugeant futile et injuste envers le jeune homme.

Apparemment de mauvais poil, le représentant de la Fraternité s'est offusqué de ces objections, invoquant sa longue expérience et mentionnant qu'il n'a pas besoin qu'on lui dise comment mener un contre-interrogatoire. Il a aussi lancé quelques regards hostiles vers les parents et amis de Dany Villanueva en entendant des chuchotements derrière lui.

Me Stober n'a pourtant pas bronché quand un employé du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s'est permis de répondre à son téléphone cellulaire avant d'avoir quitté la salle d'audience.