Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne semble pas avoir entièrement respecté ses propres règles à la suite de la mort de Fredy Villanueva.

Ses agissements ont encore une fois été remis en question, mercredi, au palais de justice de Montréal, dans le cadre de l'enquête du coroner ad hoc André Perreault.

Les directives internes du SPVM relativement à la reprise d'une enquête par un autre corps policier en vertu d'une politique ministérielle ont été produites alors que le responsable du dossier à la Sûreté du Québec (SQ), le sergent-détective Bruno Duchesne, concluait son témoignage.

Selon celles-ci, lors de circonstances comme celles du 9 août 2008, le policier impliqué «collabore à l'enquête» et «demeure disponible». Mais l'agent Jean-Loup Lapointe, considéré comme un suspect à partir du 15 août, a choisi de garder le silence et refusé de fournir lui-même le rapport qu'il avait rédigé à la suite de l'incident.

Le SPVM avait finalement fait parvenir ce rapport à la SQ.

Les directives précisent aussi que le superviseur de quartier «retire et isole le policier impliqué» dans de telles situations. Bruno Duchesne a assuré mercredi que cela avait été fait.

Or, plus tôt cette semaine, il avait reconnu que ni l'agent Lapointe ni sa collègue Pilotte n'avaient été isolés, même si tous les autres témoins directs l'ont été.

M. Duchesne a précisé mercredi qu'«isoler» peut simplement vouloir dire «retirer des lieux».

Le superviseur de quartier, au moment des faits, était le sergent René Bellemare. Il est apparemment arrivé le premier sur les lieux après l'appel des deux agents pour du renfort.

C'est à lui que Jean-Loup Lapointe avait dit le soir du 9 août 2008: «on s'est fait encercler, on a été au sol et ç'a tiré».

Toutefois, d'après des documents présentés lundi et mardi, le sergent Bellemare avait plutôt répété par la suite à ses collègues du SPVM que des jeunes avaient «encerclé, projeté au sol et étranglé» les deux agents.

Le policier qui a transmis des informations erronées à ses collègues du SPVM et à la SQ, comme l'a reconnu le sergent-détective Duchesne, est donc le même qui semble avoir manqué à son obligation d'isoler les agents impliqués dans le drame.