À 1600 milles nautiques de l'arrivée, Michel Desjoyeaux maintient une avance insurmontable de 544 milles nautiques sur Roland Jourdain (Veolia). Un train de dix monocoques s'étirant sur plus de 13 000 km suit le duo devant avec Norbert Sedlacek (Nauticsport) qui ferme la marche.

À moins d'un coup du sort bien mesquin, Michel Desjoyeaux deviendra le premier double vainqueur de l'histoire du Vendée Globe. Le marin de Cap la Forêt, en France, navigue en ce moment une grande dorsale barométrique contournant l'anticyclone des Açores qui le portera jusqu'aux Sables d'Olonne avec une arrivée prévue entre le 31 janvier au matin et le 1er février en soirée.Les chances de voir Desjoyeaux battre le record de vitesse de l'épreuve sont grandes. La marque à battre est de 87 jours 10 heures et 47 minutes détenue par Vincent Riou lors de l'édition 2004. Les paris étaient ouverts au départ de la course sur la possibilité de faire la circumnavigation en 80 jours et bien que cette marque ne puisse être atteinte, c'est tout de même près de trois jours complets qui devraient être retranchés du record actuel.

Le skipper qui fait maintenant cap sur le golfe de Gascogne a finalement ouvert son jeu hier et est revenu sur l'avarie qui a pratiquement mis fin à sa course le jour de Noël.

« Le 17 décembre, j'ai d'abord constaté que l'axe principal du boîtier de safran (gouvernail) était partiellement cassé et ne tenait plus que d'un côté. La suite s'est produite le 25 décembre en fin de nuit, alors que j'étais en route vers la porte Pacifique. Je naviguais dans 35 bons noeuds de vent et une mer très formée. J'avançais prudemment sous 2 ou 3 ris (grand-voile réduite). J'avais relevé le safran au vent, à l'horizontale, et une vague est venue frapper le frapper. Le bout qui le garde en position haute a cassé. Impossible de remettre le safran à sa place. Il n'était plus tenu que par la jambe de force sur le côté et le bout de dessous. J'ai décidé de ralentir le bateau et j'ai commencé à partir en marche arrière afin de mieux observer les dommages. Là, j'ai vu le safran partir sous le bateau puis il est revenu vers l'arrière et coup de chance, le boîtier était revenu peu à peu à sa place. J'ai eu peur en voyant le safran faire 'floc floc'. Et comme par miracle la situation a cessé d'empirer à ce moment-là. Quelques jours plus tard, j'ai réussi à sécuriser le système, j'ai même confectionné un axe extensible qui permet de jouer le rôle de fusible et au safran de remonter en cas de choc avec un objet flottant. J'ai le sentiment d'être passé à côté d'une catastrophe. Un bateau, sans safran c'est comme une voiture sans direction : point de salut. »

Alors que Sébastien Josse (BT), Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) et Bernard Stamm (Cheminée Poujoulat) auront été forcés à l'abandon pour des problèmes de même nature, Desjoyeaux aura en effet été béni des dieux.

En deuxième position, Roland Jourdain est maintenant résigné. À la suite de sa collision avec une baleine au virage du cap Horn, le marin n'a pas eu le choix de faire gaffe et d'offrir à son monocoque la navigation la plus douce possible. C'est donc avec l'impossibilité de mettre toute la toile et le charbon que Jourdain remonte l'Atlantique, la plupart du temps au près (vent de face), à faire des sauts de vagues qui lui font serrer les dents et prier pour que sa réparation de fortune tienne jusqu'à l'arrivée.

Armel Le Cléac'h (Brit Air) maintient une solide troisième position à 1000 milles derrière Desjoyeaux. Il est suivi de Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) qui font tous les deux une très belle course. Suivent Brian Thompson (Pindar), Dee Caffari (Aviva), Arnaud Boissières (Akena Verandas) et finalement l'Américain Rich Wilson qui sont dorénavant tous en Atlantique alors que ce dernier vient tout juste de virer le cap Horn à 5200 milles derrière le meneur.

Deux skippers naviguent toujours dans le Pacifique. Raphaël Dinelli (Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport) ferment en effet la marche de ce tour du monde alors que les deux amis qui naviguent pratiquement à vue l'un de l'autre s'approchent doucement de la dernière porte de glace du Pacifique qui leur permettra un virage au sud vers le Cap Horn.

Les positions à 11h00 TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 544

3- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 1002 (11 heures seront à retrancher de son parcours)

4- Marc Guillemot-FRA (Safran), 2066 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

5- Samantha Davies-GB (Roxy), 2113 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

6- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 2423

7- Dee Caffari-GB (Aviva), 2557

8- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 2968

9- Steve White-GB (Toe in Water), 3750

10- Rich Wilson-USA (Great American), 5208

11- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 6903

12- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 7004

13- Vincent Riou-FRA (PRB), Abandon, Démâtage, (Classé 3e par le Jury International)

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), idem, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barres de flèche cassées

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage