Michel Desjoyeaux (Foncia) s'échappe doucement alors que Roland Jourdain (Veolia) panse ses plaies. Ils sont maintenant cinq dans l'Atlantique et sept dans le Pacifique.

Des 30 bateaux partis le 9 novembre des Sables d'Olonne, il n'en reste plus que 12 en course. Beaucoup d'abandons dans des circonstances parfois crève-coeur et qui démontrent à quel point le Vendée Globe fait bande à part en matière de course au large. Démâtages, chavirages, avaries et autres, comme toujours beaucoup partent mais peu finissent. Avec plus ou moins 25 jours avant de voir un gagnant toucher les quais des Sables d'Olonne, et dans le but de mieux connaître les acteurs du dernier tiers de course, voici un survol de ces marins courageux:Michel Desjoyeaux (Foncia): Meneur depuis 26 jours, tout a été dit sur lui. Vainqueur de l'édition 2000, il pourrait devenir le premier double vainqueur de l'épreuve. À force de voir performer « le professeur », on ne peut qu'admirer ce diamant pur de la voile. De l'intelligence, de la finesse, une lecture météo impeccable et encore plus important, une préparation sans faille de son bateau qui, avec l'ami Mich, ne forment qu'un.

Roland Jourdain (Veolia) : Deuxième à 330 milles de Desjoyeaux. Bilou en bave au cours de cette édition, plus particulièrement depuis sa rencontre avec une baleine qui a fissuré son puits de quille. En chantier depuis 3 jours, le triple participant du Vendée Globe avoue dorénavant avoir comme objectif de simplement terminer la course et met de côté ses ambitions de victoire. Il ne peut suivre le rythme alors que la colle sèche. Supposons que son bateau reprenne vie, il sera dès lors trop loin de Desjoyeaux pour tenter quoi que ce soit. Pour gagner, Bilou doit voir Desjoyeaux casser.

Armel Le Cléac'h (Brit Air) : Troisième avec 785 milles de retard. Un des plus beaux espoirs de la nouvelle génération de marins qui émerge. À son premier Vendée Globe, Le Cléac'h ne reçoit que de bons mots. Il a toujours fait partie des meneurs depuis le départ et il a été d'une stabilité digne d'un métronome. À son premier cap Horn à vie ainsi que pour une première dans les mers du sud, Armel ne peut que recevoir des A dans son bulletin.

Samantha Davies (Roxy) : Quatrième avec 1777 milles de retard. Tout a été dit sur l'Anglaise qui habite la France. Toujours enjouée, originale et passionnée par son sport, elle fait une superbe course. C'est la concurrente qui semble le plus s'amuser, peu importe les conditions. À son premier tour du monde en solitaire, on ne peut qu'admirer à quel point elle navigue avec assurance sur un excellent bateau (embarcation gagnante des deux dernières éditions), mais qui commence à vieillir. Elle n'a pas encore terminé cette édition qu'elle parle déjà de la prochaine. Quelque 32 heures seront retirées de son temps total de course à la suite de l'assistance portée à Yann Eliès.

Marc Guillemot (Safran) : Cinquième avec 2 021 milles de retard. Le sauveur de Yann Éliés, malgré des problèmes constants de rail de grand-voile, poursuit sa route. Miraculé de la voile ayant survécu au chavirage de Jet Services IV en 1985, qui avait couté la vie à Jean Castenet, il avait des ambitions de victoires qui se sont évanouies au fil des milles à la suite de ses problèmes techniques. Il se prépare à un mouillage aux Îles Falkland afin de tenter une réparation à son rail : 82 heures seront aussi retirées de son temps de course total à la suite de l'assistance portée à Yann Eliès.

Brian Thompson (Team Pindar) : Sixième avec 2 800 milles de retard. Peut-être la plus grande déception de ce Vendée Globe. Naviguant sur le plus récent et le plus puissant bateau de la flotte, entièrement financé par le royaume de Bahreïn, Thompson n'arrive tout simplement pas à gérer toute la puissance de son étalon. Relativement nouveau et méconnu des amateurs de régate, il a peut-être tenté d'avaler une trop grande bouchée en barrant ce monstre qu'est Team Pindar. Lors des conférences de presse, on le sent fatigué de se battre avec son bateau.

Arnaud Boissières (Akenas Vérandas)

Septième avec 2 985 milles de retard. Ancien skipper professionnel aux Antilles, Boissières n'a jamais prétendu à la victoire. Son expérience en course est parsemée de quelques participations à gauche et à droite dans diverses compétitions sans jamais finir bien haut au classement. Pour Boissières, le Vendée Globe est une aventure et en ce sens, il fait une très belle course en disputant de manière honnête la sixième position avec Thompson et Caffari.

Dee Caffari (Aviva)

Huitième avec 3 015 milles de retard. L'Anglaise ne l'avouera pas mais elle aurait aimé mieux figurer au classement. Première femme de l'histoire à faire un tour du monde en solitaire en sens inverse, donc contre les vents et courants dominants en 178 jours en 2006, Caffari commence à vivre des problèmes d'usure de grand-voile assez sérieux. Les chances de la voir terminer l'épreuve s'amenuisent à chaque couture qui brise au vent.

Steve White (Toe in the Water) Neuvième avec 4 190 milles de retard. Quelle détermination pour cet Anglais qui bâtit son rêve de Vendée Globe depuis maintenant 10 ans! Sans commanditaires et ayant hypothéqué sa maison pour acheter un bateau de 10 ans d'âge, on ne peut que souligner sa belle performance avec pour seul but de terminer l'épreuve. Avec relativement peu de problèmes à bord et naviguant à son rythme, les chances de réussite sont grandes. Il ne s'en cache pas : s'il trouve les fonds, il sera du départ en 2012.

Rich Wilson (Great American) : Dixième avec 5 168 milles de retard. L'Américain professeur de mathématiques de Harvard s'est fait connaître au début des années 80 lors d'épreuves en équipage. Skipper par passion, il réalise un rêve basé sur l'aventure dans ce Vendée Globe. Naviguant sur l'ancien bateau de Thierry Dubois, ses chances de terminer demeurent honnêtes du côté équipement, mais le potentiel de navigation en solitaire de l'Américain semble limité. Les journées ne sont pas toujours faciles, mais à sa défense il a goûté à beaucoup de mauvais temps depuis le départ.

Norbert Sedlacek (Nauticsport) Onzième avec 6 469 milles de retard. Tout juste au début de sa navigation du Pacifique, cet Autrichien qui navigue sur un bateau de 1995 réalise toute une performance quand nous savons que l'Autriche a plus à voir avec le ski que la voile. Ayant abandonné lors de la dernière édition du Vendée Globe en 2004 sur ennuis de quille, le marin a cravaché très dur pour trouver un commanditaire et se prépare depuis trois ans pour cette épreuve. Aventurier avant toute chose, il est trop tôt dans l'épreuve pour Norbert afin d'évaluer ses chances de terminer.

Raphaël Dinelli (Océan Vital) Dernier avec 6 700 milles de retard. Détenteur du nombre record de participations à l'épreuve avec quatre et miraculé de l'édition 1996 alors qu'il avait frôlé la mort par hypothermie, le bonhomme est dur à suivre. Vainqueur de la transat Jacques Vabre en 1997, capable du meilleur comme du pire, Dinelli est dans son monde bien à lui. Pro-environnement et très particulier dans son caractère, il s'est juré de terminer l'épreuve de cette année sans utiliser de carburants fossiles. Je doute fortement de sa capacité à réussir, vu les ennuis constants qu'il endure avec ses panneaux solaires alors qu'il entre dans la partie la plus sombre (au sens propre et figuré) de la course. Personnellement, je trouve le bonhomme dangereux alors qu'il s'est régulièrement retrouvé dans des positions plutôt risquées au fil des ans. Il se retrouverait à l'abandon en plein milieu du Pacifique à 3 000 km de toute terre connue que je ne serais pas surpris.

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