Ils sont dorénavant six marins à naviguer près de la Nouvelle-Zélande et à avoir passé la frontière du Pacifique. À la suite d'une journée empreinte de forts vents et de conditions de mer musclées, une bulle anticyclonique à l'avant fera ralentir les deux bateaux en tête de flotte et permettra à leurs poursuivants de reprendre des milles et un meilleur positionnement pour les jours à venir.

Michel Desjoyeaux maintient sa première position ce matin avec 55 milles d'avance sur Rolland Jourdain (Veolia). Les deux marins à l'avant sont actuellement en phase de ralentissement alors qu'ils se sont heurtés à un petit anticyclone, ce qui ouvre la voie aux concurrents qui naviguent en mode poursuite, soit de Sébastien Josse (BT), présentement troisième avec 175 milles de retard sur le meneur, jusqu'à Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec), en septième position, qui lui est à 965 milles derrière Desjoyeaux.Alors que Desjoyeaux et Jourdain ont joué des cartes plutôt sud dans leurs stratégies de positionnement, les cinq poursuivants les plus rapprochés du duo de l'avant ont tous joué des positionnements beaucoup plus au nord qui leurs seront profitables pour les 24 prochaines heures.

L'avantage est donc aux poursuivants, plus spécifiquement Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléac'h (Brit Air), qui reviennent comme des boomerangs depuis la nuit dernière sur leurs amis de devant. Les deux marins sont largement les plus rapides de la flotte depuis les 24 dernières heures et Armel Le Cléac'h aura même réalisé une des meilleures performances de toute la course avec 439,6 milles de parcourues en 24 heures.

Pour les onze autres marins encore dans l'Océan indien, il n'y aura pas de changements majeurs aujourd'hui. Pour ceux qui sont situés plus près de l'Australie, un léger affaiblissement du vent est prévu, mais le phénomène sera de courte durée. Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), les deux seuls marins sous l'influence de vent relativement faible depuis hier, feront la rencontre d'un beau système perturbé qui générera des vents forts et constants à plus de 35 noeuds qui leur permettront de reprendre un rythme plus soutenu.

Bien qu'aujourd'hui sera propice à une navigation axée sur la vitesse pour la majorité de la flotte, les marins ne perdront rien pour attendre alors que le réveillon de Noël sera carrément sous le signe du mauvais temps des Îles Kerguelen, où se situe la queue de flotte, jusqu'à la Nouvelle-Zélande à la position des meneurs.

Le creux de vent que Jourdain et Desjoyeaux vivent se transformera en dépression orageuse avec une moyenne de 35 noeuds de vent et de très fortes rafales. Dès lors, puisque les poursuivants auront repris beaucoup de milles sur eux aujourd'hui, l'ensemble du petit groupe à l'avant vivra les conditions que les marins détestent le plus soit des changements drastiques de la force et de la direction du vent.

Pendant quelques heures, ils auront à se faire tout petits à l'intérieur de leurs bateaux tout en étant à l'affût de sortir à tout moment sur le pont afin de réduire la toile et se faire arroser d'une belle eau de mer glacée à souhait...

Ajoutez que le réveillon sera à l'image de la semaine à venir et vous avez la totale. On pourra ainsi dire que l'entrée dans le Pacifique ressemblera à l'Indien, qui lui n'est jamais pacifique !

Sur le côté humain des choses, les marins qui en sont à leur 45e jour en mer vivent à l'heure actuelle des moments difficiles. Voilà maintenant un mois et demi que les navigateurs sont seuls à bord à tout faire.

Ils dorment à raison de demi-heures ici et là, mangent peu de nourriture fraîche, vivent 24 heures sur 24 dans un bruit simplement assourdissant, sont constamment secoués par la mer qui frappe le bateau, sont toujours trempés par les vagues qui passent par-dessus le pont et ressentent continuellement un froid humide de la tête aux pieds.

La cerise sur le gâteau : ils n'ont pas vu âme qui vive depuis le 9 novembre.

On serait déprimé à moins ! Le cerveau pas encore totalement habitué à la solitude et loin de leurs familles pour Noël et le jour de l'An : voilà le pire moment de l'épreuve au niveau psychologique, encore plus que lorsque le temps s'annonce mauvais.

L'analyse des aventures en solitaire passées démontre que les choses se placeront pour eux à ce niveau, mais en ce moment, même si plusieurs tentent de le cacher, c'est une phase difficile, particulièrement pour les moins expérimentés.

Pour combattre le phénomène, plusieurs marins ont de véritables réveillons de Noël embarqués à bord : en passant par les cadeaux déposés en cale avant le départ par les familles, le sapin, les décorations et finalement jusqu'au repas du réveillon, vraiment tout y est.

Avec les mauvaises conditions prévues et cette fatigue qui s'accumule, souhaitons-leur pour une fois pendant la course, que Miss Météo se trompe et retarde les violents coups de vent prévus afin qu'ils puissent reprendre un peu leur souffle et profiter du moment... Après tout, ils sont seulement à 22 000 kilomètres de la maison...

Vidéos :

Dominique Wavre lance la balise Argonautica (Projet pour les enfants)

Samantha Davies décore son Roxy pour Noël

Roland Jourdain nous parle de sa vision du magasinage de Noël

Les positions à 15h TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 50

3- Sébastien Josse -FRA (BT), 153

4- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 168

5- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 375

6- Vincent Riou-FRA (PRB), 416

7- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 960

8- Samantha Davies-GB (Roxy), 1509 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

9- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1573 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

10- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 1871

11- Dee Caffari-GB (Aviva), 1952

12- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 1966

13- Steve White-GB (Toe in Water), 2524

14- Jonny Malbon-GB (Artemis), 3020

15- Rich Wilson-USA (Great American), 3102

16- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 3254

17- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 4018

18- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 4130

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Abandon, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barre de flèche cassée

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage