Avec 5 heures d'avance, la frégate australienne Arunta est finalement arrivée sur les lieux afin de porter secours au marin Yann Eliès dans une houle bien formée. Deux sauveteurs et un médecin sont montés à bord de Generali afin de procéder au transfert d'Éliés et de lui prodiguer des soins.

Marc Guillemot (Safrans) et Samantha Davies (Roxy), amis personnels d'Eliès, auront finalement joué un grand rôle de motivation et de support psychologique au skipper de Generali pendant les 48 heures qui ont été nécessaires à l'arrivée de la frégate de secours dans la zone immédiate du marin mal en point.  

Guillemot aura convaincu Eliès de se déplacer à l'intérieur de son bateau afin d'aller récupérer la morphine nécessaire pour soulager ses douleurs. Il a aussi travaillé directement sur le plan d'eau en étant en communication avec la marine australienne et coordonnant l'embarquement des sauveteurs à bord de Generali.

 

De son côté, Samantha Davies, malgré son impossibilité d'arriver dans la zone immédiate du blessé dû aux conditions de mer et de vent, aura par contre été en communication régulière avec Eliès et nous ne pouvons qu'admirer son entêtement à ne pas reprendre sa route normale tant et aussi longtemps qu'elle ne savait pas le marin en sécurité. 

 

Vidéo (anglais) de Samantha Davies dans le vent mou en attente de nouvelles de Yann Eliès

 

La marine australienne a accosté le bateau d'Eliès à l'aide d'un Zodiac semi-rigide et 2 marins ainsi qu'un médecin sont montés à bord. Ils lui ont prodigué les premiers soins et immobilisé sa jambe en vue de son transfert sur la frégate.

 

Ils ont finalement placé le marin dans un brancard et l'ont transféré avec le plus de douceur possible sur la frégate dans une houle difficile de plus de 5 mètres.

 

Marc Guillemot, qui a filmé l'opération de sauvetage, trépignait de soulagement et soulignait via radio satellite :

 

" Yann est à bord de la frégate. Il a été récupéré et il est désormais entre les mains des médecins. Pendant toutes les manipulations, les sauveteurs se sont comportés en vrais professionnels. Des dauphins sont même venus se mêler à la fête! C'était vraiment sympa. Les Australiens ont fini de préparer Yann pour son transfert. Ils l'ont placé dans une espèce de coquille de transfert. Yann portait un casque. Les conditions étaient difficiles, car même si le vent est tombé à 10 noeuds, la mer n'est pas facile, il y a de la houle. C'est très émouvant. On joue les gros durs dans ce Vendée Globe, mais on reste des boules de sensibilité. Je ne suis pas superstitieux, mais l'arrivée de dauphins pendant la manoeuvre, c'était magique! Bravo aux sauveteurs!"

 

Le bateau d'Eliès a été laissé en mer sous configuration sécuritaire de façon à ce que l'équipe Generali puisse envoyer une équipe de récupération et rapporter le bateau à bon port. Les courants marins ainsi que les vents dominants feront dériver le bateau dans la bonne direction et sous sa configuration actuelle, l'équipe Generali n'est pas trop inquiète de voir le bateau sombrer.

 

Vidéo du sauvetage de Yann Eliès par la marine australienne

 

En tête de course, Michel Desjoyeaux (Foncia) continue d'imposer une cadence absolument infernale au groupe de meneurs alors qu'il est officiellement depuis ce matin dans l'Océan pacifique.

 

En fait, le rythme imposé est digne du métronome. Lorsqu'il a pris les commandes de la course à la suite du démâtage de Mike Golding (Ecover), Desjoyeaux et ses 3 amis dans le groupe de tête se maintenaient à l'intérieur de 115 milles nautiques.

 

Sans faire de bruit, alors que toute l'attention était portée sur les problèmes de Yann Eliès, Desjoyeaux, suivi de près par Roland Jourdain (Veolia) aura renforcé son avance et les 4 amigos devant sont dorénavant à l'intérieur d'une distance de 170 milles.

 

Rolland Jourdain (Veolia) cumule un retard de 61 milles alors que Sébastien Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux) sont respectivement à 148 et 166 milles derrière.

 

À moins que Desjoyeaux ne joue un superbe bluff, il maintient un routage et une configuration optimale de navigation qui lui permettent sans trop d'efforts (selon ses dires) de maintenir un rythme plus élevé que ses concurrents et de cumuler une moyenne de vitesse supérieure aux autres par 1 noeud, ce qui explique que le marin, petit à petit, prend de plus en plus de distance à l'avant.

 

Une chose est certaine, les grands architectes maritimes sont certainement perplexes en ce moment.

 

Depuis toujours, les chances de victoires ont été associées à des bateaux récents avec les plus récents développements technologiques. Le groupe de tête est constitué de deux bateaux qui ont été construits spécifiquement pour ce Vendée Globe en l'occurrence le Foncia de Michel Desjoyeaux et le BT de Sébastien Josse alors que Jean Le Cam navigue sur son VM Matériaux vieux de 4 ans tandis que Rolland Jourdain en est à son troisième Vendée Globe sur le même bateau.

 

Certes, les bateaux de Jourdain et Le Cam ont été améliorés, mais force est d'admettre que jusqu'à ce jour, les derniers modèles ne laissent pas leurs ancêtres très loin dans leur sillage.

 

Ce sera une journée d'accalmie pour l'ensemble de la flotte avec pour une des rares fois dans le Grand sud, un peu de soleil, qui réchauffera le coeur et remontera le moral des skippers qui ne perdent rien pour attendre en terme météo puisque les prochaines dépressions sont déjà formées devant et derrière et seront sur la flotte dans les 24 à 48 prochaines heures.

 

C'est donc le temps des réparations et du repos alors que sous peu la flotte sera dans la phase très grande vitesse de la course : le Pacifique sud et son énorme houle, unique au monde.

 

Les positions + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

 

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 60

3- Sébastien Josse -FRA (BT), 148

4- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 166

5- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 355

6- Vincent Riou-FRA (PRB), 400

7- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 868

8- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1232 en détournement autorisé vers Generali

9- Samantha Davies-GB (Roxy), 1261 en détournement autorisé vers Generali

10- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 1328

11- Dee Caffari-GB (Aviva), 1770

12- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 1828

13- Steve White-GB (Toe in Water), 2376

14- Jonny Malbon-GB (Artemis), 2685

15- Rich Wilson-USA (Great American), 2796

16- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 3079

17- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 3681

18- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport),  3765

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Abandon, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos),  idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barre de flèche cassée

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage  

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage