Les concurrents à l'arrière de la flotte vivent leur troisième période de gros temps depuis six jours. Ceux devant sont en plein coeur de la première. Bernard Stamm (Cheminée Poujoulat) quitte la course à la suite d'ennuis de safran. Pendant ce temps, la tête de flotte commence à se morceler.

Que d'événements dans les dernières 48 heures. Après l'abandon de Dominique Wavre, voilà l'autre suisse de la course, Bernard Stamm, qui fort d'une remontée spectaculaire depuis son deuxième départ des Sable D'Olonne, se voit contraint à l'abandon.Stamm avait modifié sa trajectoire vers les Kerguelen samedi matin alors qu'il avait remarqué un bris des roulements à billes de ses deux safrans afin de tenter une réparation. Son arrivée dans les Kerguelen s'est faite par 40 noeuds de vent et lorsqu'il a tenté de s'amarrer dans une baie les choses ont mal tourné.

La quille de son bateau s'est prise dans les algues et Stamm a perdu le contrôle de son voilier qui s'en est allé directement s'échouer sur les rochers. De là, une opération d'urgence menée par des membres de la base scientifique française installée en permanence sur l'île s'est mis en branle et le Suisse, du même coup, se retrouve désormais hors course puisqu'il a reçu assistance.

Les dernières nouvelles ce matin indiquaient qu'on avait réussi à retirer le bateau de sa mauvaise posture et qu'il est maintenant à quai, mais avec une importante voie d'eau à l'arrière. Il s'agit donc du 9e abandon sur 30 embarcations.

C'est 30 % de la flotte hors course avec encore plus de 50 jours à faire.

Si 35 à 40 % des concurrents ne finissent pas le Vendée Globe après un peu plus du tiers de la course de fait, force est d'admettre que les marins poussent leurs bateaux beaucoup plus que dans les éditions passées.

Combien en restera-t-il à l'arrivée aux Sables d'Olonne en février ?

À l'avant du peloton, il est clair que certains jouent les cartes de la vitesse afin de tenter une échappée. Alors que les dix premiers étaient à l'intérieur de 160 milles nautiques jeudi dernier, ils sont maintenant trois à l'intérieur de 100 milles nautiques et le groupe des dix s'étale dorénavant sur une distance de plus de 350 milles.

C'est toujours Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) qui mène le bal sur Mike Golding (Ecover) et Roland Jourdain (Veolia), deuxième et troisième, avec respectivement 77 et 97 milles de retard sur Dick.

Les conditions de navigation sont difficiles dans l'Océan indien.

La mer est toujours croisée et maximiser la vitesse dans ces conditions veut dire faire souffrir le bateau. Bien que les marins positionnent leurs embarcations de manière à profiter du maximum de surfs possibles (donc d'un maximum de vitesse), le bateau prend régulièrement une vague de travers et tape dans celle-ci en vibrant de toute sa structure avec un son absolument assourdissant.

C'est pourquoi plusieurs membres du groupe des dix considérant que le rythme dicté par Jean-Pierre Dick étant trop agressif ont tout simplement décidé de lever le pied et attendent l'arrivée dans le Pacifique, dans des mers pratiquement non croisées, afin de remettre le pied sur l'accélérateur.

Ceux qui ont franchement fait ce choix sont Armel Le Cléac'h (Brit Air), maintenant à 289 milles de la tête de course, Vincent Riou (PRB) à 299 milles, Marc Guillemot (Safran) à 343 milles et finalement Yann Éliés (Generali) à 351 milles.

La vision actuelle de ces marins leur indique la prudence puisqu'ils savent pertinemment bien que ce retard sur le meneur ne signifie pas la disparation de leurs chances de victoire et que, tôt ou tard, la météo fera ralentir le groupe de tête et qu'ils combleront une bonne partie du recul accumulé.

Cela dit, la question se pose.

Les six premiers sont à l'intérieur de 169 milles et poussent la machine avec la conviction de respecter leurs bateaux tout en maintenant une vitesse effrénée qui tourne autour de 18-19 noeuds de moyenne (35 km/h). Est-ce que les six briseront? Sûrement pas.

Les deux visions s'affrontent et qui vivra verra, dit-on...

Et voilà que ces visions se rejoindront donc dans le gros temps mode Grand sud.

La queue de flotte vivra sa 3e tempête en moins de 6 jours dès cet après-midi alors que la première qu'ils ont subie est à rejoindre le groupe de tête.

Vincent Riou (PRB) lors de la communication radio de ce matin était sous 35 noeuds de vent et celui-ci ira en se renforçant pour toucher 45 noeuds de moyenne avec rafales à 65 noeuds (120 km/h) dans des vagues avec des creux moyens de 8 à 10 mètres qui enlèvent totalement aux marins la possibilité de regarder derrière leurs bateaux pour voir ces montagnes d'eau.

Le Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada) est en voie de vivre sa troisième dépression majeure de la course. Les écrits du marin au cours des 48 dernières heures ne font aucun doute. Le Canadien en a plein la gueule du mauvais temps et son expérience limitée en solitaire le défavorise dans ces conditions. Il s'est offert 50 noeuds de vent moyen pendant 10 heures samedi qui l'ont vidé physiquement et psychologiquement.

Chapeau à Hatfield qui, têtu, poursuit son chemin malgré plusieurs mauvais choix de toile et de direction qui l'ont amené beaucoup plus au coeur de la tempête qu'en périphérie. Il est intéressant de lire les commentaires du Canadien qui avoue sa peur de l'inconnue tout en soulignant à quel point le Grand sud est navigable seulement dans la plus grande humilité.

Sympathique le Torontois. Et réaliste...

Une dernière tempête au menu avant une accalmie pour les derniers... La première de trois cette semaine pour les meneurs de la course, alors faites vos jeux. ..

Les choses changent beaucoup trop vite pour prédire quoi que ce soit sur un parcours n'ayant pas été créé pour la race humaine.

Suivez la position des skippers

Les positions + retard sur le 1er (milles nautiques)

1- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac)

2- Mike Golding-GB (Ecover), 77

3- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 97

4- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 107

5- Sébastien Josse -FRA (BT) 128

6- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 162

7- Vincent Riou-FRA (PRB), 289

8- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 289

9- Yann Eliès-FRA (Generali), 343

10- Marc Guillemot-FRA (Safran), 351

11- Samantha Davies-GB (Roxy), 851

12- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 941

13- Dee Caffari-GB (Aviva), 1278

14- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 1319

15- Steve White-GB (Toe in Water), 1729

16- Jonny Malbon-GB (Artemis), 2023

17- Rich Wilson-USA (Great American), non localisé

18- Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), 2278

21- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 2552

22- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 3026

21- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 3075

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), Abandon, échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), Abandon, Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), Abandon, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, barre de flèche cassée

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage