Le Tour de France offre aux coureurs leur première journée de repos lundi à Limoges, mais les forçats de la route ne s'arrêteront pas pour autant, et iront rouler quelques heures, sur un rythme tranquille dans la campagne limousine.

«Pour les coureurs en forme, le jour de repos est une mauvaise chose, pour les blessés et les malades, c'est une bonne chose», résume Jean-René Bernaudeau, le manageur de Bouygues Telecom, expliquant que le plus difficile est d'arriver à se reposer sans perdre le rythme de la course. La seconde journée de repos, exigée par le règlement des courses de trois semaines, sera observée lundi 20 juillet à Verbier (Suisse).

Pourquoi les coureurs ne profitent-ils pas du jour de pause pour se reposer vraiment?

Tous les coureurs le disent, un jour de repos mal géré peut coûter très cher le lendemain. L'organisme d'un professionnel, machine réglée au millimètre, est habitué à un rythme de vie et d'effort régulier. Il faut à tout prix éviter de casser ce rythme, pour ne pas mettre en route un processus très naturel de décompression, accompagné d'un relâchement psychologique. Les directeurs sportifs demandent donc à leurs coureurs de rester concentrés sur la course, et surtout de rouler quelques heures, pour évacuer les toxines accumulées les jours précédents et éviter le syndrome des «jambes dures» du lendemain matin.

Quel est le programme d'un jour de repos?

Toutes les équipes ou presque observent le même programme. Lever à heure libre, et petit déjeuner léger, c'est-à-dire sans les pâtes et les protéines des jours de course. Ensuite, sortie à vélo à 30 km/h, entre une heure trente et trois heures selon les sensations de chacun. L'après-midi, les uns reçoivent leur famille, d'autres se détendent ou font la sieste. Et à partir de 16 ou 17h00, les équipes regroupent leurs coureurs pour les remettre dans le rythme de la course, avec massages, soins, et dîner avec l'apport énergétique nécessaire à l'étape du lendemain.

Quels sont les pièges à éviter?

Essentiellement les excès alimentaires. Le coureur, habitué à ingurgiter jusqu'à 7500 ou 8000 kilocalories par jour pendant la course, a tendance à craquer sur les sucreries ou le chocolat le jour de repos. L'organisme, qui fournit un effort moindre qu'à l'accoutumée, s'alourdit et se fatigue inutilement. Les médecins conseillent aussi aux coureurs de ne pas rester debout trop longtemps. Psychologiquement, il faut éviter autant que possible de se disperser et de «sortir de la course».

Le jour de repos est-il une façon de limiter les risques de dopage?

Oui et non. Evidemment, une meilleure récupération limite les risques d'épuisement, et la tentation de tricher pour tenir le coup. Pour autant, on se dope autant pour courir le 100 mètres que pour faire le Tour de France, ce qui semble démontrer que la difficulté d'un sport n'est pas la seule, ni même la principale raison, de recourir aux produits interdits.