Le synacthène, un médicament soupçonné de faire partie de la pharmacopée obscure du peloton depuis 40 ans, est dans la mire des contrôleurs du Tour de France qui disposent enfin cette année d'un test de détection, selon les informations obtenues par l'AFP auprès des instances antidopage.

Réputé pour ses effets euphorisants qui permettent de mieux résister à l'effort et de calmer les sensations de douleurs, l'ACTH, plus connu sous le nom de synacthène, n'a jamais donné lieu à un contrôle positif et pour cause, même si son nom revient souvent dans les confessions de coureurs repentis ou dans les saisies faites de produits dopants.

L'histoire pourrait changer. Un laboratoire de Cologne (Allemagne), pionnier dans la lutte antidopage, a mis au point un test de détection, ce qui a incité l'Union cycliste internationale (UCI) à le rajouter dans la batterie d'analyses pratiquées sur la Grande Boucle.

«Ce test a déjà été utilisé auparavant, lors de compétitions en Allemagne l'an dernier», explique le Dr Mario Thevis, son concepteur. «Il se base sur l'analyse d'échantillons urinaires, mais peut être aussi utilisé avec des échantillons sanguins».

En matière de dopage, les experts s'accordent pour dire que le synacthène, qui est délivré sur ordonnance uniquement, est loin d'être le «produit miracle». C'est surtout couplées à des corticoïdes et à des stéroïdes anabolisants comme la testostérone que des injections de ce stimulant de la glande surrénale peuvent être intéressantes, car elles permettent de potentialiser les effets.

Mésaventure belge



«Cela fait quarante ans qu'il va dans les fesses des sportifs», avance le Dr Jean-Pierre de Mondenard, ancien contrôleur dans le milieu cycliste.

Dans son ouvrage, Dictionnaire du dopage, il recense plusieurs épisodes mettant en scène l'ACTH dans le cyclisme et le football, dont la mésaventure du Belge Ludo Dierckxsens, qui avait été évincé du Tour 1999 par son équipe après avoir innocemment confié au contrôleur antidopage qu'il avait pris du synacthène pour traiter une tendinite au genou.

Si un test de détection a mis autant de temps à voir le jour, ce n'est pas uniquement parce que la priorité de la recherche était mise sur des produits dopants vedettes comme l'EPO ou l'hormone de croissance.

«La recherche d'un test du synacthène était considérée comme pertinente et importante. Mais la première méthode se basait sur des échantillons de sang, et ceux-ci n'étaient pas aussi fréquents auparavant», souligne le Pr Thevis, qui a commencé son projet de recherche en 2006.

«Les conditions de collecte des échantillons sanguins et leur conservation étaient également matière à critiques, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui avec l'harmonisation des protocoles», précise le scientifique.

Le Dr Mondenard lui voit le synacthène comme «l'exemple parfait» des lacunes des statistiques: «Dire 'il n'y a que 1% de positifs lors des contrôles' est au minimum une hypocrisie et au maximum une impéritie».