L'Espagnol Alberto Contador fait figure de grand favori du Tour de France 2009 qui s'élance samedi de Monaco. Mais il ne sait pas véritablement si Lance Armstrong, son coéquipier de la formation Astana, sera un fidèle compagnon de route ou un adversaire supplémentaire pour le titre.

Absent de la Grande Boucle depuis 2005 et sa septième victoire record, Armstrong revient sur le terrain de ses exploits après plus de trois ans de retraite sportive.

«Nous avons vraiment un favori net (Contador) dont nous pouvons dire qu'il est meilleur que les autres concurrents. Personne ne veut perdre, je ne vais pas agir de façon irresponsable», a garanti Armstrong, bien remis d'une fracture de la clavicule droite endurée lors du Tour de Castille et Leon au printemps.

«Ni Levi (Leipheimer), ni (Andreas) Kloeden ne le feront. Et à la fin de la journée, nous devrons suivre les ordres du directeur d'équipe.»

Grimpeur émérite, Contador aura tout intérêt à marquer son territoire dès le contre-la-montre individuel de 15,5 kilomètres d'ouverture de l'épreuve samedi à Monaco où il portera le numéro 21 de leader de la formation Astana. Car Armstrong a prévenu qu'il n'est pas venu jouer les vedettes américaines sur les routes du Tour, après un Giro d'échauffement où il s'est classé douzième.

«Je sais où j'en suis. J'ai étudié de très près mes performances à l'entraînement, a souligné le Texan de 37 ans. Je ne suis pas sûr de pouvoir gagner, mais je peux vous dire que la personne qui pense que je serai dixième (au classement général), elle a tout faux. Les indications que j'ai en entraînement et les tests que j'ai faits me disent que ma condition est bonne.»

Vainqueur du Tour en 2007, privé de course l'an dernier en raison de l'absence d'Astana jugée indésirable par les organisateurs pour des affaires de dopage, Contador laisse entendre que ce Tour est taillé à sa mesure.

«C'est un Tour qui demande d'être performant dès le premier jour et jusqu'au Ventoux», avait déclaré l'Espagnol de 26 ans, lors de la présentation de l'épreuve. Le «Géant de Provence» se dressera en juge de paix sur la route du peloton le samedi 25 juillet à la veille de l'arrivée sur les Champs-Elysées. Il est l'une des trois arrivées en altitude, avec Andorre-Arcalis, premier grand rendez-vous de montagne dans les Pyrénées au bout d'une semaine de course, avant celui de Verbier en Suisse lors de l'arrivée dans les Alpes en fin de deuxième semaine de l'épreuve.

«Lorsque nous arriverons au Ventoux, je pense que le classement général sera déjà bien établi, bien que cette ascension apporte toujours des changements de position», avertit Contador.

Contador a rejoint un prestigieux «quarteron de généraux» du cyclisme en s'offrant le triplé dans les grands Tours, après ses sacres en 2008 dans le Giro et la Vuelta, venus compléter sa Grande Boucle 2008 victorieuse.

Carlo Sastre, l'Espagnol tenant du titre, s'élancera samedi avec le dossard 1 à l'assaut des 3460 kilomètres de course, marqués par le retour du contre-la-montre par équipe pour la première fois depuis 2005. Outre la Suisse, l'Italie sera elle aussi traversée, mais sans Alejandro Valverde suspecté de dopage et interdit de course dans ce pays, ce qui laisse sur le carreau le récent vainqueur du Dauphiné libéré.

L'Australien Cadel Evans (Silence-Lotto), toujours placé mais jamais gagnant, le Russe Denis Menchov (Rabobank) récent vainqueur du Giro, l'Américain Christian Vande Velde (Garmin-Slipstream) cinquième l'an dernier et surtout le Luxembourgeois Andy Schleck (Saxo Bank) font partie des principaux rivaux du duo Contador-Armstrong.

Excellent grimpeur, Andy Schleck, désormais libéré de la présence de Sastre devenu leader de la nouvelle équipe Cervelo, aurait pu viser la victoire finale l'an dernier sans une fringale survenue sur les hauteurs d'Hautacam.

Menchov, Evans et Sastre semblent une pointure en dessous de Contador, par manque de prise de risque offensif - pour l'Australien notamment -, même si le Russe a déclaré pouvoir «gagner» samedi à la veille du départ de Monaco.

«Je me sens bien, je suis détendu et confiant. Ce sera dur mais je pense pouvoir gagner», a-t-il dit.

Si le retour du contre-la-montre par équipe de Montpellier ravit la puissante formation Astana, la décision des organisateurs de courir deux étapes sans oreillettes n'enchante guère son directeur sportif Johan Bruyneel, qui a bâti les succès d'Armstrong à l'US Postal puis à la Discovery Channel à coups de précieuses indications radios distillées aux coéquipiers.

La lutte contre le dopage restera la priorité de l'Union cycliste internationale (UCI) et de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) qui prélèvera les échantillons. Dans le cadre de son programme du passeport biologique, l'UCI va particulièrement cibler un groupe de 50 coureurs, sur la base de leurs résultats ou parce que leurs profils hématologiques ont élevé des soupçons.

L'équipe Quick Step a annoncé vendredi que la Chambre arbitrale du sport (CAS) a autorisé son sprinteur Tom Boonen à participer à l'épreuve, malgré un contrôle positif à la cocaïne.

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a souhaité vendredi «une lutte très active contre le dopage» et prévenant que les contrôles se «multiplieront» et que Lance Armstrong sera «particulièrement surveillé». Le Texan survivant d'un cancer a été à plusieurs reprises suspecté de prise de produits interdits.