La course à la direction de l'ADQ a suscité bien peu d'engouement, mais son issue donne lieu à un certain suspense. Car la lutte s'annonce serrée. Les trois candidats en lice s'attendent à ce qu'un deuxième tour soit nécessaire pour déclarer un vainqueur.

À compter de 8h ce matin et jusqu'à 15h dimanche, les 13 600 membres de l'ADQ votent par téléphone - au coût d'un dollar - pour élire le successeur de Mario Dumont. Ils devront sélectionner un premier choix parmi les candidats, puis un deuxième.

Les résultats seront dévoilés dimanche, vers 16h, dans le cadre d'un congrès à la direction, à Québec. Si aucun aspirant ne recueille la majorité des suffrages au premier tour, le candidat ayant obtenu le moins de votes sera écarté. Les votes de deuxième choix des militants qui l'ont appuyé seront utilisés pour le second tour.

«Ce que mon pointage me dit, c'est qu'il n'y aura pas un gagnant au premier tour», a affirmé le candidat Éric Caire. Il dit recueillir 45% des intentions de vote, contre 35% pour Gilles Taillon et 20% pour Christian Lévesque.

Son principal adversaire a un tout autre «pointage». Gilles Taillon estime qu'un peu plus de 50% des militants sont prêts à l'appuyer. «C'est très possible que ça aille au deuxième tour», a-t-il toutefois reconnu.

Pour Christian Lévesque, le résultat de l'élection «risque d'être une surprise». «Si je passe le premier tour, on a de grandes chances de l'emporter», a-t-il dit. Son organisation fait le pari que les partisans d'Éric Caire et de Gilles Taillon le sélectionneront comme deuxième choix en raison de la chicane qui a opposé les deux candidats.

MM. Taillon et Caire croient quant à eux que le deuxième choix des partisans de Christian Lévesque sera déterminant. Ils s'attendent en effet à ce que M. Lévesque soit écarté au premier tour.

L'ex-député de Lévis dit avoir été «courtisé» par ses deux adversaires, qui lui ont demandé de lancer un mot d'ordre à ses partisans au sujet du deuxième tour. Mais les chicanes «m'ont enlevé tout goût d'envoyer un message à mes collègues sur un deuxième choix», a affirmé M. Lévesque. Gilles Taillon reconnaît avoir courtisé M. Lévesque, sans succès. Éric Caire le nie. Ce dernier fera de M. Lévesque son deuxième choix «personnel». Aucun camp n'a invité ses partisans à appuyer l'un ou l'autre des candidats au deuxième tour.

Éric Caire a fait la campagne la plus modeste avec des dépenses de près de 30 000$, contre 40 000$ pour Christian Lévesque et 75 000$ pour Gilles Taillon. Ce dernier a récolté le plus de dons, 100 000$. Vingt-cinq pour cent des sommes recueillies par les candidats vont dans les coffres du parti.

Le nombre de membres a peu augmenté, passant de 12 000 à environ 13 600. C'est loin de l'objectif que s'était fixé le président du parti, Mario Charpentier.

La course à la direction a connu un départ difficile avec le rejet de la candidature de Jean-François Plante, qui a crié à l'injustice. La direction de l'ADQ a expliqué que M. Plante n'a pas recueilli les 1000 signatures requises.

Le premier débat a retenu l'attention, surtout en raison du ton agressif adopté par Éric Caire, un style qui tranche avec le décorum régnant d'habitude dans ce genre d'exercice.

Puis, Gilles Taillon a accusé son adversaire d'avoir «falsifié» son CV, allant jusqu'à lui demander de se retirer de la course. Peu de temps après, il a annoncé que son cancer de la prostate est réapparu. Il a décidé néanmoins de rester dans la course, laissant son équipe mener la campagne à sa place. Éric Caire a protesté, demandant à la direction du parti si M. Taillon peut rester candidat.

Un débat sur les ondes de V donnait la chance aux candidats de se faire valoir, mais c'est leur ancien chef Mario Dumont qui a volé la vedette.