Le député libéral Michael Ignatieff dispose déjà d'une organisation tellement bien huilée que certains stratèges libéraux n'écartent pas l'idée qu'il remporte la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) dès le premier tour.

Cela explique en partie la virulente sortie de son rival libéral, Bob Rae, qui a refusé de participer à un débat à Toronto en fin de semaine organisé par l'aile ontarienne du PLC parce qu'il se déroulait derrière des portes closes, à l'abri des regards des médias. M. Rae, qui est arrivé troisième lors de la dernière course remportée par Stéphane Dion, a vertement critiqué M. Ignatieff parce qu'il a refusé de permettre aux journalistes de couvrir l'événement. Le troisième candidat dans cette course, Dominic LeBlanc, était favorable à ce que le débat ait lieu en public.«Michael Ignatieff est clairement en avance. L'establishment du parti est solidement derrière lui. Le caucus libéral l'appuie majoritairement. Une victoire au premier tour est possible», a expliqué une source libérale. Âgé de 61 ans, M. Ignatieff était également le meneur de la dernière course avant de se faire coiffer au quatrième tour de scrutin par Stéphane Dion. Mais cette fois-ci, un tel revirement semble peu plausible d'autant qu'il n'y aura vraisemblablement que trois candidats qui tenteront de succéder à M. Dion. En 2006, une dizaine de candidats s'étaient fait la lutte.

Martin Cauchon, ancien ministre de la Justice dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien, a passé les trois dernières semaines à jauger ses appuis. Mais Le Devoir rapportait la semaine dernière qu'il ne serait pas candidat. M. Cauchon devrait confirmer ses intentions demain.

S'il décide de ne pas plonger dans la course, ce serait la première fois en plus de 40 ans qu'aucun candidat issu du Québec ne brigue la direction du Parti libéral.

«L'establishment du parti a clairement décidé que le prochain chef ne viendrait pas du Québec cette fois-ci», a affirmé une source libérale bien au fait des tractations au sein du PLC. Après avoir vu leurs trois derniers chefs - Jean Chrétien, Paul Martin et Stéphane Dion - venir du Québec, de nombreux militants estiment que l'heure de choisir un leader d'une autre région du pays a vraiment sonné. Et Michael Ignatieff semble d'ores et déjà favori pour remporter la couronne.

Élu pour la première fois aux Communes aux élections de janvier 2006, M. Ignatieff s'est d'ailleurs assuré de l'appui de députés libéraux influents de l'Ontario au cours des dernières heures. En effet, les jeunes députés Mark Holland et Navdeep Bains, reconnus pour leurs talents d'organisateurs, appuient la candidature de M. Ignatieff. Ils avaient appuyé le nouveau député libéral de Toronto, Gerard Kennedy en 2006. Ce dernier a renoncé à être de nouveau candidat la semaine dernière. M. Ignatieff peut aussi compter sur l'appui du député libéral de Terre-Neuve, Scott Simms et de l'ancien député Omar Alghabra, défait aux élections du 14 octobre.