Lorsqu'elle a appris, la semaine dernière, qu'elle serait libérée des accusations de méfait et de complot qui pesaient sur elle, Liza Perreault s'est d'abord sentie soulagée. Mais la colère l'a bientôt envahie. Et, surtout, un grand besoin de justice.

Liza Perreault, petite rouquine de 25 ans, fait partie des nombreux Québécois arrêtés en marge du sommet du G20 de Toronto, au mois de juin dernier. Hier, quatre mois plus tard, la Couronne a retiré les accusations qui pesaient sur elle et sur une centaine d'autres Québécois.

«Les accusations sont peut-être effacées, mais ce qu'on a vécu, ça ne s'efface pas», a dit Liza Perreault, hier après-midi, lors d'un point de presse organisé par quelques-uns de ses compagnons d'infortune devant le palais de justice de Montréal.

Mme Perreault se souvient parfaitement de son arrestation, le matin du 27 juin, dans le gymnase de l'Université de Toronto. Des 62 heures passées dans une «cage». De la fouille à nu. De l'eau sale que lui tendaient les policiers. Des vomissures au sol.

«On m'a arrêtée sans que je sache pourquoi. On m'a détenue sans que je sache pourquoi. On m'a tenue pendant des mois en attente d'un procès sans que je sache pourquoi. Et finalement, on me dit que c'était pour rien», a déploré Liza Perreault, aussi porte-parole du Regroupement des arrêtés du G20 (RAG20).

Louis-Philippe De Grandpré, 22 ans, ressent lui aussi une grande frustration quand il songe au traitement qu'on lui a réservé en prison. Les mains liées avec une attache de plastique, il ne pouvait dormir en raison du froid, de la lumière et des coups de bâton dans les barreaux.

«Tout ça, c'était juste pour nous empêcher de manifester à la deuxième journée du sommet», a déploré l'étudiant en sciences politiques, qui a lui aussi été libéré de l'accusation de complot qui pesait sur lui.

»Manque de rigueur»

Selon Marie-Ève Blais, porte-parole de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), cette «volte-face de la Couronne» démontre le «manque de rigueur et le comportement ahurissant des services de police dans le cadre des opérations de sécurité entourant le sommet». La CLAC avait organisé un service de transport et d'hébergement lors du G20.

«Il est désormais évident que les arrestations massives au gymnase étaient gratuites et arbitraires, qu'elles visaient à terroriser les manifestants et à les décourager d'exercer leur droit de manifester», a déclaré Mme Blais.

Selon elle, les autorités veulent également fragiliser les mouvements de dissidence politique, sur le plan moral comme financier. Elle souligne que le processus judiciaire est long et coûteux pour les manifestants.

La CLAC et le RAG20 ont demandé hier que les 20 Canadiens qui sont toujours accusés à la suite des manifestations contre le G20 soient eux aussi relaxés. Les deux organisations ont une fois de plus demandé une enquête publique sur les agissements des policiers. «On veut que les gens qui sont responsables de ce qu'on a vécu soient tenus responsables», a dit Liza Perreault, du RAG20.

Le Bureau du directeur indépendant de l'examen de la police en Ontario, qui a reçu plus de 300 plaintes, ouvrira sous peu une enquête. La police de Toronto procède à une révision interne et deux demandes de recours collectif ont été déposées.