Les nombreuses arrestations préventives faites en marge du G20 de Toronto feront l'objet d'une audience de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) de l'Organisation des États Américains (OÉA) le 25 octobre, ont annoncé ce matin la Ligue des droits de et libertés, la Clinique internationale de défense des droits humaines de l'UQÀM (CIDDHU) et la Fédération internationale des droits de l'homme.

«Après le G20, on a demandé une enquête publique et on est toujours sans nouvelles. On a décidé de se tourner vers des instances internationales», explique Nicole Filion, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés.

Plus de 100 jours se sont écoulés depuis les arrestations faites en marge de la réunion du G20 de Toronto. «On sait qu'il y a eu des arrestations massives et arbitraires, fondées sur des préjugés. Les gens n'ont pas été arrêtées pour un crime, mais plutôt pour mettre fin à une manifestation», croit Lucie Lemonde, professeure au Département des sciences juridiques de l'UQÀM.

Selon Mme Lemonde, 1100 personnes ont été arrêtées, un record à l'échelle du Canada : c'est deux fois plus que lors de la crise d'Octobre ou que lors du Sommet des Amériques de Québec. Depuis, 800 personnes ont été relâchées sans accusations. Certaines personnes accusées ont aussi vu leurs accusations retirées, et plusieurs procédures ont été suspendues.

«La police a fait des fouilles abusives, les personnes arrêtées n'ont pas eu leurs droits, n'ont pas pu contacter leurs proches ou leur avocat. Il y a des témoignages qui disent que les policiers ont tenu des propos injurieux, haineux ou sexistes», énumère Mme Lemonde.

À défaut de pouvoir, par une commission d'enquête, déterminer quelles ont été les consignes données aux corps policiers avant la manifestation et qui sont les responsables de ces arrestations massives, les organisations de droits de l'homme espèrent, grâce à l'OÉA, pouvoir entamer un dialogue avec le gouvernement.

L'OÉA, qui regroupe 35 États-membres, est une organisation régionale basée à Washington, et se présente comme le principal forum des Amériques en matière sociale, politique et juridique. En 2006, la Commission interaméricaine des droits de l'homme avait déjà épinglé le Canada pour la répression de manifestations publiques.

Lors de l'audience du 25 octobre, les groupes montréalais appuieront leur propos par un rapport qui compile les témoignages d'une vingtaine de manifestants arrêtés. « Dans le cadre de ce rapport, on souligne l'importance pour les citoyens de pouvoir exprimer des opinions, même si elles ne plaisent pas aux autorités publiques. C'est la base de la démocratie », rappelle Bernard Duhaime, directeur du CIDDHU.

La mission permanente du Canada à l'OÉA sera invitée à assister à l'audience du 25. La commission, qui n'a pas de pouvoir coercitif, pourrait ensuite formuler des recommandations au Canada. «Même si l'OÉA n'a rien de contraignant, c'est un instrument qui nous semble important», dit Mme Lemonde.