Le militant anarchiste Jaggi Singh s'est livré aux autorités ontariennes ce matin en raison de son implication dans les manifestations contre le sommet du G20, selon un communiqué émis par Personne n'est illégal et Solidarité sans frontières.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt, Jaggi Singh s'est rendu à Toronto aux côtés de son avocat. Le Montréalais de 39 ans fait face à divers chefs d'accusation, dont complot en vue de commettre un méfait, complot en vue de commettre des voies de fait sur des policiers et complot en vue d'entraver la justice. Il restera détenu jusqu'à sa prochaine comparution.

Jaggi Singh était présent à Toronto lors des manifestations qui se sont tenues en marge du sommet du G20, les 26 et 27 juin. Aux côtés de la Coalition des luttes anticapitaliste (CLAP), il a également contribué à l'organisation logistique de la contestation, selon son ami Francis Dupuis-Déri.

«Il s'occupait entre autres de trouver de l'hébergement et du transport pour les gens au Québec», a-t-il expliqué. Selon lui, la police tentera de démontrer que Jaggi Singh et les autres organisateurs actuellement détenus sont indirectement responsables de la casse survenue pendant la manifestation de samedi.

Professeur de science politique à l'UQAM, Francis Dupuis-Déri déplore l'arrestation de son ami. Selon lui, les forces de l'ordre cherchent ainsi à mater les mouvements de contestation, tout particulièrement les réseaux anarchistes et d'extrême-gauche.

«Ces arrestations font partie d'une tactique policière, a-t-il dit. Ça crée une pression sur ces réseaux-là, qui doivent dépenser leur énergie et le peu d'argent qu'ils ont à la défense des accusés.» À son avis, les autorités policières veulent également décourager les nouveaux-venus, qui y penseront à deux fois avant de s'impliquer ou d'aller manifester.

D'ailleurs, Jaggi Singh n'en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Il a notamment été arrêté dans la foulée du Sommet des Amériques à Québec, en 2001, et au Sommet de la Coopération économique Asie Pacifique (APEC) de Vancouver, en 1997. Dans tous les cas, il a été acquitté ou le juge a ordonné l'arrêt des procédures.

17 détenus

Selon les comités légaux des manifestants, 17 individus sont toujours détenus à Toronto à la suite du sommet du G20. Plusieurs d'entre eux comparaissent aujourd'hui à Toronto pour leur enquête sous caution.

La plupart d'entre eux sont des Ontariens membres d'un réseau anarchiste. Selon Francis Dupuis-Déri, un autre Québécois est du nombre, mais il préfère que son nom ne soit pas médiatisé.

Rappelons que le sommet du G20 a donné lieu à plus de 1000 arrestations. La grande majorité des personnes appréhendées ont été libérées sans accusation en moins de 24 heures. Quelque 250 personnes font toujours face à des accusations.

- Avec le Toronto Star