Petit pas pour la santé maternelle, grande condamnation contre l'Iran et la Corée du Nord, controverse sur la pertinence du forum, promesse d'imputabilité; le sommet du G8 de Muskoka s'est conclu samedi sur une note mi-figue, mi-raisin.

Si les dirigeants canadiens se sont dits satisfaits de l'engagement de 5 milliards de dollars en cinq ans pour la santé maternelle et infantile - 7,3 milliards avec les contributions extérieures -, les organisations non gouvernementales estiment que ce sommet du G8 ne passera pas à l'histoire.

 

Pour son projet phare de ce sommet du G8, le premier ministre Stephen Harper a convaincu les leaders de participer à l'effort visant à «sauver des vies», mais le Canada, plus petit pays du groupe, a contribué à lui seul pour plus de 20% de l'enveloppe mise sur la table, soit 1,1 milliard d'argent frais d'Ottawa.

La situation financière difficile de plusieurs pays membres du G8, déficits considérables à l'appui, a été invoquée pour expliquer cette disproportion.

Les organisations non gouvernementales ont été unanimes à condamner la faiblesse de l'engagement des pays riches. Elles demandaient un engagement de 24 à 30 milliards pour la même période de temps. L'engagement du Canada, de 1,1 milliard en cinq ans, est aussi inférieur au coût des sommets du G8 et du G20 (évalué à 1,2 milliard), qui en tout auront duré trois jours, ont fait remarqué les organismes de la société civile.

Samedi, la déclaration finale du sommet a indiqué que les pays du G8 croyaient être en mesure, «sous réserve des processus budgétaires respectifs», de mobiliser, en cinq ans, «une somme bien supérieure à 10 milliards de dollars».

Le Canada a par ailleurs promis de demander des comptes à ses partenaires, afin de s'assurer que les sommes soient dépensées de façon efficace, ce qui a été bien accueilli.

Justifier le G8

En conférence de presse de clôture, le premier ministre Harper a été toutefois appelé à justifier la pertinence du G8, dont plusieurs critiquent le manque de représentativité, par rapport au G20.

«Le G8 rassemble des pays qui ont des valeurs en commun. Sur un grand nombre de sujets, le G8 est capable d'avoir des discussions informelles, et il est plus capable d'arriver à un consensus pour des actions. Pour ces raisons, le G8 va rester important», a-t-il souligné. L'arrivée d'une nouvelle génération de politiciens a donné, selon lui, un nouveau souffle au groupe sélect.

Mais selon les ONG internationales, la conclusion du sommet de Muskoka n'est pas de bon augure pour l'avenir du G8.

«Si le G8 voulait prouver sa pertinence, il n'a pas fait un très bon travail à ce sommet, a estimé Dennis Howlett, coordonnateur de la coalition Abolissons la pauvreté. M. Harper a dit, pour prouver que la pertinence du G8, que c'était le meilleur forum pour les questions d'aide au développement. Les pays membres ont prouvé qu'ils n'étaient pas à la hauteur de la tâche.»

«Est-ce que le G20 peut faire mieux un jour, on ne sait pas, a ajouté M. Howlett. Mais ce serait difficile de faire pire.»

Sur la question de la sécurité internationale, les pays riches se sont entendus pour vivement condamner, unanimement, l'Iran et la Corée du Nord pour leurs récentes actions contraires à leurs engagements internationaux.

«Les gouvernements de l'Iran et de la Corée du Nord ont choisi d'acquérir des armes et de menacer leurs voisins. Le monde doit s'assurer que les dépenses qu'ils font en armement ne seront pas les seuls coûts associés à ces actions», a déclaré Stephen Harper à l'issue du sommet de Muskoka.

Quant aux changements climatiques, la question a presque été occultée des discussions entre les leaders. Comme il l'avait martelé dans les derniers mois, le premier ministre canadien a argué que le G8 ne constituait pas, selon lui, le forum pour prendre des engagements sur cette question, qui doit être débattue sous l'égide de l'ONU, avec l'ensemble des pays, a-t-il dit.