Les huit pays les plus industrialisés se sont efforcés vendredi à Huntsville, une bourgade touristique isolée de l'Ontario, de minimiser leurs différences sur le meilleur moyen de préserver la reprise économique naissante, mais encore fragile.

Le président américain Barack Obama avait mis d'emblée la pression sur les Européens, avant même le début de ce sommet annuel du G8, les conjurant d'agir de concert pour éviter une nouvelle crise économique. Son secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a enfoncé le clou en appelant l'Europe à «faire le choix de mettre en oeuvre des réformes et des politiques susceptibles de déboucher sur des taux de croissance plus élevés à l'avenir».

Le monde «ne pourra pas dépendre des États-Unis autant que dans le passé», a-t-il prévenu, alors que les chiffres de la croissance américaine au 1er trimestre ont été revus à la baisse.

Les Européens, mis au pied du mur, ont cherché à se défendre, assurant que les politiques d'austérité décidées ces derniers mois en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en France, ne remettaient pas en cause la reprise. Ils se sont également efforcés de souligner l'absence de toute controverse entre les pays les plus riches de la planète, à la veille de rencontrer les pays émergents dans le cadre du G20. Les dirigeants du G8 ont fait preuve de «compréhension mutuelle» sans controverse lors de leurs premières discussions sur l'économie mondiale, a ainsi déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

Ce qui ne l'a pas empêchée de réaffirmer le bien fondé de ses choix en matière d'austérité. Il est «temps de réduire les déficits», «nous avons besoin d'une croissance qui ne repose pas sur l'endettement mais sur des bases réelles», a-t-elle martelé.

Les États-Unis et l'Europe n'ont pas de divergences sur la stratégie à adopter pour préserver la reprise économique mondiale, a assuré de son côté le premier ministre britannique David Cameron.

«Le risque pour nous -et les Américains et d'autres admettent cela- est de ne pas agir» en matière de réduction du déficit, a ajouté le responsable britannique. «Je pense que le G8 va en conclure que les pays qui ont les problèmes les pires doivent accélérer leur action, et c'est ce que nous avons fait», a-t-il dit.

Un responsable américain ayant requis l'anonymat a abondé en ce sens, soulignant que les États-Unis ne voyaient pas de contradiction entre réduction des déficits -à moyen terme- et soutien de la croissance.

Invités de Stephen Harper, Barack Obama, Dimitri Medvedev (Russie), Nicolas Sarkozy (France), Angela Merkel (Allemagne), Silvio Berlusconi (Italie), et les deux nouveaux du groupe, Naoto Kan (Japon) et David Cameron, ont déjeuné à huis clos à Huntsville, lieu de villégiature de l'Ontario situé en pleine forêt, près d'un lac, au bord duquel les chefs d'État et de gouvernement se sont promenés avant la traditionnelle photo de famille.

Dans le grand hôtel qui les accueille à 220 km au nord de Toronto, ville où a été regroupée la presse internationale, les huit chefs d'État et de gouvernement ont été rejoints dans l'après-midi par six chefs d'États africains et trois de pays d'Amérique centrale et du sud.

Les projets de taxe bancaire ou de contribution sur les transactions financières seront abordés samedi soir et dimanche par le G20, qui se réunira à Toronto.

Londres, Paris, Berlin et Washington ont invité le G20 à accepter une taxe bancaire, mais le Canada, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Australie y sont opposés.

Une première manifestation rassemblant quelque 2000 opposants a eu lieu vendredi à Toronto dans une ambiance tendue, avant le grand rassemblement prévu samedi.