En plus du procès pour meurtre de Mohammad Shafia, de son fils Hamed et de sa femme Tooba, qui connaîtra vraisemblablement son dénouement en 2012, plusieurs affaires judiciaires, de nature criminelle ou civile, ont retenu l'attention cette année. En voici quelques-unes.

Stéphanie Meunier, la belle-mère

Coups, morsures, flagellation, ongles manquants... Le petit Jérémy Bastien, 4 ans, a souffert le martyre avant de mourir, le 6 décembre 2008, dans un logement de Rivière-des-Prairies en présence de sa belle-mère, Stéphanie Meunier.

Au terme de son procès, en juin, la femme de 32 ans a été déclarée coupable du meurtre au premier degré du bambin. Mme Meunier, qui était elle-même mère de quatre enfants, avait pris le fils de son conjoint en aversion. Le couple se fréquentait depuis quelques mois, mais ne s'était mis en ménage que cinq semaines avant le drame.

Le père biologique de l'enfant était absent depuis plusieurs jours quand son enfant est mort, car il s'était porté volontaire pour une étude sur des médicaments, ce qui le retenait hors du foyer.

Stéphanie Meunier a été reconnue coupable du meurtre prémédité du petit Jérémy Bastien-Perron.

Guy Turcotte, le cardiologue

Rarement un procès aura-t-il autant fait réagir que celui de Guy Turcotte. Ce cardiologue de 36 ans, qui pratiquait à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, a poignardé à mort ses deux enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans, en février 2009.

Le drame est survenu dans un contexte de séparation d'avec sa conjointe, Isabelle Gaston, médecin au même hôpital. La violence des crimes et l'horreur de la scène ont renversé les premiers intervenants et consterné tous ceux qui en ont entendu parler par la suite. M. Turcotte, qui avait avalé du lave-glace pour se suicider, a été transporté à l'hôpital où il travaillait et a été traité par des collègues. Dès le début du procès, M. Turcotte a admis avoir tué ses enfants. Ses avocats, les frères Pierre et Guy Poupart, ont présenté une défense de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux qui a convaincu le jury. M. Turcotte a été déclaré criminellement non responsable de la mort de ses enfants. Récemment, il s'est présenté devant la Commission d'examen des troubles mentaux, qui doit décider s'il doit être gardé en institution psychiatrique encore pour un certain temps ou s'il peut être libéré. L'étude doit se poursuivre en janvier.





Reproduction d'une photo fournie par la Cour

Guy Turcotte

Jean-François Harrisson, le comédien

Accusé en 2009 de possession de pornographie infantile, Jean-François Harrisson, comédien et ex-vedette du canal jeunesse VRAK.TV, a réglé son dossier cette année en plaidant coupable. Mais dans les mois précédant ce dénouement, son attitude étrange et désordonnée a été très étonnante. Son avocat s'est retiré pour divergence de points de vue. Par la suite, M. Harrisson a volontairement omis de se présenter devant le tribunal alors qu'il y était attendu, ce qui lui a finalement valu d'être incarcéré. Il a envoyé une missive bizarre à la Couronne et, lorsqu'il a été amené devant le juge, il a tenu un discours échevelé en parlant de lui à la troisième personne. Il s'est dit le «représentant autorisé de Jean-François Harrisson». Un nouvel avocat s'est chargé du dossier, M. Harrisson s'est calmé et il a finalement écopé de 20 mois de prison, le 4 juillet.





Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse

Jean-François Harrisson au Palais de justice de Montréal, en octobre dernier.

Valery Fabrikant, le savant fou

Avec l'air cynique de celui qui se considère comme étant au-dessus de la mêlée, et vêtu de ses éternels pantalons de coton ouaté, l'ex-professeur de génie mécanique Valery Fabrikant était de retour devant la Cour supérieure, au début de l'année, pour l'audition d'une poursuite civile qu'il avait intentée au printemps 1992, quelques mois avant qu'il n'abatte quatre collègues de l'Université Concordia.

Ayant écopé de la prison à vie au terme de son procès criminel, M. Fabrikant, maintenant âgé de 72 ans, a occupé son temps en prison en intentant des poursuites civiles tous azimuts. Il était si occupé à lancer des poursuites à gauche et à droite que sa poursuite initiale est restée sur la glace pendant longtemps. Déclaré plaideur quérulent en 2003 par la Cour supérieure, M. Fabrikant a réactivé sa poursuite initiale. Celle-ci a passé dans les mailles du filet, puisqu'elle a été intentée avant la déclaration de quérulence. Cette poursuite allait à l'essence même de la folie meurtrière de M. Fabrikant; il reprochait à cinq anciens professeurs de Concordia d'avoir profité indûment de son travail, car il s'était senti obligé de mettre leur nom sur des écrits scientifiques qu'il avait rédigés seul.

La poursuite avait été entendue par deux juges auparavant, en 2007. Exaspéré par l'attitude de Fabrikant, l'un s'était retiré en cours de procès, tandis que l'autre y avait mis fin de façon abrupte après un certain temps. La Cour d'appel a ordonné que le procès reprenne là où il avait été interrompu.

Cette fois, c'est le juge en chef de la Cour supérieure, François Rolland, qui a pris l'affaire en main, en se promettant de la clore une fois pour toutes. Au terme du procès, en mars dernier, M. Fabrikant a perdu sa cause. M. Fabrikant n'est toutefois pas à court de ressources; il dépose environ 800 griefs par année en prison, a-t-on appris lors du procès.





Archives La Presse

Valery Fabrikant en 1992.

Claude Larouche, le prédateur

En juin, au terme de son procès devant jury, Claude Larouche a été déclaré coupable du meurtre prémédité de Natasha Cournoyer et a écopé de la prison à vie.

La femme de 37 ans, employée à la section des communications des Services correctionnels du Canada, avait été enlevée à la sortie de son travail, le 1er octobre 2009, à Laval. Son corps a été retrouvé une semaine plus tard, près du fleuve Saint-Laurent, dans l'est de Montréal. Déjà condamné dans le passé pour agression sexuelle contre une femme et tentative d'enlèvement d'une fillette de 9 ans, le prédateur Larouche a été arrêté environ un mois après.

Au procès, il a été établi qu'il avait bâillonné, ligoté, battu et agressé sexuellement la victime avant de l'étrangler. L'homme de 50 ans doit retourner devant la justice cette année, en lien avec la brutale agression d'une escorte, survenue en octobre 2009.





Portrait de Claude Larouche, lors de son procès au Palais justice de Montreal.

Arturo Gatti, le boxeur

Le feuilleton judiciaire déclenché par la famille Gatti après la mort tragique du boxeur, le 11 juillet 2009, au Brésil, a connu son dénouement à la mi-décembre. La juge Claudine Roy a décrété que l'héritage laissé par Arturo Gatti revenait à sa veuve, Amanda Rodrigues. La mère et le frère du boxeur, Ida et Fabrizio Gatti, croyaient que la jeune Brésilienne avait quelque chose à voir avec la mort d'Arturo et ils ont tenté de la faire déclarer indigne de succéder. Pour compliquer le tout, la mère du premier enfant de Gatti, une Américaine qui avait combattu férocement le boxeur en cour, au New Jersey, afin d'obtenir la garde et une généreuse pension pour leur enfant, s'est jointe au recours de la famille Gatti juste avant le procès. La veuve de 25 ans a gagné cette manche, mais la succession de Gatti n'est pas au bout de ses peines, car d'autres poursuites sont pendantes aux États-Unis.





Photo fournie par la famille Gatti

Arturo Gatti

Péladeau-Lafrance, querelle en haut lieu

Leur éclatante querelle au sujet du mot «voyou» a fait trembler les murs du palais de justice de Montréal, et a ultimement valu une récusation au juge Claude Larouche, qui présidait le procès. On parle bien sûr de la poursuite en diffamation que Pierre Karl Péladeau, grand patron de l'empire Quebecor, a intentée à Sylvain Lafrance, haut dirigeant des services français de Radio-Canada. En 2007, dans une déclaration au Devoir, M. Lafrance avait dit que M. Péladeau se comportait comme un «voyou» parce qu'il voulait retenir des sommes normalement versées par Vidéotron au Fonds canadien de télévision. M. Péladeau réclamait 700 000$ pour atteinte à sa réputation.

Après tout ce bruit, l'affaire aurait dû reprendre devant un autre juge de la Cour supérieure. Mais au printemps, les deux hommes ont enterré la hache de guerre et l'affaire s'est réglée à l'amiable. M. Lafrance ne s'est pas excusé, mais a dit regretter son choix de mot. Peu de temps après, il a annoncé son départ de la grande tour radio-canadienne.

Montage LaPresse.ca

Pierre Karl Péladeau VS Sylvain Lafrance.