S'il n'a gagné aucune course en 62 jours de compétition internationale, Lance Armstrong a réussi son retour sportif en montant sur le podium du Tour de France à l'âge de 37 ans et en affaiblissant pour 2010 la référence actuelle du cyclisme, l'Espagnol Alberto Contador.

Hormis un modeste critérium national (Nevada City Classic) en juin, l'Américain a gardé son palmarès en l'état après sa longue interruption de carrière entamée fin juillet 2005. Mais il n'a cessé d'accaparer l'attention dès sa réapparition dans le peloton en janvier, au Tour Down Under en Australie, où il insistait avant tout sur son investissement pour la lutte contre le cancer.

«Son come-back est un événement plus médiatique que sportif», constate à l'heure du bilan Jean-François Quenet dans son «Livre d'or» annuel du cyclisme. Médiatique, incontestablement, au vu du déploiement de journalistes, photographes et cameramen de tout poil qui n'ont cessé de suivre le retour en zigzags de l'indestructible Texan. Mais sportif aussi puisque Armstrong, douzième du Giro en mai, est parvenu à se classer troisième du Tour deux mois plus tard.

L'avant-dernière saison

Les zigzags ? Ils ont formé la trajectoire supposée de l'Américain annoncé un peu partout et attendu comme le Messie par la plupart des organisateurs. Aux Etats-Unis bien sûr mais aussi en Italie, en Espagne, en France, en Suisse, en Irlande. Jusqu'au Qatar, désireux de voir la légende vivante du cyclisme à qui l'on prête un destin politique dans son pays quand il raccrochera définitivement le vélo.

Une chute, assortie d'une fracture de la clavicule -la première de sa carrière-, a chamboulé le programme. Au final, Armstrong a découvert l'ambiance romantique du Giro auquel il n'avait encore jamais pris part depuis ses lointains débuts professionnels en 1992. Puis, il a engagé le match avec Contador, son propre coéquipier, dans le Tour. Sans parvenir à le gagner même s'il a mené la vie dure à son cadet.

Je pensais que ce serait plus facile, vient de reconnaître en substance le septuple vainqueur de la Grande Boucle en évoquant son retour dans une interview au quotidien italien, la Gazzetta dello Sport. Mais, très vite, il a préféré se tourner vers 2010, son... avant-dernière saison dans le peloton selon ses dires.

La pique du «boss»

En 2010, a déjà annoncé Armstrong, «j'aurai un an de plus mais je pourrai mettre à profit l'expérience de cette saison. Je serai plus fort, aussi parce que je courrai dans la meilleure équipe du monde».

De fait, l'Américain a réussi un coup de maître en coulisses. Dans la nouvelle formation (RadioShack) dont il est à la fois l'inspirateur, le patron et l'incontestable leader, il a emmené avec lui la totalité des coéquipiers d'Astana présents sur le Tour. A l'exception, bien sûr, de Contador, lequel a dû recomposer tardivement un entourage.

Aussi habile en paroles qu'en actes, Armstrong a dressé le parallèle avec le début des années 2000, son duel avec l'Allemand Jan Ullrich dont il est toujours sorti vainqueur: «Avec Ullrich, j'avais une saine rivalité, montée en épingle par les médias. C'est la beauté du sport. Avec Alberto, il y a eu un choc de personnalités. Je ne veux pas dire que la mienne est meilleure que la sienne ou vice-versa. Nous sommes simplement différents. Mais je n'avais jamais eu un conflit de ce genre avec un compagnon d'équipe.»

Et le «boss» d'adresser une dernière pique à son concurrent: «Le fait que huit coureur d'Astana soient avec moi me paraît significatif.»