Voici les lieux et les intervenants de la première partie du podcast.  

La Presse, 750 boulevard Saint-Laurent



La Presse a été fondée en 1884 par William-Edmond Blumhart, mais c'est en 1900 que le journal s'est établi au 7 rue Saint-Jacques. À l'époque, ce n'était pas à l'intersection du boulevard Saint-Laurent, mais de la côte-Saint-Lambert.

Avant l'édifice de La Presse, il y avait à cet emplacement le P'tit Windsor, la boîte de nuit la plus populaire de l'époque, fréquentée entre autres par Louis Cyr, l'homme le plus fort du monde.

Érigé au coût de 230 000$, l'immeuble de La Presse d'inspiration Renaissance Italienne était une grande réussite architecturale à l'époque.

La section qui donne sur la rue Saint-Antoine n'a été annexée au vieil édifice qu'en 1958. Sa construction a causé bien des maux de tête aux ingénieurs, vu la nappe d'eau souterraine laissée par l'ancienne rivière Saint-Martin qui coule au pied des fortifications de Montréal.

Celui qu'on a appelé le plus grand quotidien d'Amérique a presque toujours été la propriété de deux grandes familles canadiennes-françaises. Les Berthiaume de 1894 à 1967, et les Desmarais depuis.

Plus de 120 ans d'histoire se sont écrits ici. De la pendaison de Louis Riel au 11 septembre, en passant par les deux guerres mondiales.

(Personne interviewée dans le podcast : Serge Chapleau)

Édifice Robillard, 972 boulevard Saint-Laurent

Le 27 juin 1896, c'est dans l'édifice Robillard qu'a eu lieu la première projection cinématographique au Canada. À l'époque, le 972 Saint-Laurent abritait le théâtre Palace.

Les Français Louis Minier et Louis Pupier avaient choisi cette salle pour faire connaître le Cinématographe Lumière, dont ils étaient les concessionnaires.

Ce sont surtout des notables qui ont assisté à la projection, dont le maire Richard Wilson-Smith et l'archevêque Paul Bruchési. Le public était renversé, ont rapporté les journalistes présents.

L'automne suivant, le théâtre Palace s'est transformé en cinéma, mais il a fermé ses portes en 1898, pour faire place à une centrale téléphonique. Aujourd'hui, l'édifice Robillard abrite des commerces. Plusieurs historiens trouvent dommage que sa richesse historique ne soit pas mise en valeur.

(Personne interviewée dans le podcast : Germain Lacasse, professeur de cinéma à l'Université de Montréal)

Quartier chinois, de la rue Viger au boulevard René-Lévesque

Les premiers Chinois sont arrivés à Montréal à la fin du 19e siècle, à la suite de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique. Ils se sont installés autour du port, près de l'actuel Quartier chinois.

Les missionnaires protestants ont oeuvré auprès d'eux. Un Jésuite qui a longuement visité la Chine a également demandé à l'archevêché de Montréal de leur trouver une église, et la Mission catholique chinoise a été créée en 1922.

Dans les décennies qui ont suivi, de plus en plus de Chinois ont immigré à Montréal et se sont installés dans le quartier où ils ont ouvert plusieurs blanchisseries et restaurants. Les lois d'immigration se sont assouplies, si bien qu'en 1970, près de 10 000 Chinois habitaient le Quartier chinois. Mais la construction du Complexe Guy-Favreau allait évincer beaucoup de familles. Les leaders de la communauté ont alors interpellé les élus, de sorte que le Quartier chinois soit préservé.

Entre-temps, d'autres communautés asiatiques se sont installées dans le secteur, dont les Vietnamiens.

Aujourd'hui, deux arches marquent fièrement le territoire du Quartier chinois sur le boulevard Saint-Laurent. Mais seulement quelques personnes âgées résident toujours dans le quadrilatère délimité par le boulevard René-Lévesque et les rues Viger, Bleury et Sainte-Élizabeth.

(Personne interviewée dans le podcast : Jean Chen, professeur à l'Académie culinaire et de français pour les immigrants chinois)

Le Monument-National, 1182 boulevard Saint-Laurent

L'Association Saint-Jean-Baptiste a initié la construction du Monument-National pour marquer la présence canadienne-française au coeur de Montréal. Inauguré en 1893, le magnifique théâtre devait s'accompagner de l'aménagement d'un boulevard qui s'inspire des Champs-Élysées, mais le projet n'a jamais vu le jour.

Les débuts ont été difficiles pour l'Association Saint-Jean-Baptiste, qui a dû louer le théâtre à des troupes anglophones et juives. C'est même au Monument-National qu'a eu lieu la première représentation de théâtre yiddish au Canada.

Mais par la suite, le Monument-National a présenté des oeuvres qui allaient marquer l'histoire culturelle du Québec, que ce soit les Variétés lyriques et les revues Fridolinons! de Gratien Gélinas. Il a également vu monter sur ses planches des artistes comme Alys Robi et Olivier Guimond et des grandes vedettes de la chanson française dont Édith Piaf.

L'École nationale de théâtre a acheté l'édifice en 1971. Restauré pour son centenaire en 1993, le Monument-National demeure la plus vieille salle de spectacle encore existante au Canada.

(Personne interviewée dans le podcast : Michel Tremblay)

La Société des arts technologiques (SAT), 1195 boulevard Saint-Laurent

Fondée en 1996 par Monique Savoie, la Société des arts technologiques [SAT] est un centre transdisciplinaire de création et de diffusion, et un laboratoire d'exploration pour tous ceux qui s'intéressent aux nouveaux médias et à la culture numérique. Jusqu'en 2002, la SAT a logé dans l'ancienne banque Toronto-Dominion, qui faisait face au défunt Spectrum.

Avis d'éviction oblige, la SAT a acheté l'édifice du 1195 Saint-Laurent, où était jadis situé un marché d'alimentation.

Pour Monique Savoie, il s'agit toujours d'un marché, mais d'un « marché des nouveaux médias ».

(Personne interviewée dans le podcast : Monique Savoie)

Café Cléopâtre, 1230 boulevard Saint-Laurent

Comme le dit si bien son propriétaire, Johnny Zoumboulakis, le Café Cléopâtre offre à la fois « de l'illusion et de la réalité ». Fondé en 1975, l'établissement est devenu une véritable institution montréalaise qui n'a jamais perdu son look kitsh des années 1970. Au premier étage, des danseuses érotiques montent sur scène à presque toute heure de la journée. Et au deuxième se déroulent les fameux spectacles de travestis.

(Personne interviewée dans le podcast : Johnny Zoumboulakis)

Faisan Doré, 1417 boulevard Saint-Laurent

Le 1417 Saint-Laurent a été le tout premier cabaret de variétés de Montréal, mais aussi le premier cabaret francophone.

Il a d'abord abrité le Frolics de 1930 à 1933, qui a profité de la prohibition pour attirer des touristes et des vedettes américaines. À commencer par la première « Queen of the Main », Texas Guinan, connue pour accueillir la foule avec un « Hello, suckers » bien senti.

Pour l'anecdote, le Cabaret Frolics a aussi été eu lieu la première émission radiophonique diffusée à partir d'une boîte de nuit ou d'un cabaret au Canada. Texas Guinan était l'invitée.

Mais le Frolics a fermé ses portes en 1933, peu de temps après la fin de la prohibition. Par la suite, le 1417 Saint-Laurent a logé le Café Val D'or de 1939 à 1946.

Mais en 1947, il a fait place à ce qui est considéré comme le premier cabaret francophone de Montréal, le Faisan Doré. Le célèbre Jacques Normand y assurait l'animation des spectacles, permettant aux artistes français et québécois de se produire avec succès. Le duo Charles Aznavour et Pierre Roche, de même que les frères Jacques et Charles Trenet y ont chanté. Le Faisan Doré a aussi révélé au public les Denise Filiatrault, Fernand Gignac, Raymond Lévesque, Monique Leyrac et Guylaine Guy.

Après le Faisan Doré, il y a eu le Cabaret Montmartre.

Aujourd'hui, le 2e étage du 1417 boulevard Saint-Laurent abrite un bar de danseuses, le Kingdom Gentlemen's Club.

(Personne interviewée dans le podcast : Denise Filiatrault)

SLEB, à l'intersection de la rue Ontario

À l'intersection de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, on annonce un projet immobilier de condos de luxe. Il s'agit du SLEB, un acronyme pour Saint-Laurent en bas. Mais il n'y a personne, car les travaux sont interrompus.

Durant les années 1990 et au début des années 2000, c'était pourtant plein de vie. Près de 150 artistes habitaient l'immeuble industriel du 1591, rue Clark et du 10, rue Ontario Ouest. C'était aussi la niche de la Galerie Clark.

Mais en 2001, les artistes ont appris qu'ils allaient être évincés pour faire place au projet le SLEB. À l'époque, cela provoqué une vague de consternation dans le milieu culturel montréalais. Même les élus ont été interpellés.

Mais les artistes ont fini par se résigner et plier bagage. De voir que les travaux du projet immobilier le SLEB ont cessé quelques années plus tard - car l'ancien promoteur avait des ennuis financiers- a toutefois ravivé leur frustration.

Mais voilà, les travaux vont reprendre sous peu avec un nouveau promoteur. Comble de l'ironie, le projet a été rebaptisé «Les lofts des Arts»...

(Personne interviewée dans le podcast : Éric Lamontagne)

L'équipe de Juste pour rire a son quartier général au  2111 Saint-Laurent. Il s'agit de l'édifice de l'ancienne brasserie Eckers, qui a fermé en 1952.

Juste en face s'élève le chic hôtel Opus Montréal, à l'intersection de la rue Sherbrooke. Une partie du bâtiment est l'ancien édifice Godin, construit en 1913 par Joseph-Arthur Godin. À l'époque, l'architecte était le premier au Canada à concevoir une structure en béton armé.