Voici les lieux et les intervenants de la troisième partie du podcast. 

Forges Filo, 4634 Saint-Laurent

Le commerce des Forges Filo est l'un des survivants de la Upper Main, entre l'avenue Mont-Royal et le boulevard Saint-Joseph.

Karl Filo est arrivé par bateau de la Slovénie en 1955. Il avait 21 ans à l'époque. Peu de temps après son arrivée, il a marié une Gaspésienne, avec qui il a eu un fils.

Tout en travaillant pour la compagnie de chemin de fer du CN, il a ouvert une forge en 1976, à laquelle il a annexé une quincaillerie une quinzaine d'années plus tard.

L'endroit n'a pas changé. Son décor est authentique. Pour Marc Filo, qui reprendra le commerce de son père, « c'est comme ça qu'il est beau ».

(Personnes interviewées dans le podcast : Karl et Marc Filo)

Casa del Popolo, 4873 Saint-Laurent

En 2000, Mauro Pezzente et sa femme Kiva Stimac ont l'idée d'ouvrir un café végétarien qui servira aussi de salle de spectacle les fins de semaine. Le 4873 devient donc la Casa del Popolo (« la maison du peuple »).

Même si Mauro Pezzente est le bassiste du mythique groupe montréalais Godspeed You! Black Emperor, il ne se doutait pas que la Casa del Popolo allait devenir le fer de lance de plusieurs groupes rock indépendants qui ont créé un véritable buzz indie-rock autour de Montréal.

Comme la Casa del Poppolo -qui n'accueille qu'une centaine de personnes- ne parvenait pas à fournir la demande, Pezzente et sa femme ont commencé à présenter des concerts à la Sala Rossa, située juste en face.

Des formations comme Arcade Fire, Wolf Parade, Stars et The Dears sont passés par la « Casa » ou la « Sala ». Si bien que des publications comme le Rolling Stones et le New York Times ont parlé du rôle important qu'ont eu les deux salles dans tout l'engouement qu'a suscité le rock indépendant de Montréal.

Aujourd'hui, des touristes mélomanes s'arrêtent chaque jour devant la Casa del Popolo et la Sala Rossa pour prendre des photos.

(Personne interviewée dans le podcast : Mauro Pezzente)

La Sala Rossa, 4848 Saint-Laurent

La Sala Rossa (« salon rouge ») est à la fois la salle de spectacle qui occupe le deuxième étage du 4848 Saint-Laurent, et le restaurant du premier étage qui est réputé pour ses tapas et ses paellas. Depuis une trentaine d'années, c'est le centre social espagnol qui est propriétaire de l'édifice historique, construit en 1932.

À l'origine, il était la propriété d'un syndicat juif. Pendant une trentaine d'années, c'était à la fois un centre culturel, de loisir et politique. Même Eleanor Rosevelt y a déjà mis les pieds.

Puis dans les années soixante, les Grands Ballets ont occupé l'édifice, avant qu'il ne soit acheté par le centre social espagnol.

Théâtre des voyagements, 5145 Saint-Laurent

Pendant un an et demi, Marcel Gauthier, Marc Messier et Michel Côté ont construit de leurs propres mains le Théâtre des voyagements, en fusionnant deux appartements du boulevard Saint-Laurent, tout juste au nord de la rue Laurier.

Il n'y avait rien à l'époque à cette hauteur de la Main, mais les trois comédiens voulaient leur propre théâtre. Pour le rentabiliser, ils ont décidé de faire un spectacle rassembleur. C'est donc le 21 mars 1979 qu'ils ont joué pour la première fois la pièce Broue, qui allait devenir le plus grand succès de l'histoire du théâtre au Québec.

(Personnes interviewées dans le podcast : Marcel Gauthier, Marc Messier et Michel Côté)

Lux, 5220 Saint-Laurent

Le Lux était LA place branchée de Montréal dans les années 1980. Le bistro-librairie était ouvert 24 heures sur 24. On pouvait y acheter des revues, des journaux et des cigarettes du monde entier. C'était à la fois un restaurant, un dépanneur, une boutique et un stand à magazines. Les gens venaient pour y boire ou pour s'y réfugier à trois heures du matin, une fois les bars fermés.

Luc Laporte est l'architecte qui a conçu le Lux. Son projet de grande structure en acier était presque démesuré. Le plafond était très haut. La structure traversait les trois étages de l'immeuble. Au plafond, des miroirs disposés en forme de périscope laissaient pénétrer les rayons du soleil. Cela formait un genre de dôme que rejoignaient deux escaliers.

À l'époque, le Lux a symbolisé la renaissance du Mile-End.

Ouvert en 1983, le bistro-librairie a fermé ses portes dix ans plus tard, en 1993. Aujourd'hui, le 5220 Saint-Laurent occupe le Studio Fly, une boîte qui fait de l'animation, des effets spéciaux par ordinateur et de la conception de sites Web.

(Personne interviewée dans le podcast : Luc Laporte)

Caffè Italia, 6840 Saint-Laurent

Le Caffè Italia est un commerce de la Petite-Italie dont le charme premier est l'authenticité. Le décor n'a pratiquement pas changé depuis sa naissance, en 1956.

Luciana Seri, la propriétaire, avait 23 ans quand elle a commencé à travailler au café de son père. À l'époque, c'était un lieu de rencontre pour les immigrants italiens. Aujourd'hui, la clientèle est composée de familles, mais aussi d'habitués de tous les âges et de toutes les nationalités qui ne jurent que par l'espresso du Caffè Italia.

Luciana a 71 ans. Cinq matins par semaine, parfois six, elle ouvre le café à cinq heures et demi.

Elle a failli fermer le café quand son mari est mort noyé en 1991. Mais elle a suivi les conseils de ses proches qui lui ont dit de continuer à travailler. « C'est ce qui m'a sauvé la vie », dit-elle avec du recul.

(Personne interviewée dans le podcast : Luciana Seri)

Milano, 6862 Saint-Laurent

Le 2 août 1954, la fruiterie G&G Fruitstore passait aux mains des frères Zaurrini. Plus de 50 ans plus tard, Milano est devenue l'épicerie préférée de bien des Montréalais, qui viennent y dénicher du prosciutto, du parmesan et du vinaigre balsamique.

À 83 ans, Vincenzo Zaurrini enfile encore son sarrau blanc tous les matins de la semaine. Il arrive au magasin à 5 heures. Pas difficile de le trouver. Il est dans le backstore, où il fait ses comptes.

Les temps ont bien changé depuis le temps de son enfance où il servait la messe à l'Église Notre-Dame-de-la-Défense (« Chiesa della Madonna della Difesa »). Aujourd'hui, il n'y a presque plus d'Italiens qui habitent le quartier. Mais comme dirait M. Zaurrini, « on revient toujours dans la Petite-Italie, c'est chez nous ici ».

(Personne interviewée dans le podcast : Vincenzo Zaurrini)