La police savait que Marilyn Béliveau était allée fêter l'Action de grâce à New York, mais on ignorait quand elle reviendrait. Soupçonnée d'être corrompue par la mafia, la douanière de 37 ans a finalement ressurgi jeudi soir au poste de douane de Lacolle et s'est rendue volontairement à ses collègues de la frontière canadienne.

Quelques heures plus tôt, son avocat avait informé la GRC que la jeune femme allait se livrer sans condition. Elle a comparu hier en Cour du Québec pour répondre à des accusations de corruption et de complot d'importation de drogue. Elle est restée détenue, et la date de son enquête sous cautionnement sera fixée mardi prochain, au Centre des services judiciaires Gouin. Marilyn Béliveau est la quatrième personne en cavale arrêtée cette semaine en lien avec la fameuse opération antimafia. Les enquêteurs ne s'inquiétaient guère à son sujet, Me Gary Martin leur ayant fait part, la journée même de la rafle, qu'elle se trouvait à New York depuis deux jours. Suspendue de ses fonctions, la douanière avait, dit-on, deux bonnes raisons d'être là-bas : souligner l'Action de grâce et fêter son anniversaire de naissance avec un nouvel ami rencontré sur Internet. Ironie du sort, elle a eu 37 ans le 22 novembre, jour où elle devait être arrêtée!

En poste au siège social de Douanes Canada, rue d'Youville, dans le Vieux-Montréal, Marilyn Béliveau s'occupait plus particulièrement de superviser les documents des conteneurs qui transitent à l'aéroport Montréal-Trudeau. C'est ainsi, selon la dénonciation déposée au palais de justice de Montréal, qu'elle aurait aidé les trafiquants dans des projets d'importation de stupéfiants en provenance de l'Inde.

Dans le cours de l'enquête, la jeune femme a notamment été vue près de chez elle, dans l'est de la ville, en compagnie de Ray Kahno et Giuseppe Torre, deux des principaux contrebandiers également mentionnés dans les documents judiciaires. Proche de membres de gangs, elle fréquentait le resto-bar Le Moomba, à Laval, reconnu depuis des années comme un endroit de prédilection des mafieux montréalais. Avant d'être arrêté, puis extradé aux États-Unis, le chef du clan sicilien, Vito Rizzuto, y était vu régulièrement.

Malgré la reddition de la jeune femme, les policiers ont encore 11 autres fugitifs à coffrer, dont Lorenzo Giordano, un homme de confiance du gang de Francesco Arcadi, actuellement écroué. Les trois autres qui ont été pris depuis mardi sont Rocco Caruso, René Charbonneau et Nick Rigopoulos. Selon un porte-parole de la GRC, «sept sont réellement en fuite», a dit le caporal Luc Bessette.