Un juge d'Edmonton devant décider si l'ancien détenu de Guantanamo Omar Khadr devrait être transféré dans une prison provinciale affirme que son jugement consistera à déterminer s'il estime que l'homme de 27 ans purge sa peine comme un mineur ou comme un adulte.

Le magistrat John Rooke a indiqué lundi que l'armée américaine n'avait pas spécifié si Khadr était un criminel juvénile ou majeur lorsqu'elle lui a imposé une peine de huit ans de réclusion pour avoir tué un soldat des forces spéciales américaines en Afghanistan, quand Khadr avait 15 ans.

Ce dernier a plaidé coupable en 2010 à cinq crimes de guerre, y compris le meurtre. Il est désormais enfermé à la prison à sécurité maximale d'Edmonton. Son avocat, Dennis Edney, argue qu'il devrait être traité comme un criminel mineur et transféré dans une prison provinciale.

Me Edney a déclaré en cour qu'une peine de huit ans pour meurtre et d'autres crimes n'a du sens que pour une peine pour mineur.

Le gouvernement fédéral estime toutefois que Khadr a reçu une peine pour mineur de huit ans pour meurtre, et que les peines pour les quatre autres crimes doivent être purgées simultanément en tant qu'adulte.

L'avocat Bruce Hughson, qui représente Ottawa, a déclaré en cour que le Canada n'avait pas de rôle à jouer pour amender la décision d'une cour étrangère pour un criminel ayant agi illégalement dans un autre pays.

La cour ne peut pas «re-condamner» quelqu'un, a-t-il dit.

Me Edney a toutefois qualifié d'«absurde» la position canadienne.

Il a déposé une déclaration d'un expert du droit militaire américain indiquant qu'il n'existait pas de concept de peines simultanées dans leur code juridique.

L'audience de lundi marque la première apparition de Khadr en public en plus d'une décennie.

L'homme a esquissé un sourire alors qu'il était entraîné dans la salle d'audience, vêtu d'une chemise polo et arborant une barbe.

Né à Toronto, il a été capturé à l'âge de 15 ans par des soldats américains en Afghanistan et envoyé à Guantanamo. Il a été rapatrié au Canada l'automne dernier pour y purger le reste de sa peine.

Le premier ministre Stephen Harper s'est par ailleurs immiscé dans le débat sur le lieu où Omar Khadr devrait purger le reste de sa peine.

M. Harper a évoqué le dossier lors d'une conférence de presse à Ottawa lundi.

«C'est un individu qui, comme vous le savez, a plaidé coupable à des crimes très sérieux, notamment de meurtre, et c'est très important que nous continuions à nous défendre vigoureusement de toute tentative d'atténuement de sa peine pour ces actes odieux», a-t-il dit, alors qu'il répondait à une question plus large sur la possible radicalisation des jeunes musulmans au Canada.

Le gouvernement fédéral, qui a bloqué plus tôt cette année la demande de La Presse Canadienne pour interviewer le détenu, martèle qu'Omar Khadr est un terroriste dangereux et qu'il mérite un tel traitement.