Le sort d'Omar Khadr est maintenant entre les mains du gouvernement Harper. Ottawa a confirmé mercredi avoir reçu une demande formelle de rapatriement de ce citoyen canadien, emprisonné à Guantanamo pour des crimes de guerre qu'il a commis en Afghanistan à l'âge de 15 ans.

«Le gouvernement du Canada vient de recevoir une application complète pour le transfert du prisonnier Omar Ahmed Khadr», a indiqué une porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

«Une décision sera prise en vertu de la loi canadienne», a précisé la porte-parole Julie Carmichael.

La loi précise que c'est le ministre Toews lui-même qui décide d'accepter ou de refuser la requête de Khadr. S'il donne son feu vert au transfert, le prisonnier purgera le reste de sa peine dans un établissement canadien.

Les conditions de détention seraient toutefois les mêmes que s'il avait été condamné par un tribunal canadien. C'est donc dire qu'Omar Khadr pourrait être admissible à une libération conditionnelle aussi tôt qu'au printemps 2013, selon ses avocats.

Khadr, 25 ans, est emprisonné à Guantanamo, à Cuba, depuis une décennie pour le meurtre d'un soldat américain en Afghanistan en juillet 2002. Il n'avait que 15 ans au moment de l'assaut, ce qui en fait un enfant-soldat, selon l'ONU.

En 2010, il a été condamné à une peine de huit ans de prison après qu'il eut plaidé coupable à cinq accusations, dont une de crime de guerre.

En échange de son plaidoyer, et à la suite d'une entente signée entre le Canada et les États-Unis, Omar Khadr pouvait demander son rapatriement après un an d'emprisonnement à Guantanamo. Il a logé sa demande aux services correctionnels canadiens en mai dernier.

Selon nos informations, le gouvernement américain souhaite fortement se débarrasser de ce prisonnier encombrant, le dernier Occidental écroué à Guantanamo. Le rapatriement serait à la limite une faveur diplomatique de la part d'Ottawa, si bien que les États-Unis seraient disposés à payer le transfert.

Le département d'État américain a confirmé qu'il a récemment autorisé le transfert de Khadr au Canada. Mais son porte-parole, Mark Toner, n'a pas précisé l'échéancier du rapatriement.

«Nous travaillons rapidement et délibérément pour clore ce processus», a-t-il indiqué à l'Associated Press.

Ottawa pourrait bien trouver son compte dans le rapatriement de Khadr, indique une source. Le gouvernement Harper, qui s'est toujours montré réticent à accepter son retour, craint qu'il puisse de nouveau s'associer à des extrémistes s'il rentre au Canada au terme de sa peine.

Si la requête est arrivée sur le bureau du ministre Toews pour approbation, c'est que le long processus bureaucratique pour étudier la demande de rapatriement tire à sa fin, estime l'avocat du prisonnier, John Norris.

«Nous avons bon espoir que le ministre va effectivement approuver le transfert et, dès lors, que des démarches seront entreprises pour déménager Omar de Guantanamo au Canada», a-t-il indiqué à La Presse.

Me Norris affirme que son client est «anxieux», «désireux de rentrer au Canada» et «frustré par les délais». Son rapatriement, dit-il, permettrait d'améliorer ses conditions de détention.

«C'est difficile d'imaginer des conditions qui sont pires que celles de Guantanamo, affirme Me Norris. Les conditions dans les établissements carcéraux canadiens sont significativement meilleures. Et cela voudrait dire qu'il pourrait entamer son retour dans la société canadienne.»

La peine de Khadr doit prendre fin en octobre 2018.