Omar Khadr ne lit pas seulement le Coran, mais une foule de livres de toutes sortes. Il est flexible au sujet de l'heure de la prière et pense que les personnes de différentes religions peuvent cohabiter sans problème. C'est ce qu'a fait valoir la défense, mercredi, dans sa plaidoirie sur la peine à infliger au jeune détenu, qui a plaidé coupable lundi à des accusations de crimes de guerre.  



Citant des extraits de la transcription de l'entrevue que le Dr Michael Welner a lui-même réalisée en juin 2010 avec Omar Khadr, les avocats ont tenté de démonter l'argument principal du psychiatre, qui affirme depuis deux jours que le jeune homme est un islamiste radical, prêt à grossir les rangs d'Al-Qaïda dès qu'il sortira de prison.

«Vous semblez vous souvenir de tout ce qui est mauvais, mais vous n'arrivez pas à vous souvenir des sept heures que vous avez passées avec Omar Khadr», a lancé le major Matthew Schwartz au Dr Welner.

Le major Schwartz a mis en évidence le fait que plusieurs conclusions du psychiatre se basent sur les travaux du psychologue danois Nicolai Sennels, auteur du livre Parmi les criminels musulmans. L'expérience d'un psychologue à Copenhague, qui estime que l'intégration des musulmans dans les sociétés occidentales est impossible.

La défense a ainsi mis le Dr Welner face à une série de déclarations hautement antimusulmanes du psychologue danois. Il écrit par exemple que le Coran «est un livre criminel qui force les gens à commettre des actes criminels», que le fait d'être élevé dans la tradition musulmane par des parents musulmans «accroît le risque de comportements antisociaux» et qu'environ la moitié des musulmans sont issus d'unions consanguines, ce qui a «endommagé leur patrimoine génétique».

Le psychiatre embauché par le gouvernement américain pour évaluer la dangerosité d'Omar Khadr a indiqué qu'il était en accord avec «certaines» des idées de Nicolai Sennels et qu'il respectait son travail.

Le Dr Welner a aussi admis que les conclusions qu'il a présentées en cour n'avaient pas été révisées par ses pairs et que c'était la première fois qu'il réalisait une évaluation des risques futurs posés par un «djihadiste radical». La défense, après plus de 500 heures de recherche pour cette cause, a mis en doute les connaissances du psychiatre en matière d'islam puisqu'il n'a pu dire à quelle heure les musulmans doivent prier en après-midi.

Témoignages émotifs

Après une courte pause, les audiences ont pris une tournure beaucoup plus émotive avec les témoignages du soldat Layne Morris, blessé lors du combat du 27 juillet 2002, et de deux proches du sergent Christopher Speer, mort des blessures que lui a infligées une grenade qu'Omar Khadr est accusé d'avoir lancée.

Durant ces témoignages, Omar Khadr est resté impassible, la tête baissée, ne regardant que rarement les militaires. À quelques mètres de là, la veuve du soldat Speer, Tabitha, peinait à retenir ses larmes et serrait la main de sa soeur à l'évocation des qualités et des exploits de son mari.

Mère de deux enfants, Tanner et Taryn, elle doit comparaître aujourd'hui, dans un témoignage qui s'annonce chargé d'émotions.

Plaçant ses pions en prévision de son plaidoyer de clôture, le major Schwartz a contre-interrogé M. Morris, qui, avec Tabitha Speer, a gagné en 2006 une poursuite devant la cour fédérale de l'Utah pour les dommages qui lui ont été causés en Afghanistan.

La poursuite, a précisé le major Schwartz, visait Ahmed Khadr, le père d'Omar, pour avoir échoué, comme parent, à prévenir les gestes de son fils et pour l'avoir «forcé» à commettre des actes criminels.

Les avocats d'Omar Khadr arguent depuis toujours que leur client, qui avait 15 ans au moment des faits, ne faisait que répondre aux ordres de son père autoritaire.

Par ailleurs, dans une lettre adressée aux membres de la commission militaire, la représentante des Nations unies pour les enfants soldats, Radhika Coomaraswamy, a réitéré mercredi son inquiétude face au traitement réservé à Omar Khadr. Mme Coomaraswamy a réclamé que le jeune détenu soit, sans délai, rapatrié au Canada où il pourra participer à un programme de réhabilitation, selon les conventions internationales sur les droits des enfants.

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Ce que lit Omar Khadr

> Les romans de la série Harry Potter

> La biographie de Nelson Mandela

> Les rêves de mon père, de Barack Obama

> Les romans de John Grisham

> Les chroniques de Narnia

> Les romans à l'eau de rose de Danielle Steel