Le gouvernement canadien doit participer aux négociations visant à conclure une entente à l'amiable dans le dossier du jeune Omar Khadr, ont plaidé hier les partis de l'opposition à Ottawa.

Le procès du plus jeune détenu de la prison de Guantánamo, qui est citoyen canadien, devait reprendre hier, mais des négociations de dernière minute en vue de conclure une entente, dans laquelle le jeune homme accepterait de plaider coupable en échange d'une peine de prison réduite, ont amené les autorités militaires à reporter d'une semaine la reprise du procès.

Or, cette entente pourrait faire en sorte qu'Omar Khadr purge une partie de sa peine de prison au Canada. Mais le gouvernement canadien s'entête à dire qu'il ne veut pas s'en mêler.

«Le Canada reconnaît l'indépendance du processus américain, a souligné le ministre d'État aux Affaires étrangères, Peter Kent. On ne peut spéculer sur l'issue du processus. Omar Khadr fait face à des accusations sérieuses aux États-Unis; c'est aux États-Unis que ça va se régler.»

Les partis de l'opposition estiment quant à eux que le gouvernement canadien manque à ses responsabilités.

«S'il y a des discussions en cours avec les avocats de M. Khadr pour une possible entente à l'amiable, je ne pense pas que le gouvernement canadien puisse continuer à se mettre la tête dans le sable, a dit le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae. Je pense qu'il va finir par devoir réagir à la situation.»

Il est temps, a pour sa part affirmé le NPD, qu'Ottawa agisse en «adulte» dans le dossier, prenne «ses responsabilités» et rapatrie le détenu canadien, accusé du meurtre d'un soldat américain en Afghanistan alors qu'il avait 15 ans.

«Je pense que, si le premier ministre Harper ne réalise pas qu'il doit s'occuper lui-même de ses propres dossiers en matière d'affaires étrangères, Washington va le forcer à le faire, a dit le député néo-démocrate Paul Dewar. Les Américains ne veulent pas garder Omar Khadr à Guantánamo, et c'est ce qui va faire bouger les choses.»

Le Bloc québécois organise par ailleurs sur la colline parlementaire la projection du documentaire sur Omar Khadr, Vous n'aimez pas la vérité, de Luc Côté et Patricio Henriquez, présenté en primeur au Festival du nouveau cinéma de Montréal jeudi dernier. Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, souhaite que les parlementaires, et en particulier les conservateurs, soient nombreux à y assister et espère que cela leur permettra «de comprendre certaines choses».