L'armée américaine a inculpé hier de meurtre le fils canadien d'un financier présumé d'Al-Qaida, qui a été capturé en Afghanistan alors qu'il n'avait que 15 ans, et qui a ensuite été détenu près de cinq ans à la prison de la base américaine de Guantanamo Bay.

Omar Khadr, qui a aujourd'hui 20 ans, est accusé d'avoir rejoint les talibans en Afghanistan, où il aurait lancé une grenade qui a tué un soldat américain en juillet 2002. Il a été capturé dans une base d'Al-Qaida dans l'est du pays alors qu'il avait été blessé dans ces affrontements.

L'armée l'a inculpé mardi de meurtre, tentative de meurtre, soutien à des activités terroristes, complot et espionnage. Il comparaîtra devant un tribunal militaire. Cette juridiction, établie par une loi antiterroriste l'année dernière, a déjà condamné l'Australien David Hicks, qui a plaidé coupable, à neuf mois de prison.

Selon l'armée américaine, les accusations lui seront présentées dans les 30 jours. Il encourt une peine maximale de prison à perpétuité.

Des organisations qui désapprouvent la prison de Guantanamo, où sont détenus des suspects de terrorisme dont certains n'ont pas encore été inculpés, ont critiqué les autorités pour avoir soumis Khadr au même tribunal militaire que des suspects adultes. Selon Jumma Musa d'Amnesty Interntational, il aurait, dans n'importe quel autre conflit, été traité comme un enfant soldat.

L'avocat de Khadr, nommé par le Pentagone, a déclaré de son côté que les Etats-Unis deviendraient le premier pays de l'histoire moderne à juger un suspect de crimes de guerre qui était mineur à l'époque des faits. Selon le lieutenant colonel Colby Vokey, le chef d'inculpation de complot viserait même des actes commis lorsque Khadr avait moins de 10 ans. L'avocat a appelé les Etats-Unis et le Canada à trouver une «solution politique» à cette affaire.

Le porte-parole du Pentagone Jeffrey Gordon a de son côté estimé que Khadr devait répondre de ses actes.

«Le département de la Défense continuera à maintenir la loi et à faire comparaître des combattants ennemis illégaux devant la justice par le biais des commissions militaires», a-t-il déclaré.