La mort en Afghanistan du sergent américain Christopher Speer aurait pu être causée par ses frères d'arme, et non par le Canadien Omar Khadr, selon de nouveaux témoignages entendus à Guantanamo.

Selon l'avocat d'Omar Khadr, William Kuebler, des propos de soldats américains laissent croire que quelqu'un d'autre que le Canadien aurait pu lancer la grenade qui a tué le sergent Speer. Ces soldats américains, interrogés par Me Kuebler, se sont souvenus avoir lancé des grenades au moment précis où aurait été tué le sergent en juillet 2002.Me Kuebler a précisé aux journalistes que ces témoins ont affirmé avoir lancé des grenades dans l'immeuble en ruines où se trouvait la victime. L'avocat de Khadr avait déjà noté des incohérences dans les récits des événements. La poursuite argue qu'il est naturel que les soldats aient des souvenirs incomplets de ce qui s'est passé.

Le gouvernement américain se dit persuadé que Khadr a lancé la grenade qui a tué le sergent Speer. Le Canadien, qui avait 15 ans au moment de son arrestation en Afghanistan, fait face à la prison à perpétuité s'il est reconnu coupable des chefs de meurtre, complot et soutien au terrorisme.

Le procureur en chef de la prison de Guantanamo, le colonel Lawrence Morris, a refusé de discuter en détails de l'hypothèse de la défense, mais a affirmé qu'elle serait sûrement «jugée sans fondement en cour».

Me Kuebler a mentionné brièvement l'hypothèse du «tir ami» au cours d'une audience préliminaire au procès, puis est entré dans les détails en conférence de presse. «Nous ne saurons jamais exactement ce qui s'est passé dans cet immeuble, mais ce que nous avons en main est une autre possibilité», a affirmé l'avocat.

Le procureur Jeffrey Groharing a pressé le juge de fixer une date pour le procès militaire de Khadr, soulignant la nécessité que justice soit faite pour la veuve et les enfants du sergent Speer. «Il y a de véritables victimes dans cette affaire et l'accusé n'en fait pas partie, a dit M. Groharing à la cour. Tabitha Speer élève deux enfants sans son mari à cause des gestes posés par l'accusé.»

L'avocat de Khadr a soutenu qu'une «grave injustice» serait commise si son client était condamné à la prison à vie.