À 10h30 ce jeudi matin, le président des États-Unis arrivera à Ottawa. Comme plusieurs de ses prédécesseurs, Barack Obama a choisi de faire sa première visite à l'étranger au Canada. Un choix symbolique, pour tenter de renouer les liens mis à l'épreuve au cours des dernières années. Le conservateur Stephen Harper et le démocrate Barack Obama arriveront-ils à s'entendre sur des sujets épineux comme l'Afghanistan ou les sables bitumineux? Le chef libéral réclame pour sa part un entretien de 20 minutes avec le président américain. 

L'ordre du jour sera chargé. Mais le temps limité.

La santé de l'économie, le libre-échange, la mission en Afghanistan, les changements climatiques, la sécurité à la frontière et l'aide au secteur automobile sont autant de sujets qui seront abordés lorsque Stephen Harper accueillera Barack Obama à son bureau de la colline parlementaire aujourd'hui.

Tous ces sujets brûlants d'actualité devront être discutés en moins de trois heures. Le président américain passera en tout à peine six heures au pays. Ce qui fait dire au premier ministre Stephen Harper que cette rencontre au sommet devra être la première d'une série d'entretiens pour s'assurer que les dossiers cruciaux progressent.

«J'espère que cette visite sera le début de plusieurs entretiens fructueux entre nous deux et entre nos gouvernements. (...) Évidemment, nous avons beaucoup de défis énormes en commun, notamment au chapitre de l'économie et dans le domaine des affaires internationales, de l'environnement et de l'énergie», a déclaré M. Harper dans une entrevue accordée à CTV mardi soir.

Le président des États-Unis, qui a choisi de faire sa première sortie à l'étranger au Canada, à l'instar de plusieurs de ses prédécesseurs, arrive à Ottawa ce matin vers 10 h 30. Il sera accueilli à l'aéroport international d'Ottawa par la gouverneure générale, Michaëlle Jean. Il se rendra ensuite sur la colline parlementaire où il rencontrera Stephen Harper. Avant de rentrer chez lui, en fin d'après-midi, Barack Obama rencontrera aussi le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, et le critique libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, à l'aéroport d'Ottawa.

Le Tout-Ottawa s'agite depuis quelques jours en prévision de cette visite du président américain, qui a le statut d'une véritable star. Des t-shirts à l'effigie du président se vendent allégrement dans une boutique du marché By. Une queue de castor, sucrerie vendue sur le canal Rideau, a été créée en l'honneur de Barack Obama. Un restaurant a même décidé d'ajouter un hamburger Obama à son menu.

Haute surveillance

La sécurité est fortement resserrée au centre-ville de la capitale fédérale, ce qui n'empêchera pas des centaines d'admirateurs de la région d'Ottawa, de Montréal, de Toronto et de Kitchener de converger vers la colline parlementaire afin de voir l'homme le plus populaire de la planète.

Et pour cause. Au Canada, il existe une sorte d'obamanie. Un sondage publié cette semaine dans le magazine Maclean's démontre que 82% des Canadiens appuient sa manière de gérer les affaires des États-Unis, un taux de satisfaction qui dépasse celui enregistré chez nos voisins du Sud (62%). En outre, une majorité de Canadiens voient d'un bon oeil les politiques de Barack Obama dans les domaines de l'environnement (59%), de l'économie (54%), de l'énergie (53%) et de la sécurité à la frontière (51%), toujours selon ce coup de sonde réalisé la semaine dernière par la firme Angus Reid auprès de 1000 personnes (marge d'erreur de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20).

Toutefois, cette affection pour le nouveau président ne va pas jusqu'à convaincre les Canadiens qu'il faudrait dire oui à une requête des États-Unis de maintenir les 2500 soldats canadiens en Afghanistan au-delà de février 2011, date prévue de leur retrait. Seulement 20% des Canadiens accepteraient un autre prolongement de la mission des troupes canadiennes contre 65% qui s'y opposeraient.

À la lumière de ces résultats, il n'est donc pas étonnant de constater que des ministres influents du gouvernement Harper et les proches collaborateurs du premier ministre s'évertuent à souligner les liens communs qui existent entre les deux leaders et leur gouvernement respectif. «Ils sont jeunes (dans la quarantaine tous les deux), ils ont une jeune famille, et ils ne sont pas issus de l'establishment de leur parti politique», affirmait encore cette semaine un proche collaborateur sous le couvert de l'anonymat.

Prélude

En prévision de la rencontre au sommet, le président américain a accordé une entrevue au réseau CBC mardi durant laquelle il s'est voulu rassurant au sujet des principaux sujets qui seront discutés durant sa visite. Il a notamment affirmé que le plan de relance de 787 milliards US adopté par son administration visait à sortir l'économie américaine de la profonde récession dans laquelle elle s'enfonce et non pas à ériger des barrières protectionnistes.

Hier, le premier ministre Stephen Harper a à son tour accordé une entrevue en prévision de sa rencontre avec M. Obama au réseau américain CNN. Dans cette entrevue, M. Harper a notamment réitéré l'intention de son gouvernement de retirer les troupes canadiennes de l'Afghanistan en 2011 et s'est dit encouragé par les propos du président au sujet du protectionnisme. Il a aussi affirmé que le Canada demeure le meilleur ami, le plus proche allié et le plus grand partenaire commercial des États-Unis. Enfin, il s'est dit convaincu que les États-Unis continueront d'acheter le pétrole produit à partir des sables bitumineux de l'Alberta, même si cela est polluant, compte tenu que le Canada est une source d'approvisionnement stable et sûre pour les Américains.