Le chef de l'opposition Michael Ignatieff compte bien être autorisé par le gouvernement conservateur à s'entretenir au moins 20 minutes avec le président américain Barack Obama, jeudi à Ottawa, soit le même temps dont avait disposé Stephen Harper, alors chef de l'opposition, pour rencontrer le président George W. Bush en 2004.

«La question de la durée de l'entretien que j'aurai avec le président Obama est encore en discussion. Les Américains ont leurs intérêts, le premier ministre a, il va sans dire, ses intérêts politiques et je ne laisserai pas les intérêts politiques du premier ministre gâcher cette chance», a indiqué mercredi après-midi M. Ignatieff, à l'issue d'une réunion partisane à Brossard.

«Quand M. Harper était leader de l'opposition, il a eu un bon entretien avec le président Bush. Je n'en espère pas moins. Je suis certain que je ne vais pas obtenir moins. Les Américains vont sûrement faire preuve de collaboration et de soutien», a-t-il ajouté.

Au départ, la rencontre Ignatieff-Obama devait durer 30 minutes. Mercredi, le temps alloué avait fondu de moitié.

Alors que la rencontre Harper-Bush s'était déroulée dans un édifice tout près de la colline parlementaire, celle entre MM. Ignatieff et Obama doit avoir lieu à l'aéroport d'Ottawa, juste avant le départ du président américain.

«Je ne veux pas avoir l'air de me plaindre. C'est un grand moment pour nos deux pays. J'ai hâte d'échanger avec lui et j'espère que c'est la même chose pour lui. J'espère qu'il y aura plusieurs autres occasions», a dit M. Ignatieff.

Le chef libéral entend discuter avec le président américain de l'importance de maintenir le libre-échange entre les deux pays et d'accentuer la fluidité aux frontières. Il veut également s'entretenir de la mission canadienne en Afghanistan.

«Une des raisons pour lesquelles le président Obama est devenu le président est sa capacité d'écoute. Il va être à l'écoute des préoccupations canadiennes. Après monsieur Harper, je suis le seul Canadien qu'il va vraiment rencontrer et je vais parler franchement d'une façon digne et sobre sur la question des frontières», a avancé M. Ignatieff.

«Nous sommes en train, j'ai peur, d'ériger des barrières entre le Canada et les États-Unis. Il faut les réduire pour le commerce et les gens ordinaires», a-t-il prôné.

De par ses relations, M. Ignatieff est plutôt bien placé pour que le président Obama lui prête une oreille attentive. À titre d'exemple, Cass R. Sustein, un ami du chef libéral, dirige le Bureau de l'information et des affaires réglementaires de la Maison-Blanche, tandis que Lawrence Summers, qui dirige le Conseil économique national de la Maison-Blanche, était président de l'Université Harvard au moment où M. Ignatieff y enseignait.