La Fondation canadienne de l'innovation (FCI), un organisme du gouvernement fédéral, a rejeté une demande de 112 millions de dollars que lui avait présentée le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) l'année dernière pour financer son centre de recherche. La FCI a en revanche accédé à une demande similaire présentée par le Centre universitaire de santé McGill.

Cette nouvelle, divulguée par Le Devoir hier, a amené les partis de l'opposition à dénoncer le «cafouillage» qui entoure le projet de construction des deux grands hôpitaux universitaires à Montréal et de leur centre de recherche respectif. Mais tant les dirigeants du CHUM que le cabinet du ministre de la Santé se sont montrés rassurants. Le centre de recherche du CHUM ira de l'avant comme prévu, ont-ils dit. La FCI ou un autre organisme fédéral pourraient accorder la subvention souhaitée dès l'année prochaine, ont-ils ajouté.

Le centre de recherche du CHUM, qui sera construit en partenariat avec le secteur privé, doit coûter 320 millions. Le ministère de la Santé du Québec s'est engagé à payer le gros de la facture, mais il compte aussi sur une contribution du gouvernement fédéral et du secteur privé, qui se fait également tirer l'oreille.

La FCI relève d'Industrie Canada. Un de ses volets concerne la recherche en santé. L'organisme lance régulièrement des concours appelant les universités et les hôpitaux de tout le pays à lui présenter des projets. Comme il distribue ses subventions selon le poids démographique des provinces, il en alloue le quart au Québec.

L'Université de Montréal et le CHUM en ont souvent profité. Mais ce ne sera pas le cas cette année. Dans sa lettre de refus, la FCI souligne la qualité des chercheurs du CHUM, mais son comité d'experts émet des réserves.

«Le comité a jugé que les collaborations entre les disciplines impliquées dans la demande (pour le centre de recherche du CHUM) n'avaient pas été bien démontrées. Le transfert de technologie constitue un élément faible de la demande (...).

«Par ailleurs, le but principal de la demande apparaît avant tout être la construction de nouveaux espaces de recherche pour remplacer les locaux désuets. Le comité a reconnu le besoin de nouveaux locaux pour réunir les excellents chercheurs impliqués. Toutefois, il n'a pas pu identifier un domaine particulier de recherche qui sera rehaussé de façon significative par ce déménagement.»

Le Dr Denis Roy, directeur général du CHUM, et le Dr Jacques Turgeon, directeur du centre de recherche du CHUM, n'ont pas caché leur étonnement et leur déception au cours d'un entretien avec La Presse, hier après-midi.

«Nous avions une excellente demande, très bien cotée par des chercheurs indépendants de notre équipe, a dit le Dr Roy. Évidemment, nous sommes déçus de ne pas avoir ce financement, et nous allons faire les démarches appropriées pour l'avoir. Je persiste à croire que le gouvernement fédéral peut trouver une autre source de financement. La renommée internationale de notre centre de recherche n'est pas à prouver.»

«Depuis le début, le gouvernement fédéral s'est engagé à contribuer aux projets du CHUM et du CUSM, à hauteur de 100 millions pour chacun, a rappelé l'attachée de presse du ministre de la Santé, Yves Bolduc. Si ce n'est pas par la Fondation canadienne pour l'innovation, il devra trouver un autre véhicule pour le faire.»

Le centre de recherche du CHUM sera construit à côté de l'hôpital Saint-Luc et du futur CHUM, dans le centre-ville de Montréal. Dès septembre, l'édifice des Coopérants, rue Saint-Antoine, sera démoli pour permettre la construction, qui commencera l'année prochaine. Il regroupera 1300 chercheurs, étudiants et employés, actuellement disséminés dans six immeubles.