En plus du complexe de santé privé que le chanteur Garou compte bâtir en face du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), plusieurs autres cliniques privées s'établiront tout près du futur hôpital universitaire. Contrairement à ce qu'affirme le ministre de la Santé, Yves Bolduc, le CHUM est déjà «en discussion» avec ces établissements privés. Dans son numéro d'hier, le quotidien Le Devoir a annoncé que Garou veut transformer l'actuelle salle de spectacle du Medley, située en face de l'hôpital Saint-Luc, en centre de santé privé. Le chanteur souhaite construire un complexe de 100 millions de dollars qui comprendrait des cliniques, des chambres d'hôtel, des appartements et un restaurant. Le CHUM aurait qualifié ce complexe de «solution».

Sans trop vouloir commenter la situation, le CHUM a avoué, hier, que différents promoteurs privés élaborent actuellement des projets de cliniques de santé privées aux environs du futur CHUM. «Nous sommes en discussion avec eux pour établir des partenariats. Mais nous n'avons pas pris de décisions encore», affirme la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne.

Alors que le CHUM confirme être en discussion avec plusieurs cliniques privées, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, assure que «c'est une illusion de penser qu'on va commencer à transférer des services dans des cliniques privées. Il n'est pas question de diluer le projet du CHUM. Il n'est pas question de commencer à faire des ententes pour transférer des activités du CHUM à des cliniques privées».

Or, contrairement à ce que soutient le ministre, le CHUM étudie même la possibilité d'établir un partenariat avec une clinique médicale spécialisée (CMS) affiliée en ophtalmologie.

Mais le ministre Bolduc ne semblait pas au courant de cette information, hier. Il est même allé jusqu'à accuser les médias de colporter des ragots sans fondement au sujet du CHUM. «Quand quelqu'un dit quelque chose sans connaître le dossier, ça fait la première page du journal et tout le monde remet en question (le projet), a-t-il dit. (...) Il y a beaucoup de gens qui se positionnent sur le CHUM et qui ne connaissent rien du dossier.»

Réactions vives

En apprenant que le CHUM sera entouré de cliniques privées, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) n'a pas tardé à réagir. L'association déplore que le futur CHUM puisse dépendre de cliniques privées pour être fonctionnel. «Le succès du CHUM, un hôpital universitaire, ne peut pas reposer sur des cliniques privées! Ça n'a pas de sens!» plaide le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette.

Selon lui, si le CHUM ressent le besoin de faire des partenariats avec des cliniques privées, c'est la preuve que le futur hôpital n'aura pas l'envergure pour répondre aux besoins des patients.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) voit elle aussi d'un mauvais oeil l'arrivée de complexes de santé privés près du CHUM. «On pousse même l'audace jusqu'à prétendre que la clinique privée fait partie de la solution des problèmes du CHUM. C'est complètement aberrant!» a dit la présidente de la FIQ, Lina Bonamie, dans un communiqué.

La Coalition Solidarité Santé estime quant à elle que l'arrivée de cliniques privées autour du CHUM est «le pire des scénarios qui pouvaient arriver». «Qu'un hôpital universitaire soit si ouvert au privé est inquiétant, dit la porte-parole de la Coalition, Claudelle Cyr. On va faire du profit sur le dos de gens malades!»

Mme Cyr reconnaît toutefois que la situation était prévisible. «Le conseil consultatif du CHUM est constitué de gens tous très ouverts au privé en santé», dit-elle.

Créé en mai 2007, le conseil consultatif du CHUM a pour mission de «favoriser et faciliter l'intégration du CHUM dans les différentes sphères de la société au plan de son développement et de l'organisation des soins de santé». Au sein du comité, on trouve notamment Michel Clair, le président du groupe de santé privé Sedna et Philip O'Brien, le directeur de Viger DMC International inc., organisme qui compte s'établir près du futur CHUM.