Comme plusieurs enfants, Mats Naslund était mon joueur préféré.

Mais, étrangement, j'avais aussi un faible pour les gardiens de but substituts. Doug Soetaert, ça sonnait bien; c'était suffisant pour avoir mon appui.

Plus tard, Brian Hayward m'est apparu aussi bon que Patrick Roy. Mettez ça sur le compte de l'inexpérience. Parfois je me dis que je serais devenu plus vite un fan de saint Patrick si je n'avais pas raté la fête de 1986.

 

Il faut dire que chez nous, La Soirée du hockey à 20 h n'allait pas de pair avec le dodo d'un enfant de 11 ans. Disons que j'ai vu beaucoup de premières périodes de Patrick Roy.

Quand je l'ai vu faire son entrée en séries éliminatoires, tout gringalet qu'il était, je n'étais pas outillé pour comprendre l'ampleur du phénomène. D'abord, qu'un gardien fasse quelques miracles en séries était, à mes yeux, tout à fait normal. Steve Penney l'avait fait deux ans plus tôt!

Vaincre les Bruins? Là non plus, rien d'inhabituel. Face aux Whalers, c'est le but en prolongation de Claude Lemieux - et le cri primal de Mario Tremblay à la-télé-de-Radio-Canada - qui m'était resté en tête.

Finalement, arrivé en finale contre les Flames de Calgary, au soir du grand soir, le décalage horaire avec l'Alberta a eu raison de moi. Je n'ai jamais vu Patrick Roy soulever la Coupe Stanley pour la première fois. Quand une légende est née, moi j'étais couché.

J'ai revu Patrick Roy à la télé, grimpé sur un camion, montrant fièrement ses biceps minuscules à une foule en délire.

Mon frère, lui, étudiait au Collège de Montréal, et il s'était donné congé pour assister au défilé, à quelques rues de là. Il n'a rien manqué.

J'allais entrer au secondaire l'année suivante et j'avais hâte, moi aussi, de me donner congé pour assister aux défilés.

Mais la conquête de la Coupe suivante a eu lieu en 1993. J'étais déjà rendu au cégep... Cette fois-là, je n'ai rien raté. Ni les victoires en prolongation, ni le clin d'oeil à Tomas Sandstrom, ni la gloire éphémère de Paul DiPietro.

J'ai même vu un match à Long Island en finale de conférence, assis tout près de Bruny Surin.

Et à cette époque-là, je n'en avais plus rien à cirer des gardiens substituts.