À 16 ans, Franck* s'est retrouvé devant le juge à cause d'un acte de vandalisme. Il a été condamné à 200 heures de travaux communautaires. Il n'a jamais rencontré sa victime, le propriétaire de l'immeuble. Il n'a jamais pu offrir réparation. Cinq ans plus tard, ça le tourmente encore.

Mais la vie allait lui réserver une drôle de surprise. C'était en avril dernier. Sa voiture a été vandalisée et les voleurs se sont emparés de la chaîne stéréo de près de 1000$ qu'il avait réussi à s'acheter en économisant patiemment. Un an de travail au salaire minimum venait de disparaître dans les mains de deux ados, qui ont finalement été épinglés par la police.

Avant de condamner les jeunes et de leur infliger leur peine, le juge de la Chambre de la jeunesse a ordonné une rencontre de médiation sous la supervision d'experts en justice réparatrice. Comment étaient les ados ? « Mal à l'aise, c'est sûr ! » raconte Franck. Surtout que le jeune homme avait insisté pour que leurs parents soient présents.

« Ils m'ont demandé : toi, qu'est-ce que tu souhaiterais ? Je voulais qu'ils travaillent pour comprendre la valeur de l'argent, qu'ils m'achètent un système de son et qu'ils me le donnent. Je voulais qu'ils sachent ce que c'est de travailler pour rien. »

Le juge a accepté. Les deux ados ont été condamnés à verser à Franck la valeur de la chaîne. Ce qu'ils ont fait rapidement. Lorsque, à leur âge, Franck avait été condamné à des travaux communautaires, il avait dû, à leur âge, laver de la vaisselle dans une résidence pour personnes âgées. Mais il aurait préféré de loin mettre ces 200 heures au profit de sa victime, comme tondre sa pelouse, faire des travaux ménagers.

« N'importe quoi, mais le faire pour lui. C'est à lui que j'avais fait quelque chose, pas aux autres. J'aurais trouvé ça chiant quand même, mais j'aurais trouvé ça normal de lui rendre un service à lui plutôt qu'à une personne que je ne connaissais pas et à qui je n'avais rien fait.»

* Nom fictif