Les escortes ou les masseurs qui font de la publicité dans des magazines sont rarement inquiétés par la police, qui a d'autres chats à fouetter et qui répond surtout aux plaintes des citoyens.

«Ça me surprendrait qu'il y ait une descente de police chez moi, dit François, qui propose son service d'escorte dans un journal pour 80 $. Qu'est-ce qu'ils peuvent me faire ? J'ai fait du mal à qui ? Pis, avec toutes les annonces qu'il y a dans les journaux, que peuvent-ils faire ? Ils n'ont même pas de budget pour s'attaquer aux gangs de rue.»Christian Cloutier, le commandant de police du poste de quartier du Village gai, dit que le service d'escorte peut être de la prostitution «de type maison de débauche» mais que le sujet est traité «de façon différente» que la prostitution de rue. De plus, la police cherche d'abord à savoir si des mineurs sont impliqués.

«On doit prioriser nos interventions en moralité, dit-il. On fonctionne avec les plaintes des citoyens.» Et il y a moins de prostitution sur rue qu'auparavant donc moins de plaintes. «Le parc Campbell est beaucoup plus tranquille, dit-il. Avant, il y avait de la prostitution de jour comme de nuit.»

La police surveille les bars de danseurs nus mais n'interviendra pas si un danseur part avec un client. «Ces bars ne sont pas des places de prostitution, dit M. Cloutier. Si le danseur décide d'aller chez un client, c'est lui qui décide de le faire, il n'y a pas eu de sollicitation dans la rue. Ce n'est pas de la prostitution de rue.»

Et les massothérapeutes non sexuels ? Font-ils de la prostitution s'ils donnent un petit extra à la fin du massage ? La section de la moralité a un oeil là-dessus, assure le commandant, mais «il y a plus d'arrestations pour la prostitution de rue que dans les maisons de débauche».

«Dans le Village, la prostitution n'est pas un gros problème ni un problème mineur mais un problème quand même car c'est toujours associé à un risque, la drogue, la sollicitation, le dérangement du voisinage, le sida, etc.», dit-il.