Environ un quart des vaccins contre la grippe A(H1N1) fabriqués pour la population américaine ont atteint leur date d'expiration: 40 millions de doses, d'une valeur de 260 millions de dollars, vont devoir être détruites. Les vaccins, dont certains sont périmés depuis mercredi, seront incinérés.

«Ça fait beaucoup», commente Jerry Weir, chargé de la recherche sur les vaccins au sein de la Food and Drug Administration (FDA), l'agence fédérale du médicament.

Environ 30 millions de doses supplémentaires vont expirer plus tard, selon une estimation du gouvernement. Si la totalité de ces vaccins devaient ne jamais être utilisés, plus de 43% des doses commandées auront tout simplement été gaspillées.

Pour justifier cette vaste commande de vaccins, l'administration américaine, comme d'autres pays, avait invoqué un principe de précaution nécessaire face à un virus inconnu jusqu'alors. De nombreux experts craignaient que cette nouvelle forme de grippe n'entraîne une épidémie mondiale mortelle. Mais la maladie a finalement tué moins de patients que la grippe saisonnière.

«Même si nous nous retrouvons avec de nombreuses doses de vaccins qui n'ont pas été utilisées, il valait mieux être prêt pour le pire scénario que de ne pas avoir assez de doses», a souligné Bill Hall, porte-parole du Département de la Santé.

Plusieurs millions de doses de vaccins contre la grippe expirent généralement chaque année, mais ces dernières années, ce surplus correspondait à environ 10% du nombre de doses. Et non 25% comme c'est le cas pour les vaccins contre le virus A(H1N1).

Le gouvernement américain avait commandé près de 200 millions de doses, une quantité sans précédent. Environ 162 millions de doses étaient destinées au public. Les autres à l'armée et à d'autres pays.

Mais la demande n'a jamais décollé, pour plusieurs raisons. Ainsi, les tests ont rapidement démontré qu'une seule dose était nécessaire pour protéger la plupart des gens. Par ailleurs, la majeure partie des vaccins n'ont pas été livrés avant fin 2009, après la plus importante vague de l'épidémie. Et enfin, il s'est avéré que le virus n'était pas aussi mortel que les experts le craignaient, avec 12 000 décès, soit un tiers des victimes de la grippe saisonnière.