À l'aube des grands rassemblements des Fêtes, la moitié des femmes enceintes de Montréal ne sont pas vaccinées contre la grippe A (H1N1). Les responsables de la santé publique sont inquiets.

«Je leur lance un appel particulier», déclare le directeur de la Santé publique de Montréal, le Dr Richard Lessard. Les femmes enceintes «sont des personnes à risque de complications élevées».Depuis le début de la deuxième vague de grippe, à la fin de l'été, 17 femmes enceintes ont été hospitalisées à Montréal pour des complications liées à la grippe. Le printemps dernier, 13 d'entre elles ont été hospitalisées et deux sont mortes des suites de la grippe.

À ce jour, 8580 des quelque 16 000 femmes enceintes qui résident dans la métropole ont été vaccinées. C'est un taux inférieur à la moyenne provinciale qui se situe autour de 55,5%.

La Dre Diane Francoeur, chef de l'unité d'obstétrique et gynécologie du centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, côtoie cette clientèle tous les jours.

«Les femmes enceintes sont souvent malades. Elles attrapent tous les virus qui passent, que ce soit la gastro ou la grippe», souligne-t-elle pour convaincre cette clientèle de se faire vacciner avant les réunions de famille et les partys du temps des Fêtes.

Au cours des dernières semaines, des nouveau-nés ont contracté la maladie parce que leur mère n'était pas vaccinée, ajoute la Dre Francoeur.

«Quand un petit bébé tout neuf attrape le H1N1 et qu'il est en isolement, comme parents, vous attrapez tout un coup. Vous avez peur qu'il ne passe pas au travers.»

Comme partout ailleurs, les femmes enceintes expriment plusieurs craintes concernant le vaccin. Elles hésitent à se faire vacciner, craignant pour la santé de leur bébé à naître.

Plusieurs croient, à tort, que les vaccins causent l'autisme, souligne la Dre Francoeur. «Il n'y a jamais eu aucune preuve (de cela). L'autisme, c'est tellement dramatique que si on avait eu le moindre petit doute, on ne l'aurait jamais pris, parce que pour une famille, l'autisme, ça peut être dévastateur.»

Une particularité différencie par ailleurs Montréal du reste de la province. C'est sa diversité culturelle. La barrière des langues peut faire en sorte qu'il est difficile de rejoindre les futures mères.

La Santé publique est d'ailleurs en train de mettre au point une nouvelle stratégie pour offrir le vaccin aux femmes enceintes à l'hôpital ou au CLSC, lorsqu'elles se présentent pour un rendez-vous de grossesse. Par contre, il n'est pas question pour le moment d'offrir le vaccin directement dans les cabinets des médecins.

Il reste que certaines personnes ne veulent rien savoir du vaccin, dont des femmes enceintes. «C'est leur droit», déclare la Dre Francoeur. Mais elle les invite à éviter les rassemblements et les bains de foule, au moins jusqu'à ce que leur poupon ait 6 mois, de façon à se protéger et le protéger, par la même occasion.

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D'autres cliniques ferment

La moitié des cliniques de grippe encore actives au Québec ont fermé leurs portes cette semaine en raison de la faible fréquentation. Alors qu'on en comptait une trentaine samedi, seulement 15 étaient encore ouvertes, mardi, et les autorités prévoyaient en fermer d'autres aujourd'hui. Au sommet de la pandémie, 54 cliniques accueillaient la population.

Par ailleurs, le cap des 3 millions de Québécois immunisés a été franchi, hier. Les autorités recensent à ce jour 41 cas de réactions sérieuses au vaccin (0,9 par 100 000 doses). Au cours des deux dernières semaines, une personne âgée a développé le syndrome de Guillain-Barré deux jours après avoir été vaccinée. Le cas est en investigation. «Elle a développé des symptômes rapidement après la vaccination, ce qui va moins bien avec l'hypothèse que ce soit associé à la vaccination», a indiqué le Dr Horacio Arruda, directeur à la protection de la santé publique. Le syndrome de Guillain-Barré, dont l'origine précise n'est pas connue, serait souvent lié à des infections virales ou bactériennes. D'ailleurs, 12 autres Québécois qui n'avaient pas été vaccinés ont développé le syndrome depuis le début de la deuxième vague. Ce trouble neurologique touche environ 2 personnes sur 100 000 par année. - Catherine Handfield