Oubliez la conciliation famille-travail. La question de l'heure, dans bien des foyers, est désormais la suivante: comment diable concilier famille, travail et... grippe!

Pensez-y. Combien de familles se sont posé la question dernièrement: qui reste à la maison si fiston est fiévreux (jusqu'à la disparition totale de ses symptômes, il va sans dire), qui court aux urgences si, au contraire, ses symptômes s'aggravent, et enfin, qui va faire la queue pour le fameux vaccin?

 

Pour vous aider à gérer la situation, nous avons pensé poser la question à une pro de la conciliation, Claudie Arsenault, l'une des premières coachs spécialisées en conciliation famille-travail au Québec, membre de la International Coach Federation, et auteure d'un livre: La conciliation travail famille, y trouver son compte et son bonheur, aux éditeurs réunis.

Savourez l'anecdote: le matin de l'entrevue, la dame, par ailleurs mère de trois enfants, était injoignable, coincée aux urgences, avec un garçon affichant tous les symptômes grippaux. Comme quoi même les pros vivent parfois des imprévus. Avouez que c'est rassurant.

Alors, chère experte en conciliation, à l'heure où un nombre de plus en plus important de parents travaillent, comment donc décider qui se tapera la corvée de veiller bébé?

Pas de recette toute faite

D'abord, une mise au point. Un coach ne vous donnera jamais de réponse, de truc ou de recette toute faite. On ne fait pas ici dans la psycho pop. Au contraire. Le travail du coach est plutôt le suivant: «Je pose des questions et je guide vers des réponses. Je ne donne pas de conseils. Les gens savent déjà quoi faire. Mais ils ne prennent pas le temps de réfléchir», dit-elle. En gros, son travail consiste à poser des questions, entendre les réponses, et encourager ses interlocuteurs dans l'action, à travers différents échéanciers.

Dans le cas qui nous intéresse, à savoir qui jouera, ou non, au garde-malade dans la famille, elle invite les personnes interpellées à se poser la question: «Dans un monde idéal, qui a le goût d'aller aux urgences?»

Quelle question, pensez-vous? Dans les faits, pourtant, même si une mère (ou un père) croit ne pas en avoir envie, et que c'est son conjoint (sa conjointe) qui s'y colle, peut-être passera-t-elle (ou il) la journée au boulot, à se morfondre, du coup totalement improductive (ou improductif, vous l'aurez compris, nous ne voulons pas ici présupposer des intentions de l'un ou l'autre)... D'où l'importance de se poser la question. La vraie question.

Pour alléger la réflexion, admettons que c'est madame qui finit par admettre qu'elle préfère y aller. La question suivante se pose alors: comment s'y prend-elle? «Je veux mais je ne peux pas», entend-on souvent. Vraiment? «Beaucoup de mères se sentent coupables au point de ne pas oser demander congé à leurs patrons. Elles craignent de passer pour une employée inefficace. Mais le patron est-il aussi intransigeant? C'est très rare. Les patrons, de nos jours, sont très conscientisés, indique Claudie Arsenault. Et tant qu'on n'a pas demandé, on ne peut pas savoir!»

Dans tous les cas, qu'il s'agisse de s'occuper d'un enfant malade, d'aller à la clinique ou de se faire vacciner, la coach conseille aux familles de se préparer un «plan B», en cas d'imprévu. «C'est pas compliqué et ça évite bien du stress.» Pour ce faire, on s'assoit et on discute: «Question de traditions et de modèles, les femmes ont longtemps tout géré, dit-elle. Mais aujourd'hui, les papas s'impliquent beaucoup! Souvent, c'est la mère qui ne laisse pas de place...» D'où l'importance de «distribuer les tâches», conclut-elle. Aujourd'hui c'est moi, demain c'est toi...