L'état d'urgence sanitaire? Simple mesure préventive. Nouvelle vague de grippe A (H1N1)? Il faudra patienter pour se faire vacciner.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Washington envoie ces jours-ci des signaux contradictoires concernant l'épidémie de grippe A (H1N1). Des signaux qui sont de nature à augmenter le degré d'inquiétude et de frustration au sein de la population américaine.

Sur le plan politique, la situation pourrait finir par coûter cher à Barack Obama, qui ne serait pas le premier président américain à écoper, à tort ou à raison, pour sa gestion d'une crise.

Vendredi soir, le chef de la Maison-Blanche a signé une proclamation faisant de l'épidémie de la grippe A (H1N1) une «urgence nationale». Même si l'expression fait peur, les responsables gouvernementaux ont précisé que ce décret constituait une mesure préventive et non une réponse à une nouvelle évolution de la maladie.

La déclaration d'urgence permettra ainsi aux établissements de santé américains de passer outre à certaines exigences fédérales pour la distribution de médicaments et de vaccins ou la mise en place d'opérations provisoires, si la situation l'exige. Et les États-Unis n'en sont pas encore là. N'empêche: cette mesure a coïncidé avec l'annonce de données indiquant que les États-Unis connaissent actuellement une «seconde vague» de grippe A (H1N1). Le virus, dont les caractéristiques n'ont pas changé depuis son apparition au Mexique, est désormais largement répandu dans 46 États américains sur 50, où il a infecté des millions de personnes. Au total, l'épidémie a fait plus de 1000 morts et nécessité l'hospitalisation d'au moins 20 000 personnes aux États-Unis, selon les autorités fédérales.

Pénurie de vaccins

Ces données pourraient convaincre les sceptiques ou les indécis à se faire vacciner. Mais ceux-ci, comme le reste de la population américaine, devront s'armer de patience. Car au même moment où elles déclarent un état d'urgence sanitaire, les autorités fédérales reconnaissent que les États-Unis font face à une pénurie de vaccins contre la grippe A (H1N1).

Seulement 16 millions de doses sont aujourd'hui disponibles aux États-Unis, alors que les experts tablaient sur 120 millions de doses à la mi-octobre. Au bout du compte, les États-Unis devraient disposer de 30 millions de doses à la fin du mois d'octobre en raison d'un retard dans la production des vaccins. Ce retard devrait être comblé d'ici la fin de l'année.

«Nous sommes désormais dans une période où la disponibilité des vaccins contre le virus H1N1 connaît une augmentation soutenue, mais bien trop lente», a déclaré le Dr Thomas Frieden, directeur des centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies, lors d'une conférence de presse vendredi. «Nous partageons le mécontentement du public qui doit faire la queue ou ne peut trouver un endroit pour se faire vacciner.»

Malgré ce mécontentement, les élus de Washington, tous partis confondus, restent pour le moment solidaires face à la situation actuelle. Mais pour combien de temps encore?