Au Canada, six groupes seront vaccinés en priorité contre la grippe A (H1N1): les personnes atteintes de maladie chronique, les femmes enceintes, les enfants d'âge préscolaire, les résidants des communautés éloignées ou isolées, les travailleurs de la santé et les gens qui habitent avec des personnes à risque élevé.

C'est ce qu'a annoncé mercredi l'Agence de la santé publique du Canada, qui a produit à l'intention des provinces et des territoires un document d'orientation sur la séquence de la vaccination.Environ 7 millions de Canadiens entrent dans l'une ou l'autre des catégories visées, soit le cinquième de la population totale. Les catégories ne sont pas classées selon un ordre de priorité, a précisé David Butler-Jones, administrateur en chef de la santé publique du Canada.

«Chaque groupe est important, a-t-il déclaré au cours d'un point de presse à Ottawa. Les provinces et les territoires vont utiliser le guide dans leurs opérations de planification, mais ils sont libres de les interpréter en fonction de la situation et des circonstances locales.» Québec expliquera les détails de son plan de vaccination cet après-midi en conférence de presse.

Les gens qui n'entrent pas dans les catégories déterminées pourront également recevoir le vaccin en début de campagne, a indiqué David Butler-Jones.

Lancement en novembre

«Au Canada, nous n'avons pas besoin d'un programme de rationalisation, a-t-il assuré. Nous n'allons pas renvoyer les gens. Le but est plutôt d'encourager les gens à risque à se présenter rapidement pour recevoir le vaccin.»

GlaxoSmithKline, à qui le gouvernement fédéral a commandé 50,4 millions de doses de vaccins, commencera ses essais cliniques au Canada à la fin de ce mois-ci ou au début du mois d'octobre, a indiqué Marie-Christine Beauchemin, responsable des communications de la société. Les essais se feront sur 2000 Canadiens dans 30 endroits différents.

Santé Canada devra approuver le vaccin avant le lancement de la campagne, qui commencera au début du mois de novembre, prévoit David Butler-Jones. À la mi-octobre, le gouvernement fédéral devrait avoir reçu entre sept et 10 millions de doses. La production se fait au rythme de 3,5 millions de doses par semaine.

Une seule injection pourrait être suffisante, selon les premiers résultats d'essais cliniques menés par GlaxoSmithKline en Europe.

«Nous espérons que les Canadiens vont retrousser leurs manches et recevoir le vaccin, une procédure simple qui peut réellement faire une différence», a dit le Dr Butler-Jones.

Par ailleurs, l'activité grippale est demeurée «relativement basse» cette semaine. Deux Canadiens sont morts, portant le bilan des victimes à 76 depuis l'éclosion du virus, en avril.

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OTTAWA ENVOIE DES SACS À CADAVRES À DES RÉSERVES DU MANITOBA

Santé Canada a envoyé des sacs mortuaires à des communautés autochtones du Manitoba dans le cadre des mesures de prévention contre la grippe A (H1N1). La ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, a demandé à son sous-ministre d'enquêter. Des réserves du nord de la province ont reçu des dizaines de sacs à cadavres, livrés en même temps que du désinfectant et des masques. C'est Santé Canada qui a envoyé ce matériel en vue d'une deuxième éclosion du virus, a indiqué le grand chef David Harper. L'affaire a suscité l'indignation des chefs autochtones du Manitoba et de nombreuses questions. «Je me demande si les responsables de la Santé savent des choses que nous ignorons», a dit David Harper, qui se dit «horrifié» par la situation. La ministre Aglukkaq, qui a ordonné une «enquête immédiate» dans ses services, affirme ignorer les circonstances de l'envoi. «Présentement, je me pose les mêmes questions que vous», a-telle dit. Les réserves du Manitoba ont été frappées durement lors de l'éclosion de la grippe au printemps, avec un taux d'infection 20 fois plus élevé que la population générale, selon les données des autorités locales.