Le bilan de la grippe porcine s'alourdit chaque jour pour atteindre désormais plus de 7500 cas de par le monde et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé vendredi s'attendre à l'apparition de nouveaux foyers autonomes de transmission du virus A (H1N1).

«Nous nous attendons à ce que cette tendance de propagation internationale continue», a expliqué la directrice de l'OMS, Margaret Chan lors d'une réunion prévue de longue date sur la préparation des pays aux pandémies de grippe.

«Aujourd'hui, nous savons que le virus a un fort potentiel pandémique», a insisté le Dr Chan faisant valoir que cette nouvelle souche d'un genre inédit avait «démontré sa capacité à se transmettre facilement d'une personne à une autre (...) et à se propager sur une large étendue», «rapidement».

Ces éléments font planer sur la période actuelle «une grande incertitude et de grandes pressions sur les gouvernements, les ministres de la santé et l'Organisation mondiale de la santé», a-t-elle convenu.

Alors que la maladie semble refluer au Mexique, son foyer d'origine, le numéro deux de l'OMS, le Dr Keiji Fukuda avait déjà fait monter la tension vendredi matin en annonçant un dernier bilan en progression de plus de 1000 cas par rapport à la veille.

Selon l'OMS, le virus de grippe porcine qui contient également des souches d'origine aviaire et humaine, a touché 7520 personnes dans 34 pays, faisant parmi elles 35 morts.

Les Etats-Unis ont vu leur bilan s'alourdir nettement, atteignant les 4298 cas dont trois mortels tandis que le Mexique dénombre 2.446 personnes atteintes dont 60 décès. Quant au Canada, il a répertorié 449 cas pour un mortel.

Cette progression fait surtout craindre une propagation plus large de la maladie, qui, pour l'instant, ne se transmet de manière autonome que sur le continent américain.

«Le travail (des laboratoires) indique que le virus est transmissible d'une manière telle que nous nous attendons à une poursuite de la propagation de l'épidémie au niveau communautaire et régional», a encore prévenu le Dr Keiji Fukuda.

Or, l'OMS guette depuis le 29 avril, date du déclenchement de sa phase 5 d'alerte pandémique, des signes de transmission autonome dans une nouvelle région du monde. Car une telle situation justifierait le passage au sixième et dernier niveau d'alerte, signifiant l'arrivée de la première grande pandémie grippale du 21ème siècle.

Jusqu'à présent, l'Organisation a considéré que les cas répertoriés en Europe, le deuxième continent le plus touché, restent liés à des voyageurs revenant des zones atteintes. Mais la situation ne cesse d'évoluer, rappelle quotidiennement l'OMS.

En tout état de cause, l'organisation table désormais sur un problème de longue durée.

«Il est encore raisonnable de s'attendre à ce qu'à ce rythme, nous ayons une longue période d'activité (du virus, ndlr)», a ajouté M. Fukuda, tablant également sur «des périodes d'activité intense».

«Le comportement du virus change de fait suivant que l'hiver se situe dans une région ou une autre du monde», a-t-il mis en avant. La saison hivernale commence à présent dans l'hémisphère sud.

Le virus A(H1N1) sera au coeur de l'Assemblée annuelle des 193 Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s'ouvre lundi à Genève et dont la durée a été réduite de moitié pour permettre aux gouvernements de se consacrer à la menace de pandémie.