Les mesures restrictives pour lutter contre la grippe porcine étaient progressivement levées jeudi au Mexique, en Chine et ailleurs, mais les autorités sanitaires mondiales ont appelé à ne pas baisser la garde face à une résurgence possible du virus.

Le numéro deux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Keiji Fukuda, a jugé que «selon une estimation raisonnable, un tiers de la population (mondiale) serait contaminé» en cas de pandémie de grippe porcine.

Dans ces conditions, même si la maladie était peu virulente, le nombre de personnes qui présenteraient des complications et décéderaient serait très important, a expliqué le Dr Fukuda.

«Dans le passé, lors des pandémies, environ un tiers de la population (mondiale) a été contaminé. Mais nous vivons aujourd'hui dans un monde différent. Il est prématuré de faire des pronostics», a-t-il cependant tempéré.

Malgré l'annonce de décès supplémentaires, le Mexique, qui déplore 44 morts et plus de 1.100 malades de la grippe porcine, commençait à tourner la page.

Après les commerces, restaurants et sites archéologiques la veille, les établissements scolaires ont rouvert progressivement jeudi à Mexico, tout comme les musées, cinémas, théâtres, bars et discothèques de la capitale.

La Chine a levé certaines mesures de quarantaine contre des personnes soupçonnées d'être contaminées, tandis que la Russie levait l'interdiction d'importer du porc de cinq Etats américains, tout en la maintenant pour huit autres, le Mexique, l'Espagne et la Grande-Bretagne.

L'OMS a appelé à «maintenir l'état d'alerte et la surveillance» du virus, alors que la mobilisation pour préparer un vaccin contre la nouvelle grippe a produit ses premiers résultats, avec le premier séquençage du génome du virus A H1N1 au Canada.

M. Fukuda a confirmé que le virus était plus bénin que celui qui avait provoqué la pandémie de grippe espagnole en 1918, mais a averti qu'il pourrait suivre la même évolution et devenir plus virulent plus tard cette année.

 La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a elle aussi estimé qu'il était «trop tôt pour crier victoire».

Néanmoins, ont estimé des scientifiques, la flambée actuelle de grippe A(H1N1) pourrait assurer aux personnes contaminées une forme d'immunité protectrice, au cas où le virus réapparaîtrait sous une forme plus virulente, dans une seconde vague pandémique.

L'OMS chiffre à 2.371 dans 24 pays le nombre de cas confirmés de grippe porcine, qui a fait 44 morts au total, selon un bilan publié jeudi soir.

Avec deux nouveaux cas en Israël, la contagion se poursuit. Les autorités américaines comptabilisaient jeudi 896 cas confirmés de grippe A(H1N1), soit 254 cas de plus que la veille.

Au Canada, le nombre de cas confirmés a passé la barre des 200 mercredi, atteignant 214. La Pologne est devenue le 24e pays contaminé.

Mercredi, le Canada avait annoncé avoir réalisé le premier séquençage du génome du virus, qui pourrait aider à la mise au point d'un vaccin.

 Aux Etats-Unis, où la grippe porcine a fait deux morts, un responsable des Instituts de la santé (NIH) avait annoncé que de premiers pas avaient été franchis pour la mise au point d'un vaccin.

La FDA, l'agence américaine des médicaments, a autorisé le groupe pharmaceutique français Sanofi-Pasteur à produire aux Etats-Unis des vaccins anti-grippe, pour accroître les capacités de production.

Pékin a défendu jeudi les mesures de quarantaine prises pour empêcher l'épidémie, critiquées notamment par le Mexique, estimant qu'elles étaient nécessaires pour éviter des «conséquences catastrophiques», et sa propagation en Asie.

Le gouvernement haïtien a de son côté retardé l'arrivée en Haïti d'un navire mexicain qui devait apporter de l'aide humanitaire à ce pays dont l'agriculture a été dévastée par des tempêtes tropicales.